mercredi 24 décembre 2014

Ho Chi Minh Ville

Après un très long voyage de 26h, nous arrivons enfin à Ho Chi Minh Ville (HCMV en abrégé).
A peine sortis du bus, un taxi nous propose de nous emmener à notre hôtel. Mais au bout de quelques minutes à peine, nous nous rendons compte que le compteur tourne anormalement vite. Nous le signalons au chauffeur, qui s'exprimait en anglais jusque là, et nous répond tout à coup en vietnamien. Heureusement nous avions déjà pris des taxis au Vietnam, notamment à Hanoi, donc nous avons une idée des prix par rapport à la distance, et là il y a vraiment un problème. Nous lui demandons donc de s'arrêter immédiatement. Au moment de descendre, Sylvain a la présence d'esprit de récupérer les sacs avant de le payer. Et au moment de le payer, le taxi se risque à une nouvelle arnaque, nous ne lui devons que 80 000 dongs (soit 3€), pour une course qui en vaut 3 fois moins. N'ayant pas la monnaie, Elise lui tend un billet de 200 000 dongs, que celui-ci échange furtivement par un billet de 10 000 dongs et nous réclame à nouveau de l'argent, mais elle l'a vu faire et ne se démonte pas pour récupérer notre monnaie. Nous nous sommes faits déposés devant une file de taxis officiels, dont nous connaissons la compagnie cette fois. Après, c'est la première fois que cela nous arrive au Vietnam, mais cela semble être une pratique courante à Ho Chi Minh où il y a au moins 30% de faux-taxis (certains disent jusqu'à 80%, mais cela semble exagéré).
Heureusement cela n'arrive pas souvent, et puis nous avons réagi tout de suite, avant d'avoir à débourser une somme monstrueuse, comme ça aurait dû être le cas si on ne l'avait pas stoppé là. Après, quelques signes simples permettent d'identifier les vrais taxis, d'abord le nom de la compagnie (il y en a 2-3 officielles que l'on retrouve dans les grandes villes), ensuite la tenue des chauffeurs qui sont tous en chemisette et cravate unie de même couleur, le compteur est scellé à de multiples endroits, les tarifs, la licence du chauffeur et sa photo sont affichés sur le tableau de bord. Là, la voiture avait bien marquée taxi dessus, le panneau rétro-éclairé sur le toit avec le n° de téléphone de la compagnie, un compteur, mais celui-ci n'était pas scellé et aucune trace des tarifs... ce qui nous a mis la puce à l'oreille, puis le fait que le chauffer face mine de ne plus nous comprendre.
Donc, nous reprenons un vrai taxi cette fois, qui nous ramènera finalement près d'où nous venions au départ (l'autre avait s'en doute l'intention de nous offrir une bonne balade à travers toute la ville), pour seulement 25 000 dongs (1€). Notre conclusion c'est que le voyage forme l'expérience ! (et que notre malheureuse expérience pour passer du Pérou en Equateur nous a servi de leçon). Au moins cette fois nous ne nous sommes pas faits plumés. :-)
Nous déposons ensuite les sacs à l'hôtel et prenons une bonne douche avant de sortir manger. Nous trouvons un petit boui-boui qui fait des brochettes dans la rue et achetons de la mangue verte à une vendeuse ambulante en guise d'accompagnement (qui se déguste salée, acide et épicée).
La rue où nous sommes concentre les hôtels bon marché et de fait elle est très touristique, avec les côtés sombres que cela entraîne, les bars branchés à beuverie, la prostitution (des vieux dégoûtants qui se trimbalent avec des jeunes qui n'ont même pas l'air d'être majeures). Nous n'avions pas du tout perçu cela à Hanoi et cela nous laisse une impression désagréable et ne nous donne en tout cas pas l'envie de nous attarder dans cette ville qui est un énorme capharnaüm mêlant circulation, pollution et bruit.


Non ce n'est pas le départ d'une course de scooter, mais juste les gens au feu rouge

Le lendemain nous partons faire un petit tour dans la vieille ville qui rassemble aujourd'hui les boutiques de luxe et un tram y est en construction. Il s'agit de l'ancien quartier français et certains édifices sont intéressants, comme la maison du comité du peuple, l'opéra, la poste centrale ou encore l'église. Il y a également certains hôtels historiques de prestige, tel le Continental, qui, il faut l'avouer, est assez esthétique mais complètement hors de notre budget (nous nous contenterons donc de notre hôtel bruyant pour cette nuit).

