jeudi 18 décembre 2014

Hoï An

Nous arrivons donc à Hoï An, petite ville de 100 000 habitants pleine de charme. 
Entre le IIème et le Xème siècle, la ville fut un important port maritime de l'Empire Champa. Puis, après une période de chaos, le commerce repris du XVème au XIXème siècle. La ville attira alors de nombreux marchands de tous les horizons : Chinois et Japonais, Indiens, Philippins et Thaïlandais mais aussi Hollandais, Britanniques, Français et même des Américains. 
Au printemps, les navires japonais et chinois bénéficiaient des vents de mousson pour rejoindre la cité. Les marchands séjournaient dans leur résidence de Hoï An jusqu'à l'été. Ces résidences leur servaient également d'entrepôt. Durant l'été, ils profitaient des vents du sud pour regagner leur pays. 
A la fin du XIXème siècle, l'envasement du fleuve Cai, qui relie la cité à la mer, gêne la navigation et le commerce se déplace alors plus au nord, à Danang. 

Après avoir trouvé un hôtel pas trop cher et très confortable, nous profitons du beau temps (devenu un peu rare depuis quelques temps !) pour aller nous promener. La rue de l'hôtel est bordée de nombreux tailleurs. En effet, Hoï An s'est spécialisé dans la confection de vêtements sur-mesure. On vous rassure, Sylvain n'a pas craqué pour un costume, mais il parait que l'on en trouve très bonne qualité pour moins de 80 €.

Nous commençons la visite de la ville par une adresse recommandée par le guide pour déjeuner ;-) Si les conseils du Lonely Planet ne sont pas toujours excellents, on a toute fois bien fait de les suivre pour ce restaurant, le Mermaid.


Les marmottes se sont régalées !
C'est peut-être le meilleur que nous ayons fait au Vietnam et pourtant, on commence à en avoir fait de nombreux très bons. Nous y sommes allés 3 fois, avons à chaque fois goûté des plats différents et tous nous ont régalé. C'est légèrement plus cher que dans la rue mais un peu plus raffiné. 
Pour vous donner l'eau à la bouche, voici quelques plats essayés : salade de papaye verte au boeuf, salade de mangue aux crevettes, rouleaux de printemps, hot pot au poulet (genre de barbecue coréen) et un cao lau, plat typique de Hoï An composé de boeuf séché avec des pousses de soja, des vermicelles de riz accompagnés de sésame et de citronnelle. 

Après cet intermède gastronomique, nous partons à la découverte de la ville. 
Le centre-ville est piéton ce qui est très agréable, nous ne sommes pas obligés de faire attention à tout moment aux innombrables deux-roues qui submergent les routes. On flâne au milieu des maisons de négociants, toutes plus belles les unes que les autres. La majorité de ces vieilles bâtisses ont été réhabilitées en magasins ou en restaurants mais leur aspect extérieur a été conservé.



Bien que la cité soit désormais très touristique, elle a toutefois gardé une ambiance et un charme indéniables. La ville étant classée depuis 1999 au patrimoine mondial de l'UNESCO, les règles en matière d'architecture sont très strictes. 
Certaines demeures appartiennent encore aux familles des négociants et peuvent être visitées, même si les familles vivent toujours là. 

Nous commençons par nous rendre à la Maison commune de la congrégation chinoise de Hainan construite en 1851. Cette maison est dédiée à la mémoire de 108 marchands accusés à tort de piraterie et exécutés. Sur les estrades, on observe des plaques commémoratives, une pour chaque marchand.



On y retrouve également une cloche et un tambour, des instruments présents dans presque tous les lieux sacrés.



Un peu plus loin, nous rejoignons la rive du fleuve Thu Bon, encombrée de nombreuses embarcations dont un grand nombre de petites barques où des rameuses nous proposent une promenade. 




Nous découvrons l'emblème de la ville, le pont couvert japonais. Il est également imprimé sur les billets de 20 000 dongs.




C'est la communauté marchande japonaise de Hoï An qui l'a construit en 1593 pour relier le quartier japonais au quartier Chinois, situé sur l'autre rive. Très résistant, il a été conçu pour résister aux tremblements de terre et a gardé son aspect original. Des statues gardent les entrées du pont : deux singes à un bout et deux chiens à l'autre. On pense que la construction du pont a été commencée une année du singe et terminée une année du chien selon l'horoscope chinois. 

De l'autre côté de la rive, encore de nombreuses boutiques mais aussi des lampions de toutes les couleurs ornent la rue principale, c'est vraiment très joli.



