mardi 7 avril 2015

Amed

Notre chauffeur nous dépose finalement entre Amed et Jemeluk en début d'après-midi. Nous trouvons tout de suite un logement très sympa. Il est vraiment facile et pas cher de se loger sur Bali hors saison touristique ! Pour moins de 15 € (200 000 rupiah), nous avons une grande chambre au calme avec la climatisation, une grand baie vitrée avec vue sur le jardin et le volcan Agung (3 142 m) et, sur le côté, une fenêtre donnant sur la mer, l'eau est à 50 mètres ! Le grand luxe !





La vue depuis la terrasse !
Une fois installés dans notre palace et avoir contentés nos estomacs, nous prenons nos palmes, masque et tuba pour aller découvrir les fonds marins. Les coraux ne sont pas magnifiques mais il y a une très grande diversité de poissons, c'est impressionnant. Nous croiserons même une tortue verte.


Ange empereur
En rentrant, nous faisons la connaissance des sympathiques voisins : Corinne et Dieter. Elle est Française, née en Tunisie et vit au Canada (c'est peu banal !) et profite de sa retraite pour plonger partout dans le monde ; lui est médecin et exerce en Allemagne. Ils nous présentent à leur tour le propriétaire du club de plongée Baruna, Antoine, un Français avec qui nous allons passer la soirée. Il nous raconte un peu la vie sur Bali. Comme partout, il y a du bon et du moins bon. Le positif est la variété des sites, la beauté, la diversité de l'île et des spots de plongée, la chaleur toute l'année...

En revanche, tout n'est pas rose ici. Il y a 26 clubs à proximité d'Amed et 250 en tout sur la petite île de Bali ! La multiplication des clubs de plongée tire les prix vers le bas et il n'est pas toujours facile de s'en sortir. De plus, il n'est pas possible de posséder sa structure (alliance avec un Indonésien obligatoire), ni son propre bateau (à moins de payer de gros bakchich pour ce dernier). Il faut obligatoirement emprunter l'embarcation d'un pêcheur. Le bon côté de la chose est que cela apporte un bon complément de revenu au pêcheur, le mauvais est qu'ils ne sont pas toujours au fait des spécificité de la plongée et que certaines embarcations ne sont vraiment pas conçues pour l'activité. 

Après une agréable soirée à parler plongée (c'est souvent le cas quand des plongeurs se rencontrent !), nous louons un scooter dès ce soir car demain matin, nous comptons partir tôt. 

Le lendemain à l'aube, nous partons en direction de l'est en longeant la côte. Le soleil vient de se lever et la lumière est superbe. Après quelques kilomètres, nous nous arrêtons pour admirer le spectacle des dizaines (centaines ?) de barques de pêche qui rentrent.



Certaines sont à la voile, la plupart au moteur.




Nous descendons sur une plage afin de les voir de plus près. Leur bateau est en fait composé d'une fine coque principale et de deux flotteurs en bambou afin d'assurer la stabilité de l'ensemble.




Les enfants sont tout fiers de nous montrer les prises du jour ! 



Nous retournons ensuite à la guesthouse afin de prendre le petit déjeuner. Ensuite, direction Tirta Gangga, le palais aquatique. La route s'enfonce à l'intérieur de l'île et nous observons les premières rizières de Bali. Elles font la réputation de l'île et il faut bien avouer que ce sont les plus belles que nous ayons vu. De plus, les multiples terrasses sont d'un vert intense car nous sommes à la fin de la saison des pluies. En 2012, l'Unesco a même inscrit au patrimoine mondial les méthodes de culture traditionnelles tels que ce système d'irrigation (subak). 



Sur le chemin, nous croisons de nombreuses femmes portant des offrandes. Celles-ci sont déposées dans des boîtes au pied de l'autel puis, après la prière, les aliments sont récupérés puis consommés par la famille tandis que les fleurs sont laissées sur place. 




Aujourd'hui est un jour très particulier à Bali car c'est la veille du nouvel an, le Nyepi. Après être passé en 2015, en 2558 (nouvel an chinois), nous serons demain en 1937 ! Nous voyageons également dans le temps ! Le calendrier balinais compte 210 jours par an, du coup, nous ne nous expliquons pas pourquoi cette fête tombe toujours en avril. 

Chaque année à cette période, les habitants fabriquent de grandes statues de polystyrène et de papier mâché représentant les esprits maléfiques, ce sont les ogoh-ogoh. Nous en voyons plusieurs exposés au bord de la route.