Opéra
Eglise
Maison du peuple

Nous faisons un stop au marché de Ben Thanh pour déjeuner et acheter quelques fruits avant d'aller visiter le Musée des souvenirs de guerre. 
Dans l'enceinte extérieure du musée sont exposés d'anciens engins de combat américains (hélicoptère Chinook, chars amphibies, mitrailleuses en tout genre, pelleteuses reconverties à la destruction des cultures et de la forêt, avions de chasse, bombes et obus...).



Nous pénétrons ensuite à l'intérieur du musée, dont le rez-de-chaussée est complètement ouvert sur l'extérieur. Cet étage rassemble des documents de soutien du monde entier contre l'attaque du Vietnam par les Etats-Unis (textes, photos de manifestations, affiches...).


Une moitié du premier étage est dédiée aux images du conflit avec des photos de capture et torture de Viêt-congs ou d'attaque des populations civiles vietnamiennes, dont beaucoup de femmes, d'enfants ou de vieillards, certaines sont vraiment insoutenables ! D'autres le sont juste de par l'histoire qu'elles racontent, notamment l'une qui montre uniquement une petite citerne de récupération des eaux de pluie d'une maison, où un grand-père avait caché ses trois petits-fils de 4, 6 et 8 ans, qui malgré leur jeune âge furent massacrés. Cette citerne est également exposée dans le musée, il s'agit d'un don de l'unique survivante de ce village, qui n'était qu'une petite fille à cette époque et la soeur des trois garçons. Dans cette salle, il y a également une exposition des divers types de grenades ou mines utilisées (il y en avaient pléthore dont certaines abominablement inventives dans la cruauté).
L'autre moitié de l'étage présente des photos des victimes de l'agent orange (un désherbant surdosé produit notamment par Monsanto), une horreur ! Des adultes à la peau brûlée à vif et meurtrie, des enfants nés de parents ayant été exposés et qui ont de multiples handicaps moteurs ou mentaux (y compris du côté américain pour les soldats qui ont manipulé ces produits). Beaucoup de ces enfants ont un ou plusieurs membres qui ne s'est/se sont pas ou peu développé(s). Plus tous les cas de cancers que cela a entraîné, la pollution des eaux et des sols... Nous n'avons pas eu le courage de prendre de photos car cela avait un côté voyeur qui nous dérangeait beaucoup, nous préférons donc en témoigner simplement par écrit. L'agent orange est le plus connu, mais d'autres défoliants moins répandus, mais portant eux aussi un nom de couleur, ont été utilisés également. Il en fut répandu 80 millions de litres, notamment sur le sud Vietnam, touchant 3 à 4 millions de vietnamiens. C'est de loin la plus perfide et inhumaine des armes qui a été usitées. 
Le dernier étage est consacré pour moitié à des photos prises par des reporters de guerre de différentes nationalités (Américains, Vietnamiens, Français, Japonais...), dont le célèbre Robert Capa, qui comble de l'ironie fût l'une des nombreuses victimes des mines anti-personnelles au Vietnam. Certains clichés sont mondialement connus, comme celle de la petite fille courant nue suite à une attaque au napalm. 
Drôle et dur métier que celui de reporter de guerre !



Enfin la dernière salle revêt un caractère un peu plus militaire, mais finit sur des chiffres très parlant sur la quantité de bombes qui ont été larguées par les américains dans ce conflit (7 millions de tonnes), de loin le plus grand nombre dans l'histoire, soit deux fois plus que lors de la seconde guerre mondiale pour le côté des alliés... 
Pour donner également une autre idée de l'horreur du conflit, près d'un million de civils vietnamiens furent tués et certains villages furent rayés de la carte et leurs habitants massacrés, comme à My Lai, où 500 civils perdirent la vie. Depuis la fin de la guerre, plus de 63 000 personnes sont mortes à cause des mines et obus non-explosés (dont 30 % d'enfants) encore enfouis et cela continue toujours à faire des victimes encore aujourd'hui. 

En résumé, une visite qui vous sert la gorge et les tripes, mais en vaut vraiment la peine pour témoigner de l'horreur subie ici, même s'il est vrai que l'exposition est beaucoup orientée d'un seul point de vue, ce que l'on comprend aisément.

