lundi 15 décembre 2014

Hué

Nous mettons près de 4h30 pour rejoindre Hué, située à seulement 180 km de là.
Comme vous pouvez le constater cela prend beaucoup de temps pour se déplacer au Vietnam. Cela nous change beaucoup de l'Amérique du Sud, où nous avions l'habitude des bus et d'avaler les kilomètres pour nous retrouver à l'autre bout du pays. Ici, on fait des sauts de puce mais à la vitesse de l'escargot. Il y a beaucoup de routes en mauvais état avec énormément de nids de poule par endroit.

Il fait assez beau lorsque nous arrivons à Hué en début d'après-midi. 
Nous décidons de manger sur le pouce avant d'aller profiter du beau temps pour se balader. Nous faisons à cette occasion une nouvelle découverte culinaire, le bun thit nuong (un bol de nouilles de riz froides servies avec encore plein d'herbes fraîches, un morceau de porc mariné à la citronnelle, grillé et parsemé de sésame, le tout servi avec une sauce cacahuète). C'est vraiment à tomber par terre ! On aimerait beaucoup pouvoir retrouver ce plat en France, car il devient très vite addictif et puis histoire de
vous le faire goûter.


Nous marchons ensuite jusqu'au quartier de la citadelle que nous visiterons demain car l'heure est déjà bien avancée et cela ferme tôt, donc nous voulons disposer de tout notre temps pour la visiter.
La citadelle, véritable symbole de la ville de Hué, est située sur la rive nord de la rivière des Parfums, ses remparts courent sur plus de 10 km de long et les douves sont toujours présentes. On accède ainsi à l'intérieur de cette ville dans la ville en empruntant des portes fortifiées reliées chacune par un petit pont pour franchir les douves.

L'une des portes fortifiées de la citadelle
Douves entre la citadelle et la cité impériale

La ville de Hué est classée au patrimoine mondiale de l'Unesco car elle abrite la capitale des empereurs Nguyên.
C'est en effet en 1802 que l'empereur Gia Long, fondateur de la dynastie des Nguyên, déplaça la capitale de Hanoi à Hué dans le but d'unir le nord et le sud du pays, et ordonna l'édification de la citadelle. La cité prospérait mais ceux qui la gouvernaient devaient lutter contre l'influence croissante de la France.
Aujourd'hui, il ne subsiste que 20 bâtiments sur les 148 que comptaient la citadelle, son enceinte ayant subi des bombardements intensifs durant les guerres d'Indochine et du Vietnam, y compris de la part des Viêt-Congs.

Nous nous arrêtons devant une très jolie porte de l'enceinte impériale avant de retourner sur l'autre rive. 

Porte de l'enceinte impériale

Puis, nous faisons un crochet par le Collège national avant de rentrer à notre hôtel. Fondé en 1896, le collège national est l'un des établissements secondaires les plus prestigieux du Vietnam. Il admet des élèves de 16 à 18 ans, qui sont soumis à un examen d'entrée réputé très difficile. Plusieurs personnalités du nord ou du sud Vietnam y furent admis avant de faire carrière (le général Vo Nguyên Giap qui s'illustra dans la victoire de Dien Bien Phu, Pham Van Dông qui fût 1er ministre nord vietnamien pendant plus de 25 ans, Do Muoi ancien secrétaire général du parti communiste et 1er ministre, et Ho Chi Minh qui y passa brièvement en 1908). C'est un immense campus à l'anglaise. Nous ne pourrons en revanche visiter l'intérieur car nous sommes dimanche.
Comme annoncé, la pluie est arrivée, nous rentrons donc à l'hôtel sous une averse et très peu de temps après notre retour, ce sont des trombes d'eau qui tombent. Heureusement, nous sommes à l'abri.

Nous sortons pour dîner quand nous croisons Kévin et Délina dans le hall de l'hôtel, nous n'avons pas fait exprès, mais nous avons choisi le même établissement par hasard. Ils repartent dès le lendemain matin pour Hoi An.
Ce soir, nous faisons une infidélité à la cuisine vietnamienne en allant manger indien (nous restons tout de même dans la gastronomie du continent asiatique).

Le lendemain, au programme du jour c'est visite de la citadelle. La matinée est encore bien pluvieuse, nous attendons le tout début d'après-midi pour nous lancer car ils annoncent une petite amélioration (enfin au moins la fin des trombes d'eau). Donc ça sera quand même visite sous la pluie.
Nous franchissons une nouvelle porte et son petit pont pour nous retrouver proche de la tour du drapeau, celle-ci domine la citadelle et avec ses 37 mètres, elle constitue le mât aux couleurs du Vietnam le plus élevé du pays.

La tour du drapeau

Elle est située face à l'entrée principale de l'enceinte impériale, la porte Ngo Mon (= porte du midi) qui était autrefois exclusivement réservée à l'usage de l'empereur.
Cette porte, comme une grande partie de la citadelle, est actuellement en cours de restauration voir même de reconstruction, donc nous ne pouvons voir le belvédère des Cinq Phénix (Ngu Phung) qui la domine et où l'empereur faisait ses apparitions en public lors des grandes occasions.