Après avoir priés, les locaux les transportent à travers les villages et les exposent devant trois temples présents dans chaque localité : le Pura puseh est le plus important et est dédié aux fondateurs du village ; le Pura desa est consacré aux esprits protégeant la communauté ; le Pura dalem célèbrant les morts. L'île compte ainsi plus de 10 000 temples et sanctuaires. 
Le soir, les ogoh-ogoh seront brûlés, chassant ainsi les mauvais esprits. Cela fait un peu penser à notre carnaval. Le jour de Nyepi, il faut que les esprits croient Bali inhabité, ainsi, ils ne reviennent pas sur l'île. C'est donc tout Bali qui s'endort à partir de 6h du matin et ce pendant 24 heures : interdiction de sortir de chez soi, de faire la cuisine (la fumée pourrait se remarquer), d'allumer une lampe... Même l'aéroport international de Denpasar est fermé pour l'occasion ! La religion est omniprésente à Bali et le mélange d'hindouisme et d'animisme en font une culture tout à fait à part du reste de l'Indonésie. Les Balinais sont donc très attentifs à conserver leur religion et leurs traditions. 

Nous arrivons à Tirta Gangga (qui signifie "eau du Gange"). Ce palais a été construit par le Raja d'Amlapura en 1948. Il est composé de nombreux bassins peuplés d'énormes carpes koï, de piscines et de fontaines.





L'endroit est très calme, agréable et la présence de l'eau partout rafraîchit un peu l'atmosphère.





Nous profitons de l'endroit pendant une bonne heure puis prenons la direction d'un autre monument non loin de là, Pura Lampuyang.


Le temple principal du complexe est sur trois niveaux, chacun séparé par de grands escaliers en forme de naga (comme en Thaïlande mais ils n'ont pas la même tête ;-).



Les temples balinais sont très différents de ceux que l'on a vu jusqu'à présent. Chaque étage compte de nombreux autels surmontés de toits de chaume à plusieurs niveaux.



De nombreux tissus ornent les monuments et les espaces les plus sacrés sont réservés aux gens venant prier. Il est de rigueur de porter un sarong pour rentrer dans un espace sacré, tant pour les hommes que pour les femmes. 

A l'étage le plus haut, nous rencontrons le gardien qui parle très bien français et est ravi de pouvoir discuter un peu avec nous. Il nous explique que l'on peut visiter d'autres temples du complexe, il faut marcher environ une heure et demi aller-retour, mais sur le chemin il a souvent des macaques qui peuvent être agressifs. Sylvain est motivé tandis qu'Elise préfère rester discuter avec le gardien des temples. 

Le chemin menant aux autres temples s'enfonce dans la forêt et, à part des macaques assez curieux, il n'y a personne.



On se croirait un peu à la recherche des temples perdus d'Indiana Jones. De magnifiques fougères arborescentes poussent au bord du chemin.



Le premier temple n'est pas exceptionnel mais il y a plein de papillons et de lézards, c'est très agréable malgré la chaleur étouffante.




Le second temple est plus raffiné et l'on y accède par un bel escalier-naga.


La vue sur le volcan dans les nuages et la côté nord-est de Bali est superbe. Dans le temple, il y a de jolies fontaines et quelques statues de Ganesh veillent à la sérénité des lieux. 



Ganesh, le fils de Shiva qui apporte la prospérité

Sylvain est effectivement de retour une heure et demi plus tard. Entre temps, Elise a pu faire plus ample connaissance avec le gardien, qui a eu l'occasion d'accueillir à plusieurs reprises des Français chez lui. Ils lui ont donc appris quelques expressions et cela nous fait beaucoup rire : "tu as fumé la moquette", "salut biloutte, hein" (sûrement des gens du Nord)...
Comme il est plus de 13h le gardien commence vraiment à avoir faim, donc il propose à Elise de déjeuner avec lui, mais elle attend le retour de Sylvain. Du coup, le gardien va chercher un panier à offrandes, réalisées par sa femme, et insiste pour qu'Elise mange quelque chose avec lui, qui refuse poliment. Il épluche une clémentine, puis lui dit qu'il n'aime pas ça, donc gênée elle se sent obligée de manger maintenant que le fruit est épluché. Du coup, comme on vous le disait les offrandes sont consommées après avoir été déposé au pied du temple et offerte à travers une petite cérémonie avec prières et encens. Lorsque Sylvain arrive c'est son tour de prendre quelque chose dans le panier.


Nous reprenons ensuite la route pour regagner la côte. Celle-ci traverse de superbes rizières dans lesquelles de nombreux temples protègent des mauvais esprits.




Nous apercevons même un arbre à litchis poilus (ramboutans) mais qui ne sont pas encore mûrs et de nouveau, de nombreux ogoh-ogoh dans les villages. 






