jeudi 2 avril 2015

Jogyakarta

Nous arrivons à Yogyakarta après 23h, un taxi nous dépose à notre hôtel, qui porte bien son nom "Cabin Hotel".
La chambre est minuscule, nous avions opté pour des lits jumeaux, sauf que le deuxième est en réalité un lit gigogne et une fois déplié, nous ne pouvons même plus ouvrir la porte, la pièce est pleine (très rassurant en cas d'urgence).

En allant à la salle de bain, qui est commune, Sylvain se fait aborder par un mac qui lui propose les services de ses filles. Charmant !
En fait, l'hôtel propose également des formules où il est possible de payer la chambre à l'heure, du coup, il sert d'hôtel de passe...

Demain matin, c'est sûr, on se sauve de là !

En plus, on se fait réveiller à 7h par quelqu'un qui frappe à la porte. Le temps de se rendre à l'hôtel et de s'installer et il était déjà 1h quand nous nous étions couchés. Donc pas très réveillés, nous replions le lit pour pouvoir ouvrir la porte. En fait, c'est le petit déjeuner, qui consiste en une lunch box très moyenne en plus (tout ça pour ça, grrrrrr !).

Donc première mission de ce matin : trouver un autre hôtel.
La seconde : trouver un guide de l'Indonésie.
Nous trouvons donc un petit hôtel "normal" tout proche de la rue principale, mais dans une rue perpendiculaire plus calme. Il y a une charmante petite cour intérieure avec salon pour se poser. Cela fera parfaitement l'affaire !

Concernant le guide, nous trouvons une librairie qui en vend d'occasion et celui que nous trouvons est très récent en plus. Nous voilà donc outillés pour organiser les prochains jours.

Nous en profitons également pour glaner quelques informations sur des excursions pour les volcans Merapi, Bromo et Ijen.

L'après-midi pointe déjà le bout de son nez et nous n'avons pas encore déjeuner. Grâce à notre guide tout nouvellement acquis, nous trouvons une bonne petite adresse où la cuisine est délicieuse et très bon marché.

Nous nous apprêtons à aller visiter les sites culturels de la ville, quand nous nous rendons compte qu'en fait tout est fermé l'après-midi, ce qui nous étonne dans une ville aussi touristique. Et nous comprendrons pourquoi le lendemain...

Nous passons donc au point d'information touristique, qui lui est ouvert et nous donne moult renseignements utiles. Le personnel est vraiment adorable, et il semble y avoir peu de visiteurs ici, car tous les employés se mobilisent lorsque nous entrons.

Nous réfléchissons à ce que nous voulons visiter, lorsque tout à coup un énorme orage éclate. Il se met à tomber des cordes de façon très très intense, et là, c'est parti pour des heures.
Nous nous regardons avec Sylvain, impressionnés par la quantité d'eau qui est tombée en une minute, sous les regards amusés des hôtesses du point d'information, qui nous demandent : "Mais vous n'avez pas de la pluie comme ça en France ?" (heu, parfois en montagne mais pas aussi longtemps et de façon si intense). Elle nous dit de faire attention car quelques jours plus tôt, quelqu'un est décédé car un arbre qui lui est tombé dessus à cause de la foudre. Rassurant, non ?

Du coup, nous décidons de passer le reste de l'après-midi bien à l'abri dans la chambre.

Le soir la pluie s'est calmée quand nous décidons de ressortir pour assister au spectacle de marionnettes d'ombre donné au musée.

Devant la petite salle de spectacle se tient une échoppe où des messieurs sont en train de ciseler les marionnettes. Elles sont faites en peau de boeuf/buffle séchée, finement ciselées et ensuite peintes à la main. Bien sûr, ils nous proposent d'en acheter.

Atelier de marionnettes
Avant peinture

Nous pénétrons ensuite dans la salle, où un orchestre de gamelan (musique traditionnelle javanaise et balinaise) répète pour le spectacle.


Et puis, nous ne remarquons même pas quand le spectacle démarre car il n'y a pas d'interruption entre la répétition et le début du spectacle.
Le monsieur le plus au fond agite des marionnettes, mais nous sommes surpris car nous les voyons du côté peint et pas du côté ombre, côté envers du décor en fait.
Le monsieur de la billetterie arrive et nous dit que nous pouvons nous déplacer de l'autre côté de la salle, devant le rideau pour voir les ombres, et que nous sommes libres de nous déplacer comme bon nous semble tout au long de la représentation.

Les marionnettes de la représentation
Ce que ça donne en vrai le théâtre d'ombre.
Alors c'est qui le gentil ???
L'envers du décor côté marionnestiste

En entrant dans la salle, nous avons reçu un petit livret qui raconte l'épisode que nous allons voir ce soir.
Il s'agit d'une représentation du Ramayana, qui normalement se joue toute la nuit jusqu'au petit matin, mais là, ils ont choisi de le découper en épisodes qui se jouent quasiment chaque soir de la semaine et ne durent "que" 2h.