Porte Ngo Mon

...voilà à quoi cela devrait ressembler à l'issue des travaux
                                        
C'est par cette porte que nous pénétrons au coeur de la citadelle impériale. 
Le premier bâtiment qui nous fait face est le Palais Thai Hoa (Palais de l'Harmonie Suprême), c'est une vaste salle surmontée d'un toit de madriers et supporté par 80 colonnes sculptées et laquées (malheureusement les photos sont interdites). Il servait à accueillir les réceptions officielles et les cérémonies impériales, où l'empereur dominait sur son trône surélevé au coeur de la pièce.

Esplanade et portique devant le Palais Thai Hoa
Palais Thai Hoa


En sortant de celui-ci, de part et d'autre de la cour se situent les deux Maisons des Mandarins, qui leurs servaient de bureaux et de vestiaires.
Les Mandarins étaient des hauts fonctionnaires de la cour impériale, recrutés au mérite intellectuel et littéraire selon une sélection très rigoureuse.
La maison de gauche a été aménagée pour se faire prendre en photo en costume impérial sur le trône (si vous payez bien sûr).
La maison de droite retrace la dynastie des Nguyêns, jusqu'au dernier empereur Bao Dai.
On constate finalement que la plupart des règnes furent assez courts, notamment les derniers empereurs qui accédaient au trône très jeunes, mais se faisaient régulièrement renverser afin d'être remplacé par un empereur plus docile, notamment vis-à-vis du protectorat français.
On apprend également le fonctionnement de la cour, les différents rangs et tenues s'y rapportant, la vie de la reine, des épouses et des concubines...


Maison des Mandarins

Après cette cour se situe les ruines du Palais Can Canh, dont les galeries latérales laquées de rouge ont été reconstruites.

Ruines du Palais Can Canh...

...et ses galeries

Après ces palais, nous entrons dans la Cité Pourpre Interdite (Tu Cam Tanh), une sorte de citadelle dans la citadelle. Presque entièrement détruite par les guerres, elle fût jadis une enceinte murée exclusivement réservée à l'usage personnel de l'empereur. Les seuls serviteurs autorisés étaient les eunuques.

En continuant sur notre droite, nous arrivons au Théâtre Royal. Celui-ci a été reconstruit sur ses anciennes fondations. Durant l'ère impériale, il accueillait des opéras classiques et des spectacles de danse et de musique en l'honneur de l'empereur et de ses hôtes.

Théâtre royal
intérieur du théâtre

Derrière le théâtre se situe la Salle de lecture de l'empereur, un magnifique édifice en bois sur deux étages, mais lui aussi est en cours de rénovation.  

Salle de lecture de l'empereur

Nous continuons à déambuler dans l'enceinte impériale au milieu des autres palais en ruines et des jardins avant de ressortir par la porte sud-ouest.





Nous décidons ensuite de nous rendre à la pagode nationale de Dieu De. Il s'agit de l'une des trois pagodes nationales de Hué, autrefois parrainées par l'empereur. Sous le gouvernement Diêm (1955-1963), cette pagode était le bastion de la révolte bouddhiste et estudiantine contre la guerre et le régime en place. En 1966, elle fût prise d'assaut par la police qui confisqua le matériel radio et arrêta nombre de bonzes, de laïcs et d'étudiants.
A l'intérieur, plusieurs jolies pagodes qui servent de salle de lecture, d'apprentissage, ou encore de lieu de prières aux bonzes.

Pagode Dieu De

Les jardins sont vraiment très agréables et possèdent également une jolie collection de bonzaïs ainsi qu'une magnifique serre d'orchidées.


les jardins de la pagode



Sur ce, nous achevons nos visites de la journée et retournons à notre hôtel.
Pour le dîner, nous avons repéré le restaurant de M. Cu (ça se prononce "Cou") qui, fan de photographie, expose ses clichés du Vietnam aux mûrs de son restaurant mais à également quelques photos dans une galerie de Cahors. Et petite particularité, ses hôtes repartent même avec des cartes postales de certains de ses clichés. Une attention que nous avons particulièrement appréciée. De plus, la cuisine est vraiment d'un très bon rapport qualité/prix. Encore une petite adresse très sympa, en résumé.

Le lendemain nous souhaitons aller visiter les tombeaux des empereurs et pour cela nous louons un scooter afin d'être libres de nos mouvements.
Ces tombeaux de la dynastie des Nguyêns, ayant régnés de 1802 à 1945, sont de somptueux mausolées disséminés dans la région entre 2 km et 12 km au sud de Hué. 
La quasi-totalité de ces mausolées furent érigés par les empereurs de leur vivant, certains leur ayant même servis de résidence.