Nous achetons ensuite un billet touristique qui permet l'accès à 5 maisons, temples ou musées de la ville, de notre choix.

Pour notre première visite, nous choisissons la maison Tan Ky, construite il y a deux siècles par un marchand vietnamien. C'est la plus ancienne maison de Hoï An encore debout. Elle est occupée depuis 7 générations par la même famille et est remarquablement conservée. Le mélange entre l'architecture chinoise, japonaise et vietnamienne est étonnant. On retrouve cette mixité dans toutes les anciennes bâtisses de la ville que nous visiterons. 
L'architecture japonaise se retrouve surtout sur les 3 madriers de la toiture surmontés par 5 piliers. Ces cinq piliers représente à la fois les 5 doigts de la main mais aussi les 5 éléments : le feu, la terre, l'eau, le bois et le métal.


Sur certaines colonnes sont disposés des poèmes chinois disposés sur des panneaux laqués et incrustés de nacre, si l'on y regarde de plus près, on s'aperçoit que les signes chinois sont composés uniquement d'oiseaux.


Le toit couvert de tuiles et le plafond en bois sont typiques de la construction vietnamienne et permettent de garder la fraîcheur en été et la chaleur en hiver. 

La cours centrale a plusieurs fonctions : c'est un puits de lumière, elle permet à l'air de circuler, d'avoir un peu de végétation dans la maison et de recueillir les eaux de pluie.



Après avoir jeté un coup d'oeil à la chambre assez rudimentaire, nous arrivons à l'arrière de la maison donnant sur le fleuve. Sur un mur a été posée une série de marques montrant le niveau de l'eau lors des différentes inondations, fréquentes aux mois de novembre-décembre. Bien qu'en 2009, le fleuve en crue soit monté très haut, le triste record date de 1964, année où l'eau a atteint plus de 2,40 mètres dans la maison, quasiment jusqu'au plafond du premier étage.


Heureusement, ces maisons sont toutes construites sur 2 étages et une trappe avec un système de poulies permet de monter les meubles à l'étage lors des inondations. 
Dans une vitrine, il y a une tasse un peu particulière, dédiée à Confucius. Si l'on remplit entièrement celle-ci, ou pas assez, la petite statue se soulève et le liquide s'écoule par un trou sous la tasse. Il faut que la tasse ne soit remplie à 80% pour que liquide ne s'écoule. Cette tasse symbolise 2 precepts du confucianisme, la modération ; mais aussi la générosité vis-à-vis de ses hôtes.


Après cette visite passionnante, un spectacle quotidien se joue sur la rive du fleuve. Des bacs permettent aux gens de traverser avec leur moto, leur vélo ou à pied. La frénésie à l'embarquement et la quantité de personnes entassée sur chaque bac est incroyable !





Nous entrons ensuite dans la chapelle de la famille Tran. Construite en 1802 par l'un des membres de la famille devenu mandarin et ambassadeur de Chine, elle est dédiée au culte des ancêtres. Là encore, l'architecture est mixte et pour nous souhaiter la bienvenue, on nous offre une tasse de thé ou un gâteau. 
Une guide nous accompagne pour nous expliquer l'histoire du lieu. Dans chaque lieu visité, l'explication est en français mais la guide ne fait souvent que réciter un texte appris par coeur. 
La porte principale n'est ouverte qu'à l'occasion de la fête du Têt et de l'anniversaire de la mort du principal ancêtre. Sur l'autel central, des coffrets en bois renferment les tablettes portant le nom des ancêtres. Si deux coffrets sont de la même couleur et avec le même signe chinois gravés dessus, il s'agit d'un époux et de sa femme.


Pour le dîner, alléchés par les odeurs de la rue, nous nous installons sur une petite table sur un trottoir afin de déguster de délicieuses brochettes. En guise de pique à brochette, c'est un baguette en bois fendue en deux qui est utilisée pour maintenir la viande. Afin de les manger, on nous apporte deux sortes feuilles de riz, des gluantes et des sèches. En observant nos voisins, on comprend comment cela se mange. Il faut d'abord poser une feuille de riz gluante dans une feuille de riz sèche, la remplir de verdure (salade, menthe, coriandre, citronnelle...), y déposer la viande puis rouler le tout. On peut ensuite tremper le rouleau dans une sauce à la cacahuète et au sésame. C'est extraordinaire, la viande est très bien marinée et dorée, c'est un délice. Après 15 petites brochettes chacun, nous n'aurons aucun mal à trouver le sommeil ! 


Le lendemain, réveil brutal à 5 heures du matin avec la radio gouvernementale qui chante juste sous les fenêtres de notre hôtel. Cela ne dure qu'une heure mais ce n'est pas super agréable... 