Et 2h, croyez-nous, c'est vraiment long !

Il faut déjà un certain temps pour lire de livret, tellement il y a de personnages dans le Ramayana, avec lequel nous ne sommes pas familiers. Mais cela permet de comprendre quelle partie de l'histoire nous allons voir, il s'agit de l'épisode 7 dans lequel 2 ennemis s'affrontent.

Bon ok, on a compris l'histoire, sauf que les marionnettes se ressemblent toutes et qu'on ne sait pas qui est qui.
 Il est vraiment dommage qu'il n'y ait pas une courte introduction pour au moins présenter les marionnettes jouées le soir-même.

Du coup, ça donne 2 marionnettes qui se tapent dessus pendant 2h, et franchement, autant nous détestons faire ça, mais nous avons craqué au bout d'1h45.

Dehors il s'est mis à retomber des hallebardes avec des éclairs qui strient le ciel de bleu (pourvu qu'on ne se prenne pas un arbre !).

Nous avions lu que les gens avaient trouvé le spectacle ennuyeux, et nous avons compris à notre tour pourquoi. Cela reste vraiment hermétique pour des novices et ne représente pas forcément la meilleure introduction au Ramayana.
Enfin sur le livret, l'histoire reste intéressante, la musique étonnante et les marionnettes sont tout de même jolies. Mais 30 minutes semblent amplement suffisantes.

Nous arrivons trempés à l'hôtel, le pantalon bleu d'Elise lui a même déteint dessus, du coup, elle se retrouve avec des jambes de schtroumpfette. ;-)

Le lendemain matin nous sommes récupérés à 5h à l'hôtel, car nous avons prévu d'aller assister au lever du soleil au fameux temple de Borobudur, l'un des sites archéologiques majeurs d'Asie du Sud-Est.
Construit il y a 1 200 ans par les souverains de la dynastie Sailendra c'est, aujourd'hui encore, un centre majeur du bouddhisme indonésien. Il a fallut acheminer et sculpter 60 000 m3 de pierre pour sa construction.
Avec le déclin rapide du bouddhisme en Indonésie, le temple est abandonné peu après son achèvement avant d'être redécouvert en 1815 par le gouverneur de Java. Ce sont finalement les hollandais qui, au début du XXe siècle, entreprennent sa reconstruction. La structure commençant à s'affaisser, de gigantesques travaux financer par l'Unesco (25 milliards de dollars) permirent dans les années 1970 de stabiliser le terrain.

Il fait encore un peu gris et nous espérons pouvoir tout de même profiter un peu du panorama.
La route pour s'y rendre est assez jolie avec ses rizières...

Arrivés sur place, nous nous empressons de gravir les marches du temple pour essayer d'entre-apercevoir le lever du soleil (c'est un peu raté avec les nuages) et d'éviter la foule, car le temple est très populaire et attire donc de nombreux touristes, y compris locaux.
Mais finalement, ça va, il n'y a pas foule en haut.

Borobudur




Malgré la grisaille, le panorama est splendide ! Nous sommes entourés par les volcans et, par chance, il n'y a pas trop de brume (contrairement aux visites en pleine journée).

On ne peut s'empêcher de repenser à Ankgor ou même Bagan, tant il se dégage une impression de grandeur dans une ambiance assez mystique.

Le temple a pour base un carré de 118 mètres de côté sur lequel se trouve 6 terrasses carrées surmontées de 3 étages ronds.

Vue d'ensemble du temple


Nous faisons le tour de l'étage le plus haut lorsque que nous sommes abordés par deux petites étudiantes de 17 ans (on leur en aurait donné 14) qui nous demandent si elles peuvent converser un peu avec nous car elles doivent pratiquer leur anglais.
Elles sont vraiment toutes mimi et un peu timides aussi.
On trouve cela courageux d'aborder des gens qu'elles ne connaissent pas et dont l'anglais n'est pas toujours terrible. Mais les profs devraient peut-être faire ça en France aussi, envoyer leurs élèves dans des endroits touristiques pour qu'ils s'exercent.
Donc, nous discutons un petit moment ensemble et à la fin nous remplissons leur cahier d'anglais pour attester qu'elles nous ont rencontrés, nous devons même mettre une appréciation, que nous avons choisi de tourner en encouragement.

Au sommet du temple se trouve un stupa et ensuite ce sont 72 stupas ajourés qui sont sur les trois premiers étages et qui renferment chacun un bouddha.