En redescendant vers Amed, nous souhaitons aller faire un peu de snorkeling sur la célèbre épave de l'USS Liberty situé à 50 mètres du bord. Le navire mesure plus de 100 mètres de long et est brisé en plusieurs endroits. Nous nous mettons à la recherche de l'épave mais passons finalement complètement à côté. Le snorkeling est cependant très sympa avec pleins de poissons colorés : poissons clowns, gaterins, poissons coffres, poissons papillons...

Poisson-coffre

Nous rentrons ensuite à Jemeluk mais en chemin, nous sommes arrêtés par des locaux qui nous disent que la route est fermée car une cérémonie est en cours. Nous descendons du scooter et allons observer de plus près.



Nous assistons a un défilé de ogoh-ogoh portés uniquement par des hommes... ou des enfants. En effet, il y a de toutes petites statues que les enfants sont très fiers de porter. Tout le monde est en habit de fête avec le sarong et le tout, au couleur de sa communauté. 





En chemin, nous croisons Corinne qui nous conseille de la suivre jusqu'au village de Culik où sont rassemblés tous les ogoh-ogoh du coin. Nous faisons donc demi-tour et allons observer les statues des esprits malins que chaque communauté est ravie de nous présenter.






Un peu plus tard dans la soirée, nous assistons à une cérémonie assis sur un muret. Quand les gens se mettent à prier, quelqu'un vient nous dire qu'il faut que nous nous asseyons par terre... oups, la boulette. Du coup, on nous propose de participer à la cérémonie.




Un jeune nous donne des pétales de fleur, il faut joindre les mains avec un pétale et les monter au-dessus de la tête. On pose ensuite le pétale sur l'oreille. On recommence en déposant un pétale sur l'autre oreille, puis le dernier sur la tête. On renouvelle une dernière fois le rituel sans pétale. Vient ensuite un long moment de méditation. La cérémonie prend fin et les hommes soulèvent les ogoh-ogoh. La procession part en direction de la plage où les statues seront finalement brûlées.



Nous sommes ravis de pouvoir assister à cela et l'ouverture des gens qui nous expliquent ce qui se déroule est vraiment agréable. On ne se sent pas du tout exclus, au contraire, la majorité des gens cherchent à ce que l'on comprenne les rites d'ici. 

Du coup, le lendemain, nous respectons scrupuleusement Nyepi. Même si heureusement, l'électricité n'est pas coupée ce qui nous permet d'avoir la climatisation et internet. En revanche, nous sommes à moins de 50 mètres de la mer et nous ne pouvons aller nous baigner... Du coup, on papote avec Corinne et Dieter sur la terrasse. On demande a Corinne qui est une habituée de Bali ce qu'il se passe si l'on ne respecte pas Nyepi. Elle nous répond qu'elle connaît quelqu'un qui a prit une lourde amende pour cela. Plus tard dans la soirée, nous verrons des policiers vérifier que les lumières sont bien éteintes et que personne n'est dans la rue. 

On profite de cette journée pour se reposer ce qui n'est finalement pas désagréable !

Le jour suivant, la vie reprend comme si de rien n'était. Les mauvais esprits sont éloignés et l'on peut aller plonger ! Nous rejoignons le club d'Antoine qui nous emmène en pick-up jusqu'à l'embarcadère. Il paye ensuite pour le parking, les porteurs (interdiction de porter son matériel), le parc naturel et l'embarcation... Le petit bateau de pêche traditionnelle n'est pas vraiment prévu pour la plongée. Nous sommes assis sur la coque et avons juste la place de coincer les bouteilles et de glisser nos jambes à l'intérieur. Le marin râle un peu car nous avons beaucoup de bouteilles à son goût mais bon...

La première plongée est sur le site de Gili Selang (gili signifie "îlot"). La visibilité est très moyenne à cause du ressac. Nous voyons malgré tout une jolie tortue et profitons du scooter sous-marin d'Antoine pour nous déplacer.


C'est la première fois que nous utilisons cela en mer. Il est puissant et nous tracte tous les trois. Après 30 minutes de promenade, Antoine décide de mettre fin à la plongée à cause de la turbidité de l'eau. En surface, de nombreux plastiques flottent, triste spectacle. L'Indonésie est le second utilisateur de plastique au monde derrière la Chine et, malheureusement, cela se voit. 

Nous passons ensuite une petite heure à discuter avant de retourner à l'eau. La visibilité est un peu meilleure et nous passons beaucoup de temps accrochés à Antoine pour nous faire tracter. Si le scooter est marrant au début, on trouve que cela ne laisse pas assez de temps pour observer le récif, dommage.