Le temps s'est largement détérioré et il pleut sans discontinuer. Malgré tout, nous décidons de louer un scooter pour aller visiter le site archéologique de My Son, situé à 55 km de là. Nous avons un peu de peine à trouver notre chemin mais heureusement, les gens nous aident régulièrement par leurs indications. A une vingtaine de kilomètres du site, la direction est enfin indiquée mais la pluie redouble... Nous arrivons finalement, absolument trempées mais la bonne nouvelle, c'est qu'il ne fait pas froid. 

La visite commence par un petit musée en deux parties. La première présente les différentes fouilles menées sur le site, la seconde présente de façon plus générale les vestiges les plus importants du royaume de Champa, centre culturel et politique. Les ruines sont situées au milieu d'une vallée verdoyante, au pied de la montagne Hon Quap (la dent de chat). 
Le site a été redécouvert par l'archéologue Henri Parmentier à la fin du XIXème siècle. C'était un lieu de sépulture pour les monarques Cham. Des 68 structures que le scientifique découvrit, il n'en reste aujourd'hui qu'une vingtaine, le reste ayant été détruit par les bombes américaines. Aujourd'hui et grâce au soutien de l'UNESCO, le site est protégé et une partie est restaurée. 

C'est sous le règne du roi Bhadravarman au IVème siècle que My Son devient un centre religieux de premier ordre. La cité fut habitée jusqu'au XIIIème siècle, ce qui en fait le lieu le plus longtemps habité du sud-est asiatique. La plupart des temples sont dédiés aux empereurs et à la déesse Shiva. Les constructions sont faites en brique et, une fois le bâtiment terminé, il était ensuite sculpté. Les sommets des tours ont été dépouillés de l'or qui les décorait. 

Chaque complexe a reçu une lettre pour l'identifier. Nous commençons la visite (toujours sous la pluie) par les groupes B, C et D qui sont côte à côte. C'est l'endroit le plus spectaculaire du site. Chaque façade des murs est richement décorée, l'état de conservation est bon et permet d'admirer la finesse des sculptures.



Nous pouvons rentrer dans certains bâtiments où des gravures, statues, tympans... sont exposés.



Cela permet également de s'abriter un peu de la pluie et de pouvoir sortir l'appareil photo !  L'avantage est que nous sommes absolument tout seuls, cela crée une drôle d'ambiance, perdus au milieu des ruines avec ce ciel si bas. 




Nous allons ensuite sur le groupe A où le principal bâtiment de My Son n'est plus qu'un amas de briques. Celui-ci n'a pas résisté à une attaque de GI's héliportés.... Les autres groupes sont également dans un triste état... mais les plus anciens commencent à être restaurés ou tout simplement remontés.



Les reliefs ne sont pas naturels, ce sont des cratères de bombes...
Avant de ressortir, nous faisons à nouveau le tour des groupes B, C et D qui nous ont tant plu. Nous profitons d'une relative accalmie de la pluie pour sortir l'appareil photo et faire quelques petits films. 




A la sortie, nous assistons à un spectacle de danse qui se veut de style Cham pour touristes. On s'attarde quelques instants même si l'on espère voir plus intéressant sur la suite de notre périple.


De nouveau sur notre bécane, nous reprenons la route de Hoï An mais nous allons mettre beaucoup de temps car la direction n'est pas indiquée. La pluie a redoublé d'intensité et le retour nous semble bien long.

Pour nous remettre de nos aventures, nous allons nous remplir la panse de pleins de bonnes choses dans notre restaurant préféré. Nous parcourons ensuite les ruelles du centre, éclairées par des lampions de toutes les couleurs. Même les quelques bars à touristes d'où une mauvaise techno s'échappe, n'arrivent pas à rompre le charme de l'endroit. 

Le lendemain, nous optons pour une journée de repos afin de nous remettre de nos émotions de la veille, d'autant que le temps s'est encore dégradé. En plus de la pluie très forte, le vent s'est mêlé à la partie. On entend des gens dire que nous ramassons la fin du typhon qui a frappé les Philippines.

Le soir, nous profitons du seul moment où il ne pleut pas trop pour aller prendre quelques photos de la ville illuminée par les lampions.






Pour notre dernier jour à Hoï An, nous profitons de la matinée pour visiter 3 sites accessibles avec nos billets. 

Le premier lieu est la Maison commune de la congrégation chinoise de Fujian. Elle servit dans un premier temps à accueillir les réunions de la congrégation puis fut reconvertie en temple dédié à Thien Hau, divinité de la province de Fujian. 
La porte à trois arches est récente car elle n'a construite qu'en 1975.