Les étages inférieurs sont trop étroits pour accueillir des stupas, mais les murs sont magnifiquement gravés et étaient jadis peints. Le monument symbolise la vision bouddhiste du cosmos.
A la base se trouve une série de reliefs figurant un monde dominé par les passions.
L'étage supérieur représentent les scènes de la vie javanaise en 1 212 panneaux sculptés (navires, éléphants, musiciens, danseurs, guerriers...).
Le 3e niveau décrit le rêve de la reine Maya, une vision d'éléphants blancs à six défenses. Les derniers étages circulaires représentent la montée jusqu'au nirvana éternel.
Nous retrouvons également une tête de dragon gravée, qui servait de fontaine et que nous avions découverte avec nos parents au musée national de Bangkok qui en possède un exemplaire.
Nous savourons donc tour à tour les décors de chaque étage.


La tête de dragon découverte au musée national de Bangkok

Les fresques sculptées


Des groupes scolaires indonésiens affluent petit à petit sur le site et les enfants et jeunes étudiants nous demandent régulièrement de nous prendre en photo.

Des jeunes étudiantes avec Elise

A un moment donné nous entendons chanter, il s'agit en fait d'un groupe d'occidentaux adeptes du bouddhisme qui semble faire un voyage pèlerinage. Ils marquent donc régulièrement des arrêts pour se recueillir tous ensemble.

Les bouddhistes occidentaux

Après cette chouette visite nous retournons à l'hôtel finir notre nuit.

Pour le déjeuner, nous nous rendons sur un petit stand de rue, histoire de pouvoir mieux faire connaissance avec la cuisine locale. ;-)


Nous commandons un gado-gado. Il s'agit de légumes verts cuisinés dans une feuille de bananier avec des épices, du tofu, des pousses de soja et de l'oeuf, c'est très bon.

Un monsieur charmant vient s'asseoir à notre table, il parle très bien le français qu'il a appris grâce à l'Alliance française.
C'est vrai que c'est l'une des particularités de notre pays d'avoir des bureaux un peu partout dans les grandes villes du monde pour faire rayonner la langue de Molière et la culture - parfois, il y a même un délicieux restaurant de chez nous au même endroit, on en avait testé un à Sucre en Bolivie ;-)

Nous lui disons que nous sommes étonnés de voir tous les sites touristiques de la ville fermés l'après-midi.
Il nous explique que du fait qu'ici la culture soit majoritairement musulmane, on libère les gens l'après-midi pour qu'ils puissent se rendre à la mosquée à 17h pour la prière la plus importante. Voilà, le mystère est donc résolu.

Nous avons rendez-vous à 14h pour nous rendre au temple de Prambanan, situé à une vingtaine de kilomètres de là.

Nous souhaitons assister au coucher du soleil, ainsi qu'au spectacle de danse traditionnelle qui se joue avec les temples en arrière plan.

Peu après notre arrivée sur le site, c'est reparti pour les pluies torrentielles de l'après-midi. En quelques minutes, nous pataugeons littéralement autour des temples.

Par contre, on a trouvé un service hyper malin, en effet, des jeunes hommes se baladent sur le site et proposent de louer des parapluies. Nous avions bien pensé à nos vestes de pluie, mais n'avons pas l'équivalent en pantalon et il pleut tellement que nous décidons de prendre chacun un parapluie. Et le jeune homme nous dit qu'il nous attendra à la sortie pour les récupérer (chaque parapluie est identifié pour retrouvé son propriétaire).
Cela ne coûte que 10 000 Rp (soit 70 centimes d'euros) et c'est vrai que c'est plutôt malin de profiter de l'afflux touristique pour se créer un petit boulot annexe utile. Ils doivent cartonner durant la saison des pluies, même si à présent, celle-ci touche plutôt à sa fin.

L'ensemble de Prambanan fût édifié au milieu du IXème siècle, environ un demi-siècle après Borobudur, mais on sait très peu de choses de ses origines.

Abandonné pendant des années et tombé en ruine, le site fût un peu dégagé en 1885, puis en 1937 où les premiers travaux de reconstruction furent entamés.

L'enceinte extérieure renferme les vestiges de 244 temples du groupe d'origine. 8 temples mineurs et 8 temples majeurs se dressent dans la plus haute cour centrale.

Ensemble principal de Prambanan
Le temple principal est celui de Shiva, c'est aussi le plus grand avec ses 47 mètres de hauteur. Aux quatre points cardinaux se trouve des salles qui abritent chacune une statue : Shiva le destructeur avec ses 4 bras ; Agastya, ventru et barbu, qui est une incarnation de Shiva en professeur divin ; Ganesh, le fils de Shiva avec sa fameuse tête d'éléphant ; Durga, l'épouse de Shiva. Nous courons donc d'une salle à l'autre pour voir les statues et nous mettre à l'abri.