Nous commençons donc par le plus éloigné, celui de l'empereur Minh Mang (1820-1840), réputé pour être le plus majestueux de tous, et pour son cadre sylvestre.
Nous débutons la visite par la cour d'honneur, composée de statues d'éléphants impériaux, de chevaux et de Mandarins civils et militaires.

Cour d'honneur du tombeau de Minh Mang


Trois escaliers de granit permettent ensuite d'atteindre le pavillon de la stèle, une stèle de marbre qui retrace la vie et les exploits de l'empereur, gravée en caractères chinois (l'écriture latine, quôc ngũ, n'ayant été officiellement adoptée que bien plus tard, en 1919).
Pavillon de la stèle

Nous passons ensuite la porte Hien Duc, qui mène au temple Sung An consacré à Minh Mang et à l'impératrice.
De l'autre côté du temple, plusieurs ponts successifs mènent au pavillon de la lumière (Minh Lau), puis au tombeau qui n'est ouvert qu'une fois par an, à la date anniversaire du décès de l'empereur.


Porte Hien Duc
Temple Sung An
Pavillon de la lumière

Direction ensuite, le tombeau de Khai Dinh, qui régna de 1916 à 1925 et fût l'avant-dernier empereur du Vietnam, considéré par les nationalistes comme la marionnette des Français.
La construction de ce tombeau pris 11 ans.
Si le début rappelle le style sud-est asiatique, la partie haute, qui s'est voulue être un mélange de culture vietnamienne et européenne est composée d'une multitude de mosaïques et de verreries extravagantes de toutes les couleurs, où nous ne savons plus où nous devons poser nos yeux (ça en fait presque mal à la tête).
Néanmoins, la visite est intéressante et la première partie à notre goût, le style rococo de la deuxième beaucoup moins.

Première partie du tombeau


Intérieur du tombeau (attention les yeux !)


Nous terminons la visite des mausolées, par celui de Tu Duc, qui fût érigé entre 1964 et 1967. L'empereur Tu Duc vécut également dans ce monument qu'il dessina lui même et lui servit de résidence secondaire. 
C'est le plus grand des trois que nous visitons même si nous retrouvons des éléments communs, lac, cour d'honneur, pavillons...
Cet empereur avait la réputation d'avoir mené une vie luxueuse et débridée. Mais malgré ses 104 épouses et innombrables concubines, il ne laissa aucune descendance.
Près de l'entrée se situe le pavillon Xung Khiem où l'empereur venait composer et réciter des poèmes, accompagné de ses concubines.
Il est suivi du temple Hoa Khiem, consacré au culte de l'empereur et à son épouse, Hoang Lê Thiên Anh, l'impératrice.


Encore derrière est situé le temple Luong Khiem, consacré à Tu Du, sa mère, qui y résida de façon permanente à la mort de Tu Duc.
Nous longeons ensuite l'étang jusqu'à la cour d'honneur avec ses statues traditionnelles, suivie du pavillon de la stèle.


Pavillon de la stèle
...et la stèle

Il faut ensuite traverser un petit pont pour rejoindre les tombeaux impériaux, celui de Tu Duc et de son épouse.
Chacun d'eux est d'une architecture très sobre et disposé au milieu d'une cour encerclé d'un mûr d'enceintes de forme carrée. L'idée était que si la vie était riche et compliquée, la mort était simple et épurée.

Tombeau
Il semblerait que l'empereur ne soit pas enterré là et le lieu de sa sépulture reste secret. Pour éviter que sa tombe ne soit pillée, les 200 serviteurs chargés de ses funérailles furent apparemment décapités.


Nous retournons ensuite à Hué afin de visiter la Pagode Thien Mu, bâtie en 1844 sous le règne de Thiêu Tri. 
Après avoir gravi une volée de marches, nous nous trouvons face à la tour Thap Phuoc Duyen de 7 étages et 21 mètres de haut. Chaque étage est dédié au bouddha et le dernier représente le Nirvana.

Tour Thap Phuoc Duyen
Puis c'est à nouveau une succession de pavillons avant d'accéder au temple.
Il est 16h et c'est l'heure de la prière, donc nous assistons aux chants des bonzes qui psalmodient. Encore une expérience intéressante.

Porte menant au temple
Les bonzes lors de la prière

Et voilà pour cette journée encore bien chargée. Demain nous partons pour Hoi An, ville qui a la réputation d'être la plus charmante du Vietnam.

Tam biêt !

2 commentaires:

  1. bonsoir à vous, encore merci, vous lire et observer vos photos sont un profond et passionnant plaisir, avec une impression parfois de vous accompagner (surtout au Vietnam où la pluie n'était pas là quand j'y suis allée...)....et de déguster ensemble le porc à la citronnelle...et autres soupes indéfinissables mais si parfumées. Marie Hélène

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  2. Encore de bien belles visites. Les bonzes ne semblent pas troublés par vous !!...
    On apprend plein de choses et les photos sont toujours superbes.
    Merci merci de nous gâter et de nous permettre de nous y croire.
    je vous embrasse fort.
    Annie

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