On retrouve ici les nombreux serpentins d'encens auxquels sont accrochés des souhaits. Un serpentin met environ une semaine à se consumer entièrement.



Deux jolies fontaines représentant des dragons ornent les couloirs du temple. 


La seconde visite est un atelier-musée d'artisanat. On y retrouve pleins d'objets relatifs au tissage, à la pêche, à l'agriculture, à la poterie... Une femme est en train de tisser de la soie.



Les cocons trempent dans une grande marmite d'eau chaude et plusieurs sont déroulés en même temps pour former un fil unique. Plus les cocons sont trempés dans des bains d'eau chaude successifs, plus le tissu sera fin et de bonne qualité. Les plus belles soies subissent trois "trempages". 
Pour différencier de la soie véritable d'un textile synthétique, il faut la brûler. Si le tissu fond ou à une odeur de papier brûlé, ce n'est pas de la soie véritable. Il faut que cela sente le cheveu brûlé et laisse de la cendre sur les doigts. Bon, après, pas forcément toujours évident de brûler le vêtement que l'on veut acheter pour connaître la qualité du textile... 

Notre dernière visite sera la maison Phung Hung. Elle possède un très bel autel suspendu (typiquement chinois) dédié aux ancêtres et, au pied de l'autel, se trouvent trois génies : celui de la sagesse, celui de la prospérité et celui de la longévité.



La pluie continue a tombé et pour se réconforter, nous avons décidé pour cet après-midi de nous offrir un petit massage. Elise opte pour le massage avec des pierres chaudes et Sylvain pour un massage thaïlandais. Nous patientons dans le hall avec du très bon thé au gingembre puis on nous apporte une bassine d'eau chaude avec pleins d'herbes et du citron vert pour se tremper les pieds. Des femmes viennent ensuite nous les laver, c'est très agréable et c'est vrai que c'est plutôt rare depuis le départ de notre voyage d'avoir des pieds qui sentent bons ! 

Ensuite, nous montons à l'étage et avons une pièce pour nous deux avec tables de massage, lumière tamisée, odeur agréable et musique relaxante. Une fois changés, le massage commence. Si les deux masseuses sont fines et pas très grandes, elles ne manquent cependant pas de force ! Le massage est tonique et les pierres d'Elise très chaudes mais cela reste vraiment agréable. Elles partent des pieds puis remontent le corps pour finir par la tête. Après une heure de massage, il est temps d'aller à l'hôtel pour récupérer nos affaires et prendre la navette pour la gare routière. 

En effet, nous prenons un bus pour Ho Chi Minh Ville le soir même.  Nous voulions aller au marché pour avoir quelques fruits pour la route mais nous sommes juste au niveau du timing. Nous demandons successivement à 3 taxis de nous emmener à l'hôtel mais ceux-ci refusent car il est trop près... Du coup, on cavale sous la pluie pour ne pas rater le mini-bus. Une bonne montée d'adrénaline, le massage est déjà bien loin !
Trempés, nous arrivons finalement à l'hôtel avec 3 minutes de retard, 3 minutes de trop car le mini-bus est déjà passé. Il n'y a qu'un bus par jour pour Ho Chi Minh donc nous ne voulons pas le rater ! Le réceptionniste de l'hôtel nous appelle un taxi qui nous dépose à la gare routière. En se renseignant, nous apprenons que notre bus ne part pas de la gare mais d'un autre endroit. Deux hommes en moto nous y emmènent et nous arrivons à monter dans le bus. OUF ! 

Nous voilà donc en route pour Ho Chi Minh Ville. Le bus doit mettre 20h pour rejoindre la grande ville du sud, située à 1 000 km environ. Nous en mettrons finalement 26... avec un changement de bus à Nha Trang. C'était long et nous avons été bien secoués par moments à cause du mauvais état de la route et malgré les précautions du chauffeur, mais nous voilà désormais à destination. 

On nous avait dit que Hoï An était la ville la plus agréable du Vietnam. En tout cas, c'est de loin la ville la plus chouette que nous ayons visité depuis notre arrivée dans le pays. 

Tambiet

1 commentaire:

  1. Même sous la pluie (enfin surtout pour nous au sec) cette ville est bien agréable.
    Riche passé, présent coloré et lumineux, et si les marmottes se régalent, on peut leur faire confiance!! j'adore les 3 génies. Quand aux massages humm, .
    Merci encore. J’espère que vous avez fait un veux pour le retour du soleil.
    mille bisous.
    Annie

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