Temple de Shiva
Agastya
Ganesh



La pluie commence à se calmer, ce qui nous permet de profiter des magnifiques scènes sculptées qui ornent les murs dans l'enceinte intérieure de ce temple et qui représentent le Ramayana.




On sait maintenant d'où se sont inspirés les studios Disney pour le chat d'Alice ;-)

Nous visitons également les temples secondaires, situés de part et d'autre de celui de Shiva, dont celui de Vishnu (33 mètres de haut) et Brahma. On retrouve la Trinité hindoue.

Nous nous dirigeons ensuite vers le reste des temples qui forment d'autres ensembles.
Sur le chemin, des jeunes qui doivent travailler pour le spectacle qui se donne le soir ont improvisé une partie de foot, au menu, glissade et aquaplaning garantis. ;-)
Ils ont l'air de s'éclater et ça nous amuse beaucoup de nous arrêter quelques minutes pour les regarder.




Nous poursuivons notre chemin jusqu'à deux petits ensembles fort abîmés.
Nous finissons enfin par le temple de Plaosan qui est en partie sous l'eau aujourd'hui. 2 magnifiques statues de gardiens géants (dwarapala) ornent l'entrée. A part un stupa qui a été restauré, le reste n'est plus qu'un amas de pierres impressionnant.
La nuit commence à tomber petit à petit, donc nous nous empressons de faire le tour du temple principal de ce nouvel ensemble.





Nous sommes attendus à la sortie dans quelques minutes donc le temps presse.

Nous avons choisi d'assister au spectacle de danse traditionnelle qui se joue en plein air et avec les temples en arrière-plan en guise de décor.
Malheureusement, la pluie s'est invitée au spectacle ce soir également donc celui-ci se jouera à l'intérieur.

En arrivant, nous demandons où il est possible de dîner et on nous propose le restaurant face à la scène de plein air qui est hyper chic. Et quand on demande s'il n'y en a pas un autre, on nous répond que non.
Du coup, on s'éloigne un peu et redemandons à un autre monsieur à la sortie du parking, qui décide même de nous accompagner jusqu'au warung (petit restaurant local) qui n'est pas si loin. Nous dînerons donc d'un classique nasi goreng (riz sauté).

Dans la salle, nous sommes vraiment bien placés, au premier rang sur les places de côté, tellement bien situées que des Japonais placés au dernier rang des places les plus chères s'y étaient installés.

Du coup, pendant le spectacle, nous sommes tout proches des danseurs.
Il s'agit à nouveau d'une représentation du Ramayana (le même thème que le théâtre de marionnettes d'ombre), mais cette fois-ci, le livret est beaucoup détaillé et en plus deux écrans géants permettent de suivre l'histoire en anglais et en javanais, au cas où on n'aurait pas compris qui est qui.
Ce soir, il est beaucoup plus aisé d'identifier les personnages grâce aux costumes, à leurs couleurs, leurs maquillages. Du coup, c'est tout de suite beaucoup plus intéressant.







Et en plus, les danseurs sont excellents. Il y a même des enfants dans la troupe, filles comme garçons. Les petites filles jouent les petits personnages féeriques de la forêt et, plus tard, ce sont les petits garçons qui font leur entrée sur scène pour incarner les singes du royaume des singes évidemment. ;-)

A l'entracte, les personnages principaux n'ont pas de répit car ils se prêtent au jeu des photos. Ils sont vraiment très agréables et pour une fois on décide de jouer les vrais touristes en prenant la pose avec eux. Ça nous fera un souvenir sympa.


Les costumes sont vraiment somptueux et même s'il s'agit d'un spectacle pour touristes, celui-ci est de grande qualité. Il n'est tout de même pas commun d'avoir des danseurs de ce niveau dans les spectacles dits pour touristes.
Nous passons donc une excellente soirée qui, de plus, nous a réconciliés avec le Ramayana. ;-)

Le lendemain matin, nous nous reposons puis cherchons une agence pour pouvoir nous rendre aux volcans Merapi, Bromo et Ijen.

Le soir même, nous avons rendez-vous à 22h pour partir escalader le Merapi.

A très vite pour de nouvelles aventures volcaniques.

Album photo par ici

2 commentaires:

  1. Ah oui, il pleut bien !!! Dommage de ne pas avoir pu admirer toutes ces merveilles sous le soleil...
    Magnifiques sculptures et un nouveau style de temples dentelés que l'on ne connaissait pas.
    Avez vous craqué pour une jolie marionnette?
    Les danseurs se sont les 2 en tee shirt rouge et bleu ? ou bien les 3 autres ??
    plein de bises , en espérant que vous avez séché.
    Annie

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  2. Au fait, vive le retour de la marmotte qui pointe son nez pour le repas !
    bisou.Annie

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