A la fin de la plongée, Antoine sort sa bouée de surface afin que le marin puisse nous repérer. Après 20 minutes à attendre, un autre pêcheur passe nous voir. Nous lui demandons d'informer notre accompagnateur que nous sommes là. Peu de temps après, nous voyons l'embarcation arriver... et nous dépasser à fond la caisse à 30 mètres à peine de là où nous sommes ! Antoine rage contre ce marin d'eau douce qui mettra finalement près de 40 minutes à nous récupérer. Cela nous rappelle un peu la Corse sauf que là, la mer est un lac et il n'y a pas de soleil couchant pour gêner la vue. Le pêcheur arrive et nous engueule en prime parce qu'il a eu peur...

Finalement, c'est peut-être la dernière plongée la plus sympa car nous n'utiliserons pas le scooter. Nous sommes à Bayuning, à quelques mètres du bord, sur l'épave d'un petit bateau de pêche japonais. L'épave est très disloquée mais regorge de vie (poissons pierres, rascasses volantes, nudibranches...)


Un joli nudibranche

Rascasse volante
Poisson pierre
La journée est déjà bien avancée quand nous rentrons à la guesthouse. Corinne nous propose de plonger avec Dieter et elle le lendemain ce que nous acceptons avec plaisir. 
Le soir, nous avons le droit à un superbe couché de soleil sur le volcan !

Pour notre dernier jour, nous partons donc avec nos voisins et le propriétaire du homestay qui sera notre chauffeur pour la journée. Nous allons louer notre équipement et nous rendre sur les sites par nous-même car ils sont proches du bord, pas besoin de passer par un club donc. Tout compris, chaque plongée nous reviendra à 17 €, une ruine ! ;-p

Nous effectuons la première sur l'épave de l'USS Liberty que nous ne loupons pas cette fois grâce à Corinne qui connaît bien l'endroit. L'épave est pleine de vie et la plongée de 75 minutes est vraiment très sympa.




En plus des magnifiques poissons habituels, nous croisons à nouveau une tortue, des anguilles jardinières...

Bécasse à carreaux

Nudibranche

Anguilles jardinières
En sortant de l'eau, Sylvain croise une connaissance, Jess' qui était avec lui en formation en Guadeloupe ! Le monde de la plongée est vraiment petit. 

Nous effectuons la seconde plongée là où nous avons fait du snorkeling l'autre fois. Il s'y trouve un superbe jardin de corail très coloré où nous admirons de nombreuses crevettes, une raie tachetée, une murène ruban entre autres. 
Raie tachetée bleue
Gaterin
Poisson diodon
Poisson coffre
Murène ruban 
Némo...
... et Doris, sa copine qui a une soeur jumelle !!!
A Bali, même sous l'eau, il y a des temples !

Pour la dernière plongée, nous ne serons que trois car Dieter, ayant un peu mal à l'oreille, préfère se ménager. Nous allons faire notre première "muck dive". C'est un type de plongée très particulier qui se pratique essentiellement en Indonésie. "Muck" signifie boue et, en effet, à première vue, l'eau marron dans laquelle nous nous immergeons fait moyennement envie. L'idée est d'essayer de trouver les petites bestioles étranges qui peuplent ce genre d'endroit. La visibilité est mauvaise et nous restons 1h30 dans 5 mètres d'eau, le nez dans la boue. 
Et à notre grande surprise, c'est extra-ordinaire ! Nous observons beaucoup de choses que nous n'avions jamais vue auparavant : oursins magnifiques, énormes gobis enfouies dans le sable, superbes crevettes arlequins (très très rares), crevettes nettoyeuses, crabes de toute sorte, murènes, poissons lions, poisson ailé... C'est vraiment fascinant !!!

Gobie dans un bambou
Oursin rouge
Rascasse volante attendant sa proie
Crevette arlequin, notre coup de coeur !

Nudibranche

Bernard l'hermite
Ces trois plongées furent vraiment très chouettes et nous sommes ravis de notre journée. Le soir même, notre chauffeur nous conduit dans la montagne jusqu'à la ville d'Ubud où nous allons passer les prochains jours en compagnie de Corinne et Dieter qui nous ont finalement suivis. 

A suivre... 

2 commentaires:

  1. Et vous êtes sur de vouloir rentrer après tout ça? ??

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  2. Bali est quand même magique ! Peut être vos chauffeurs de taxi arnaqueurs étaient ils en fait des ogoh-ogoh ! Mais pas le petit bonhomme au turban jaune...
    Merci de nous faire entrer dans ce livre de contes et légendes. Quelle chance pour vous d'avoir partagé cette étrange et belle fête avec les balinais!
    Dommage de bruler tous ces personnages, mais bon, il ne faut pas rigoler avec les mauvais esprits !!!
    Baptisés aux pétales de fleurs, vous ne risquez plus rien !
    Encore de jolies plongées et ce n'est pas fini... profitez bien, régalez vous et régalez nous, encore et encore.
    Des bisous et des pensées.
    Annie

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