lundi 6 avril 2015

Pemuteran

Traversée de Java à Bali


Nous sommes donc à Bali, l'île qui fait sans doute le plus rêver en Indonésie et aussi la plus touristique avec 3 millions de visiteurs par an pour une population de 4,2 millions d'habitants.
Bali est vraiment un endroit à part en Indonésie de part la religion mais aussi à travers la danse, la musique, la peinture, la nourriture...

Dans le bus qui nous conduit de la gare proche du débarcadère de Gilimanuk jusqu'à Pemuteran, nous rencontrons un jeune Balinais qui nous propose un hébergement bon marché proche du club de plongée pour lequel il travaille.

Pemuteran est située au nord-ouest de Bali et est réputée pour la plongée sur Pulau ("île") Menjangan, un parc naturel dont les récifs sont magnifiques.

Arrivés sur place, le gérant du club nous branche déjà sur la plongée. Il nous propose un prix très intéressant : 50€ pour deux plongées avec le déjeuner inclus entre les deux, soit même pas le prix d'une plongée en France et encore quand on a notre équipement complet et que nous n'avons pas de guide/moniteur avec nous.

Il se met à pleuvoir du coup tous les deux décident de nous emmener jusqu'à notre hébergement en minibus afin que l'on ne soit pas mouillés. Et une fois arrivés, ils nous font descendre et retournent chercher nos sacs sous la pluie (c'est vraiment gênant, mais ils multiplient les petites attention envers nous).

Les chambres sont toutes neuves avec climatisation et vraiment très charmantes, le tout pour la modique somme de 250 000 Rp (soit 18€) la nuit avec le petit-déjeuner inclus. On hallucine ! C'est la première fois du voyage où nous sommes si bien logés pour un tel prix. Cela fait d'ailleurs partie des plus belles chambres que nous ayons eu. A ce prix là, nous étions dans des taudis en Birmanie avec salle de bain collective sale, matelas de 10 cm d'épaisseur... (l'état fixant les prix et se servant bien au passage).
La salle de bain est à l'extérieur donc c'est assez drôle de prendre sa douche et de pouvoir admirer la montagne en arrière-plan, tout comme prendre sa première douche sous la pluie. ;-)

Et voici notre toit pour les 2 prochaines nuits ;-)

La douche
Nous sommes un peu fatigués de ces derniers jours ascension de volcans donc nous passons l'après-midi à dormir pour récupérer un peu et être en forme pour la plongée.
Quand nous nous réveillons, Kadek, le gérant, nous a déposé des parapluies devant notre porte. Il est vraiment adorable !

Nous retournons au club pour fixer le rendez-vous de demain matin et l'heure du petit-déjeuner. Kadek nous fait goûter l'alcool local, l'arak, qui est fait maison (c'est un peu raide ! Ça ressemble un peu à du rhum mais en pas bon ;-) puis nous allons dîner.

Il n'y a pas grand monde ici car c'est la saison basse. Du coup les restos sont déserts.
Nous nous régalons d'une délicieuse assiette de thon grillé accompagné par une sauce faite maison et composée de tomate fraîche, d'oignon et de sauce pimentée.

Le petit-déjeuner est prévu à 8h, pour un départ à 9h. Nous nous réveillons tranquillement vers 7h et prenons notre temps. Et puis à 7h30, Kadek vient frapper étonné de ne pas nous voir levés. En fait, il nous apprend qu'il est 8h30. Nous n'avons pas réalisé qu'à Bali, il y avait 1h de plus qu'à Java. Heureusement qu'il est passé ! 
Du coup, cela nous laisse tout de même le temps de prendre un petit-déjeuner rapide, qui en plus est bien copieux : toasts avec beurre et confiture, omelette, fruits frais et thé. Avec ça nous sommes parés pour plonger. ;-)

Nous récupérons le matériel au club et montons dans le mini-bus en direction du port pour embarquer sur l'un des bateaux traditionnels.

