Comme prévu, notre chauffeur vient nous chercher à 22h à la guest house. Nous voici donc en route pour le Gunung Merapi. Gunung est le mot indonésien pour volcan et Merapi signifie feu, on pourrait donc traduire le tout par la montagne de feu. Il y a deux volcans Merapi sur Java, l'un proche de Jogya et l'autre tout à l'est que nous nous contenterons de voir de loin.
Le volcan s'élève à 2 930 mètres et il est considéré comme le plus actif des 127 volcans d'Indonésie en activité. La dernière grosse éruption en 2010 a fait 353 victimes et nécessité l'évacuation de 360 000 personnes. Cependant, les terres très fertiles de ses pentes attirent toujours autant d'habitants et la densité de population est de 700 hab./km². Tous les ans, les descendants de la famille royale de Yogya viennent faire des offrandes pour apaiser le volcan.
Pour entreprendre l'ascension, nous empruntons le versant nord qui est le plus facile et le moins dangereux, la lave s'écoulant sur son côté sud. Le 4x4 nous dépose dans le petit village de Selo après 1h30 de route de montagne.
Nous partons avec un petit groupe d'une dizaine de touristes et 3 guides sur les coups d'une heure du matin. Équipés de nos frontales, le chemin est tout de suite très raide et certains partent comme des fous mais ils vont rapidement le regretter... Nous marquons plusieurs pauses un peu trop longue à notre goût. En effet, nous préférons marcher doucement mais sans trop s'arrêter pour ne pas se refroidir.
Tout le monde tire un peu la langue et le manque de sommeil se fait sentir. Après deux bonnes heures de montée, la pluie s'invite à la fête. C'est d'abord un petit crachin puis cela devient une pluie assez forte. Nous sortons nos imperméables et continuons à grimper, nous avons attrapé une bonne suée déjà donc nous sommes trempés dessous et ne tarderons pas à devenir trempés dessus. Nous arrivons finalement au replat (Pasar Bubrah) avant la dernière grosse montée sur les coups de 4h30 du matin. Nous sommes à 2 500 mètres d'altitude, la pluie ne s'arrête pas et le vent est assez fort. Nous tentons de nous réchauffer comme nous pouvons mais ce n'est pas évident. Les guides décident de ne pas poursuivre l'ascension car dans ces conditions, la dernière partie peut se révéler dangereuse.
Nous attendons donc le lever du soleil avec impatience en sachant que nous risquons de ne pas voir grand chose. Vers 5h du matin, le ciel commence à s'éclaircir un peu et quelques percées dans les nuages nous permettent d'apercevoir le paysage lunaire qui nous entoure.
La vue reste bien bouchée et nous ferrons que deviner le panorama exceptionnel vu sur certaines photos. Malheureusement la récompense n'est pas à la hauteur de l'effort. Dommage, on ne peut pas gagner à chaque fois !
Nous commençons à descendre et il faut faire attention car avec la pluie, le chemin est assez glissant, d'ailleurs Sylvain en fait les frais. Juste un peu en dessous du replat, le paysage passe de lunaire à luxuriant et tout devient vert ! Le retour est beaucoup plus rapide et nous croisons de nombreuses personnes qui vont travailler sur les terrasses à flanc de volcan. Ils y cultivent des concombres, des tomates, des carottes, des oignons, des choux... Nous retrouvons un peu de chaleur et cela fait du bien !
Finalement, le plus beau panorama sera depuis la terrasse du parking où nous attendons la navette... Le ciel s'est dégagé et la vue sur le Gunung Merbabu (3 142 m) et au loin sur le Gunung Sumbling est superbe.
Nous redescendons au village et prenons un petit déjeuner bienvenu sur une terrasse au soleil ! Cela fait du bien de sécher un peu.
Nous redescendons au village et prenons un petit déjeuner bienvenu sur une terrasse au soleil ! Cela fait du bien de sécher un peu.
Nous sommes finalement de retour sur Yogja vers 11h du matin et nous nous écroulons de fatigue une bonne partie de la journée. Elise en profite pour tester le massage balinais, bienvenu après une journée d'effort, d'autant qu'il comprend un peu d'étirements.
Pour le lendemain, c'est une longue journée de minibus qui nous attend. Nous partons vers 8h30 du matin en direction de l'est et arrivons 12 heures plus tard à Cemoro Lawang, le dos en miette et un peu collant de transpiration mais au pied des volcans !
Il ne fait vraiment pas chaud car nous sommes déjà en altitude et, après une bonne douche et un bon nasi goreng (riz sauté), nous nous réfugions sous les couvertures.
La nuit est courte puisqu'à 3h30 du matin, nous sommes déjà debout et embarquons dans une jeep. Notre chauffeur nous conduit jusqu'au Gunung Penanjakan afin de pouvoir observer le lever de soleil le plus célèbre d'Indonésie, celui sur le volcan Bromo. Il y a beaucoup de monde mais nous arrivons à trouver une bonne place sur les balustrades. Nous découvrons le paysage au fur et à mesure que l'aube se lève. C'est d'une beauté surréaliste.