Cela fait près d'un mois que nous sommes au Vietnam déjà et nous trouvons vraiment que les Vietnamiens ont l'air joyeux et ce malgré leur histoire, 1 000 ans d'occupation chinoise, suivie de près de 100 ans de colonisation française, suivie de l'occupation japonaise pendant la Seconde guerre mondiale, puis de la guerre d'Indochine contre les français puis de la guerre contre les Etats-Unis pendant 15 ans... C'est un peuple qui a peu connu la paix mais qui semble malgré tout essayé de se tourner vers l'avenir et de refermer les blessures du passé.

Secoués par la visite du musée, nous décidons d'aller jusqu'à la Pagode de l'empereur de jade, afin de retrouver un peu de paix et de sérénité.



Le lendemain nous partons visiter les tunnels de Cu Chi, situés à une quarantaine de kilomètres de HCMV. Ce réseau de tunnels long de 250 kilomètres fût construit pendant la guerre d'Indochine (contre les Français) et restauré ensuite lors de la guerre du Vietnam (contre les Américains). Il servit de base aux Viêt-congs, mais aussi de refuge au village. Certaines galeries étaient aménagées en pièce à vivre et les tunnels abritèrent jusqu'à 16 000 personnes.


Il s'agit d'un système extrêmement ingénieux où tout était fait pour tromper l'ennemi et être invisible. Les galeries étaient construites en zig-zags pour pouvoir parer en cas d'attaque. Les entrées étaient dissimulées par des trappes couvertes de feuillages. Nous en avons vu une, dont on croirait que seul un enfant peut y passer, mais nous avons eu le droit à la démonstration avec des gens de notre groupe et ça passe tout juste en levant les bras pour rentrer.

Trappe d'accès aux tunnels
Les aérations étaient très discrètes, des trous pas plus gros que le diamètre d'une balle de ping-pong cachés dans des espèces de termitières, de sorte que les GI, n'ayant jamais vu ça, ne pouvaient pas se douter de ce que c'était. Cela évitait que les américains ne gaz les tunnels. Les vapeurs de cuisine étaient rejetées bien plus loin par un autre système d'aération.

Trou d'aération (au pied des troncs à droite)
Il y avait également des "pièges à cons" camouflés à l'intérieur de ces galeries, à l'instar de ceux dissimulés un peu partout à l'extérieur sous des feuillages. A l'origine ces pièges étaient destinés à capturer des bêtes, mais furent utilisés contre l'ennemi. Une fois que la personne était tombée dans le piège, il était quasiment impossible qu'il en sorte, car une multitude de pics à la pointe en forme de harpon retenait sa jambe prise au piège, et souvent le seul moyen de se dégager était de sectionner le membre ainsi piégé.

"Pièges à cons"

Il y avait également de fausses galeries pour tromper l'adversaire.
Un camp américain s'installa sur une partie de ces galeries et les gradés mirent un certain temps avant de comprendre comment leurs soldats se faisaient tuer la nuit sous leur tente.
Nous avons parcouru quelques mètres de ces galeries, dont la plupart ont été agrandies pour les rendre accessibles aux touristes, même s'il faut s'y déplacer accroupi. Mais certaines ont été conservées à la taille d'origine et la seule solution semble d'avancer à plat ventre. Les GI les baptisèrent donc "les trous à rats".

L'après-midi nous nous rendons dans le quartier de Cholon, qui correspond au Chinatown de HCMV. Nous débutons par le marché de Binh Tay. Nous n'avions jamais vu autant de marchandises sur de si petits stands. Il s'agit d'un marché de vente en gros qui regorge d'articles en tout genre et fourmille de monde. Cela devient tout de même rapidement oppressant et nous décidons d'en sortir afin de visiter les jolies pagodes du quartier.

Marché de Cholon


Pagodes




Dernier soir à HCMV, demain nous prenons la direction du delta du Mékong, que nous souhaitons visiter avant de quitter le Vietnam pour le Cambodge.

A très vite

Album photo par ici

1 commentaire:

  1. Une étape pas franchement joyeuse mais riche en émotions pour vous !....Le vrai faux taxi et les horreurs de la guerre, l’hôtel pas terrible, et l'ambiance frelatée par l'argent, tout ceci fait partie de la réalité du pays.
    Très intéressant pour nous aussi, votre beau voyage n'est pas celui des bisounours.
    Encore merci de nous le faire partager et bravo pour votre belle énergie.
    Plein de bisous.
    Annie

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