Il y a environ une demi-heure de navigation pour arriver à Pulau Menjangan et les paysages sont très agréables. D'abord on aperçoit la mangrove, puis le golfe qui s'ouvre sur des eaux au bleu superbe.
Nous sommes que 5 clients sur le bateaux, un couple d'Allemands et un Suédois, très sympas. Mais nous ne sommes que tous les deux à plonger, eux souhaitent uniquement faire du snorkeling.

Pour le premier site, Batcave, le bateau accoste sur la plage pour déposer nos amis snorkelers et nous, qui partons également du bord.
Le récif est magnifique et plein de vie.

Poisson ange
Poisson clown
Crevette pedersen
Le temps de ressortir et c'est déjà l'heure du déjeuner. Du coup, nous en profitons pour échanger nos impressions subaquatiques avec le reste du bateau. :-)

Pour le second site, nous nous faisons larguer au nord de l'île cette fois, il s'agit de Coral Garden (le jardin de corail comme on dit chez nous). C'est drôle car il semblerait qu'il y ait des sites portant ce nom partout à travers le monde.

C'est un très beau site de plongée et quelques minutes après nous être immergés, une raie aigle passe à peine à quelques mètres de nous, ce qui est surprenant, elles qui sont si farouches d'habitude. Saisie par la magie du moment, Elise en oublie même d'allumer la GoPro pour filmer.


Raie aigle




Bernard l'hermite
Vue sur le récif
Le site finit sur un plateau très riche en vie et en corail, parfait pour le snorkeling où nos trois compères du bateau barbotent tranquillement.
Nous réembarquons tous ensemble.

Arrivés au port, nous voyons des gens affluer en tenue traditionnelle : chemise blanche, sarong et turban pour les hommes ; chemisier brodé coloré, sarong et bandeau noué à la taille pour les femmes. Ces dernières portent également des paniers à offrandes pour les esprits et les dieux hindous. Bali est la seule île où la population est majoritairement hindouiste (90 %) et cette religion est devenu un marqueur fort de l'identité balinaise.

Kadek nous explique que cet après-midi, il va y avoir de grandes célébration, en vue de la préparation de Nyepi qui a lieu samedi. Il y a beaucoup de cérémonies à Bali mais Nyepi est la plus importante avec Galungan-Kuningan car elle célèbre le nouvel-an.

Certaines personnes ont même des grains de riz au niveau de la gorge, derrière les oreilles et sur la tête. 
La première fois qu'on le remarque c'est sur une jeune maman qui donne à manger à son fils d'un an. Du coup, on se demandait si ce n'était pas lui qui l'avait barbouillée de riz. Mais Kadek nous explique qu'en fait, lorsque les holymen (sorte de prêtes) bénissent les gens, ceux-ci doivent boire 3 fois d'affiler l'eau bénite et se mettre ensuite des grains de riz dans un axe soit vertical (tête, gorge) ou horizontal (oreilles) pour s'attirer de bonnes ondes pour la nouvelle année.

Une fois redéposés au club, nous nous empressons d'aller prendre notre douche car les cérémonies vont commencer. Comme notre douche est extérieur, nous entendons le cortège passer ce qui met la pression pour être prêts le plus tôt possible. ;-)
Quand nous sommes prêts, le cortège a déjà bifurqué dans de petites allées et comme nous ne savons pas laquelle, nous demandons notre chemin aux locaux. Et de nouveau, le bruit se fait entendre, nous sommes sur la bonne voie. Nous débouchons sur des vendeurs ambulants stationnés aux abords d'un terrain de verdure bordant un temple et la plage. Nous approchons timidement et nous tenons à l'écart de la foule, car nous ne savons pas si notre présence est incongrue ou pas. Encore une fois, nous sommes accueillis par de grands sourires. Nous trouvons une petite place tout au bout du terrain, à distance des gens qui participent à la cérémonie et prient.
Nous restons là un moment, quand nous apercevons pas mal de touristes qui sont en fait du côté de la plage.