Nous dominons l'immense caldera du Tengger qui mesure plus de 10 kilomètres de diamètre. Trois volcans émergent d'une mer de nuages au milieu de la caldera : le Kursi (2 581 mètres), le Batok (2 440 mètres ) et le cône fumant du Bromo (2 392 mètres).
Nous dominons l'immense caldera du Tengger qui mesure plus de 10 kilomètres de diamètre. Trois volcans émergent d'une mer de nuages au milieu de la caldera : le Kursi (2 581 mètres), le Batok (2 440 mètres ) et le cône fumant du Bromo (2 392 mètres).
Ces sommets au milieu des cendres et du sable noir entourés par les hautes falaises formant les lèvres du cratère est sans doute à inscrire parmi les plus beaux paysages de notre voyage. Au sud, en toile de fond, le Gunung Semeru domine du haut de ses 3 676 mètres. Ce volcan très actif est le point le plus haut de Java.
Après en avoir pris plein la vue, nous retrouvons notre chauffeur qui nous conduit cette fois au milieu de la caldera afin que l'on puisse monter sur le cratère du Bromo. Au pied du volcan, de nombreux habitants (les Tenggers) proposent des chevaux pour effectuer l'ascension. Tous ces équidés se promenant au milieu de la brume dans la caldera donne une ambiance assez surnaturelle.
Les habitants du bord du volcan sont des hindous qui sont venus se réfugier ici lors de la conquête musulmane au XVIe siècle. Ils ont construits un temple qui honore le volcan et l'ogre qui, selon la légende, aurait creusé la caldera avec une moitié de noix de coco. Tous les ans au moment de la fête de Kasada, les hindous viennent jeter de l'argent, de la nourriture et parfois même des poulets vivants à l'intérieur du cratère pour apaiser le volcan.
Pour atteindre le rebord du cratère, nous gravissons 253 marches. La vue de là-haut est superbe et l'on aperçoit le cratère abrupte d'où s'échappe une épaisse fumée qui sent le souffre.
Après quelques minutes de contemplation, il nous faut déjà redescendre. La jeep nous amène jusqu'à l'hôtel où nous prenons le petit-déjeuner sur la terrasse au soleil.
Après quelques minutes de contemplation, il nous faut déjà redescendre. La jeep nous amène jusqu'à l'hôtel où nous prenons le petit-déjeuner sur la terrasse au soleil.
Nous embarquons ensuite à nouveau dans un minibus en direction de Sempol Village, dans l'extrême est de l'île de Java. Après 7h30 de route aussi harassantes que celles de la veille, nous voici arrivés dans un superbe hôtel avec piscine et vue sur les montagnes. Nous sommes entourés de verdure et le calme de l'endroit incite à rester plus que la seule toute petite nuit que nous allons y passer.
Lors du dîner, Elise demande à notre chauffeur à quelle heure nous devons partir. Celui-ci nous informe qu'il faut être prêt à 2h du matin. Nous sommes surpris car sur le programme, il est indiqué 1h. Sylvain demande donc à nouveau à la réception qui confirme l'horaire donné par le chauffeur.
Sur les coups d'1h15, un guide vient frapper à la porte, nous réveille et nous demande si nous sommes prêts... Un peu pris de court, nous sautons dans nos habits et nous précipitons dans le hall. Le chauffeur nous demande où sont nos gros sacs à dos car, contrairement à ce que l'on nous avait dit, nous ne repassons pas par l'hôtel...
Nous faisons nos bagages dans la précipitation et Sylvain oublie ses sandales de randonnée.
Après environ 1h30 de route, nous arrivons au pied du Gunung Ijen, "la montagne solitaire". Malgré son nom, il n'est pas si solitaire que cela car le plateau sur lequel il se trouve compte deux autres volcans : le Merapi (2 800 m) et le Raung (3 332 m). Le Ijen, bien qu'actif, n'est plus entré en éruption depuis 1936. Il est célèbre pour son lac (le Kawa Ijen) et son souffre qui est exploité par quelques 300 mineurs, uniquement des hommes. Leur journée commence vers 2 heures du matin afin de profiter de la fraîcheur de la nuit. Ils montent la pente extérieure du cratère avec leurs deux paniers "doubles" puis descendent sur le sentier escarpé qui mène au bord du lac.
Ensuite, ils décrochent des blocs de souffre à l'aide d'une barre-à-mine au milieu des émanations toxiques. Leur seule protection consiste souvent en un unique morceau de tissu qui couvre le nez et la bouche.
Ensuite, ils décrochent des blocs de souffre à l'aide d'une barre-à-mine au milieu des émanations toxiques. Leur seule protection consiste souvent en un unique morceau de tissu qui couvre le nez et la bouche.
Ils remplissent ensuite leurs deux paniers des blocs de souffre et parcourent le chemin en sens inverse. Il faut environ 4 heures pour effectuer l'aller-retour donc 8 heures pour les deux paniers.