Donc au bout d'environ une heure, nous finissons par nous rapprocher, tout en restant quand même à l'écart des gens qui prient.



Même les petits bout-de-chou portent la tenue traditionnelle

Épuisé par la plongée, Sylvain décide de rentrer mais, trop captivée par ce qu'il se passe, Elise reste jusqu'à la fin de la cérémonie. Donc après plusieurs moments de prière et de bénédictions par les "holymen" et un prêche du "prêtre" hindoue, la cérémonie prend fin.


"Hollymen" qui bénissent la foule




Les femmes vont récupérer leurs paniers à offrandes. Celles-ci sont apportées pour les divinités lors de la cérémonie et bénies par les holymen.
Il s'agit de panier bien garnis avec beaucoup de fruits, des fleurs... Les fruits sont tout de même récupérés à la fin de la cérémonie pour être consommés à la maison (les gens sont tout de même modestes et cela représente un certain coût pour eux). Cela diffère des petites offrandes qu'ils font quotidiennement partout devant les temples, leurs maisons, leurs commerces, qui sont placées dans des petites coupelles de forme carrée réalisées en feuille de bananier et qui comportent quelques grains de riz, des fleurs et des bâtons d'encens. Ce type plus courant d'offrandes restent où elles sont jusqu'au lendemain où on les remplace par des fraîches (même si les poules, les chiens et les oiseaux... viennent se servir dedans au passage ;-) ou qu'un touriste distrait la piétine. Comme elles sont posées souvent à même le sol, ça arrive fréquemment apparemment.

Femmes qui récupèrent les offrandes

En parallèle, les hommes porte-étendards récupèrent leurs grands drapeaux et jolies ombrelles et le groupe de musiciens de gamelan se prépare aussi à se remettre en route.

"Porte-étendards"

Groupe de Gamelan

Tout ce petit monde constitue un énorme cortège qui afflue vers la route principale. De là, les gens continuent soit sur la route qui est fermée à la circulation, soit embarquent à l'arrière de camions-bennes où ils s'entassent. Ensuite, chacun repart vers son temple, car il y en a plusieurs par village, qui sont un peu répartis par quartier. Il existe aussi les temples individuels, pour les ancêtres, protéger la maison ou honorer l'esprit du terrain. Du coup, on voit des temples partout à Bali.




Elise suit quelques temps le reste du cortège qui est à pied jusqu'au temple principal le plus proche, mais elle n'ose pas aller plus loin et gravir les marches du temple. Dans le temple, les tissus de cérémonie sont remplacés et les allées sont nettoyées en vue de Nyepi.


Voilà, pour notre première expérience de cérémonie balinaise.

Le lendemain matin nous partons pour Amed, village de pêcheurs situé en bord de mer.
Un bémo nous propose de nous y emmener. il s'agit d'un minibus qui prend des gens au fur et à mesure sur la route (et parfois qui ne part que quand il est plein).
Par contre, en cours de route, le chauffeur nous annonce qu'il nous dépose uniquement à Singaraja, la deuxième ville de Bali en terme de population (120 000 habitants) et qui représente un noeud stratégique en termes de transport car il permet de partir directement tout au sud vers la capitale, Denpassar, ou encore des villes très touristiques comme Ubud, Kuta...

Il nous laisse à une gare de bus, où un autre bémo nous accoste immédiatement. Il nous propose de nous amener à Amed, mais pour un prix faramineux. Mais il nous dit que nous ne sommes pas à la bonne gare de bus pour nous rendre à Amed. Nous lui demandons donc de nous déposer dans cette autre gare. Sur le chemin, il nous redemande si nous ne voulons pas aller à Amed avec lui toujours au prix demandé au départ.
Il finit par nous déposer au bord de la route où d'autres bemos attendent. Cela n'a en fait rien à voir avec une gare routière...

Et là, nous entamons une discussion d'une bonne demi-heure avec les chauffeurs qui demandent le même prix que l'autre au départ. Cela commence à nous gonfler, car nous sommes parfaitement conscients qu'ils demandent plus de 10 fois le prix payé par les locaux.
Donc, on dit ouvertement au chauffeur que nous sommes conscients d'être touristes et que nous voulons bien payer un peu plus que les locaux (ce qui nous ait arrivé bien entendu très fréquemment durant le voyage) mais que là, nous savons que leur prix est 12 fois supérieur à ce qu'ils font payer aux locaux et que ce n'est vraiment pas correct de leur part. On leur dit : "nous ne sommes pas de gros américains bourrés de dollars dans les poches" (qui paient tout cash sans négocier et, du coup, font grimper les prix de façon si vertigineuse que certains modes de transports deviennent ensuite inaccessibles pour les locaux).

Ils nous disent que c'est un service spécial et nous font croire que nous privatisons le minibus (pourri en plus), alors que nous savons très bien qu'ils vont embarquer des gens tout au long du trajet pour rentabiliser au maximum.
Et que de plus, ils vont nous déposer jusqu'à destination alors que c'est loin (alors qu'au final le village qu'on leur demande est avant Amed en fait, et qu'il nous déposera encore avant finalement).

Après plus d'une demi-heure de discussion, nous parvenons à faire baisser le prix à 10 fois ce que paie les locaux (grrrrrr ! ça nous énerve beaucoup, mais nous voyons bien que nous n'avons pas le choix).

Voilà, première expérience du "mauvais côté" de Bali et ce n'est malheureusement pas fini...
Le tourisme n'a pas que du bon comme nous avons déjà pu constater. On nous avait venté la gentillesse des Balinais, leur accueil... alors on rajouterait "oui, mais", certains sont en fait devenus plus obnubilés par les billets de banque que par "l'accueil Balinais". Ce que nous n'avons pas du tout ressenti sur Java, alors que les Javanais sont réputés pas sympas (apparemment).

Enfin, nous arrivons à destination et c'est l'essentiel.

Et puis, bonne surprise là encore car nous trouvons un superbe hébergement et pour pas cher, avec la climatisation et donnant directement sur la mer.

Mais du coup, c'est vrai que ça rend les choses peu compréhensibles. Il y a un paradoxe que nous ne parvenons pas à saisir : pourquoi les hébergements sont de très bonne qualité et si bon marché, ainsi que la nourriture, alors que les chauffeurs de transport s'enflamment sur les prix ? (à la pompe, le prix du carburant est moins cher que pas mal de pays d'Asie du sud-est que nous avons traversé dernièrement que ce soit les plus riches ou les plus pauvres).

Encore une fois, nous sommes prêts à payer mais pas à nous faire plus qu'arnaquer...

A notre goût, Bali est déjà devenue trop touristique et cela gâche le charme qu'on nous en avait d'écrit. D'après les habitués, les choses semblent changer très vite, pour ne pas dire "se dégrader".
Enfin, cela ne nous empêche pas de continuer à apprécier les belles rencontres que nous faisons et les endroits extraordinaires que nous découvrons. Malgré les déformations liées au tourisme, l'île conserve tout de même son charme naturel et on est toujours mieux ici qu'au 28ème étage d'une tour de La Défense, derrière un petit bureau, avec un patron qui fait la gueule et vous met la pression, après 1h30 de transports serrés comme des sardines pour arriver jusque là. ;-)

A très vite pour la suite


1 commentaire:

  1. Jolie conclusion! En effet, je ne vous plains pas trop!
    En fait, seuls les chauffeurs semblent abuser, les autres balinais semblent souriants et accueillants ainsi que les jolis poissons.
    Encore de bien belles photos, et encore un nouvel an ! merci pour ce voyage à Bali.
    Bisous les plongeurs.
    Annie

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