Si l'on ajoute le temps qu'il faut pour extraire le souffre, la journée de ce travail terriblement éprouvant s'élève à 10 heures.
Si l'on ajoute le temps qu'il faut pour extraire le souffre, la journée de ce travail terriblement éprouvant s'élève à 10 heures.
Chaque mineur transporte entre 60 et 80 kg de souffre par voyage... Une fois redescendu, les mineurs procèdent à la pesée. Pour un kilogramme de souffre, le mineur reçoit 900 rupiah soit 6 centimes d'euros. Les mineurs travaillent 6 jours sur 7, sans indemnité en cas de maladie, ni retraite. Les problèmes de santé sont récurrents et ils sont souvent forcés d'arrêter ce travail relativement jeunes.
Un rapide calcul permet de connaître leur salaire, autour de 230 € par mois...
Le souffre est utilisé dans la cosmétique, pour la production de médicaments, d'engrais et d'insecticides.
On ne peut s'empêcher de penser aux mineurs de Potosi en Bolivie. Le continent n'est pas le même mais les conditions infernales de travail sont proches.
Le sentier est bon mais monte raide et relativement longuement. Après 1h30 d'ascension, nous atteignions le rebord du cratère et commençons à apercevoir les "feux bleus". Il s'agit des vapeurs toxiques que les mineurs font brûler pour limiter les émanations. Le spectacle est assez impressionnant bien que difficile à rendre en photo. Les mineurs sont déjà au travail et nous en croisons beaucoup.
Nous descendons prudemment jusqu'au lac où certains mineurs recueillent dans des petites bouteilles du souffre liquide qui coule dans des tuyères.
Ils le versent ensuite dans des moules plastiques et vendent le résultat aux touristes pour se faire un peu d'extras. Nous craquons pour un petit crabe ;-)
Ils le versent ensuite dans des moules plastiques et vendent le résultat aux touristes pour se faire un peu d'extras. Nous craquons pour un petit crabe ;-)
Elise remonte assez tôt pour avoir le temps de retourner à l'hôtel afin de récupérer les chaussures oubliées. Elle en profite pour admirer le superbe lever de soleil depuis le sommet du cratère. Sylvain s'attarde un peu au bord du lac qui, parait-il, se met à bouillonner quand l'activité du volcan augmente... baignade interdite évidemment !
En remontant, nous croisons de nombreux mineurs qui nous demandent si nous voulons un souvenir ou si nous pouvons leur donner une cigarette mais toujours avec un grand sourire. Ils sont tous de gros fumeurs. Nous tentons de soulever un de leur panier mais impossible de se mettre debout tellement la charge est énorme.
La vue sur les autres volcans est impressionnante, la région est très verte et peu peuplée. Le Gunung Raung gronde au loin environ toutes les minutes. Le guide explique que c'est la lave qui remonte dans le cratère mais pas assez haut pour que l'on puisse la voir.
Sur le chemin du retour, Sylvain a la grande surprise de croiser Elodie et Sophie qui entament l'ascension. Il est drôle de se dire que 4 mois après s'être vu à Phnom Penh, nous nous retrouvons complètement par hasard à plusieurs milliers de kilomètres de là. Nous n'avons pas beaucoup de temps pour discuter mais on se promet de se contacter par mail car elles poursuivent leur voyage dans le même sens que nous, vers Bali et Lombok.
Une fois proche du parking, Sylvain assiste à la pesée des paniers. Le plus lourd pèse tout de même 86 kg ! Quand l'on pense au sentier escarpé et très raide pour remonter le cratère, on se demande comment ce travail est possible...
Finalement, après 2h de moto (1h aller, 1h retour), Elise revient sans les chaussures... En fait, c'est le gars de la sécurité de l'hôtel qui les a ramassées et est parti entre-temps travailler dans les plantations de café et bien sûr il n'est pas joignable par téléphone pour savoir où il les a mises. Du coup, elle a fait tout cela pour rien.
Après le petit déjeuner, nous partons en minibus jusqu'à Ketapang. Après 3h de route, nous arrivons à l'embarcadère des ferrys pour rejoindre Bali. Une heure de bateau plus tard, nous sommes à Gilimanuk où nous trouvons un bus pour nous déposer à Pemuteran, notre première étape à Bali.
A bientôt !
Ouais , ça y est . Voila les photos . Dommage pour les conditions météo au Mérapi mais le reste est splendide . Heureusement les apprentis vulcanologues sont patients et persévérants . Bisous. Philippe
RépondreSupprimerBeaucoup d'efforts et toute petite nuit pour trop de nuages. Dommage mais les paysages sont quand même incroyables, grandioses et presque inquiétants !!!
RépondreSupprimerIl vaut mieux être voyageurs que mineur ici aussi !
Bon, Sylvain, tu continues le voyage pieds nus comme les bonzes ?
Merci pour cette superbe ballade avec vous, sans le froid ni la fatigue.
bisous admiratifs.
Annie