mardi 13 janvier 2015

Angkor partie 2

Aujourd'hui, nous commençons la journée par une bonne grasse matinée bienvenue après la longue journée de la veille. Nous partons en début d'après-midi avec notre pilote de tuk-tuk préféré en direction d'un groupe de temples un peu excentrés appelé Roluos.

Bien qu'associés aux temples d'Angkor, les constructions de Roluos sont pré-angkoriennes, elles datent du IXe siècle et furent la capitale du Royaume Khmer pendant 70 ans. Ces temples témoignent des débuts de l'architecture et du style de sculpture khmer.

Le premier des trois principaux temples du groupe est Loleil. Édifié à la fin du IXe siècle sous le roi Yasovarman Ier, son nom signifie "séjour de Harihara", c'est à dire de Vishnou et Civa. A l'époque, le temple formait une île dans un immense plan d'eau de 4 kilomètres sur 800 mètres, alimentant la capitale en eau. Aujourd'hui, il ne reste que 4 tours en briques en piteux état et surmontées d'échafaudages car en rénovation.



Tablette en sanskrit
Nous y découvrons tout de même de jolis bas-reliefs de divinités. Accolé à l'ancien temple, une pagode récente est ornée de belles fresques murales.



Pour rejoindre le second temple, nous traversons à nouveau la campagne avec ses rizières, ses buffles et ses maisons sur pilotis.



Le second temple se nomme Peah Ko et est dédié à Civa. C'est le plus ancien des temples de Roluos, il fut édifié en 879 à proximité d'un palais royal aujourd'hui disparu. Le sanctuaire est protégé par 3 nandis (taureaux sacrés) et 6 lions, symbolisant la force et le pouvoir.

Un nandi, le taureau sacré
Il est composé de 6 tours construites sur un modèle identique mais présentant chacune des portes richement sculptées avec des motifs différents.


Six dieux de la pluie (Varuna) chevauchent les têtes des serpents

Le troisième et dernier temple que nous visiterons ici est celui de Bakong. C'est le plus important du groupe Roluos. C'était un temple d'Etat dédié à Civa et datant de 881. Il est entouré de douves (900 mètres sur 700) et est bordé par un monastère contemporain.



Ce temple-montagne en grès, construit à l'image du mont sacré Meru, est remarquablement conservé.
Deux imposantes statues de nagas bordent l'allée principale, les serpents relient le monde des hommes au mont Meru. Le temple est de forme pyramidale et compte 5 étages.



A chaque palier, des statues de lions semblent monter la garde. Au quatre coin, des éléphants représentent la stabilité et la pérennité.


Centre spirituel du royaume, toutes les terrasses sont dédiées à une divinité : la première aux Nagas, la seconde à Garuda et les trois suivantes aux dieux majeurs. Autour se dressent 8 tours sanctuaires en assez bon état. La tour centrale n'a été construite qu'au XIIe siècle ce qui explique sa ressemblance avec Angkor Wat.
A nouveau, pleins de gamins se promènent ou s'ennuient dans et autour du temple.




Pour continuer l'après-midi, nous décidons de retourner à Ta Phrom. Nous avons trouvé que la première visite était trop rapide et espérons avoir moins de monde en fin de journée. Pour y aller, nouveau passage par de beaux paysages de campagne toujours aussi agréable.





Nous redécouvrons à notre rythme ce temple envoûtant, magique. Le contraste entre la force de la nature qui, à terme, réduira ce palais en un champ de ruines, et la finesse des décors est vraiment saisissant. De plus, la superbe lumière et le ciel bleu nous permettent de nous régaler avec l'appareil photo.





Le temple se vide progressivement et nous continuons de flâner dans ce décor de film d'Indiana Jones. Certains panneaux explicatifs présentent le travail remarquable de reconstruction effectué par l'équipe indienne.



La lumière décline et nous nous décidons tout de même à retourner au parking où notre tuk-tuk nous attend. Les 2 heures dans le temple sont passées comme dans un songe.





Pour notre dernier jour à Angkor, nous nous faisons une petite folie. Nous avons réussi la veille au soir à négocier une excursion privée avec chauffeur pour pas trop cher (50 € la journée). C'est le seul moyen pour accéder aux temples de Beng Mealea et de Koh Ker situés respectivement à 60 et 120 kilomètres au nord-est de Siem Reap.

Nous avons décidé de partir assez tôt pour éviter la foule sur les sites mais le chauffeur en a décidé autrement car il arrive avec plus de 30 minutes de retard sur l'horaire convenu, bloqué dans les embouteillages.
Nous pensions que la route allait être en triste état mais finalement, elle est goudronnée tout du long et les poules n'y ont pas encore fait leur nid !

Nous commençons par le temple de Beng Mealea qui a été très peu restauré et où l'on découvre un temple proche de ce que les premiers archéologues durent découvrir, les centaines de Japonais en moins... Le temple était assez peu visité jusque là, mais il a du être ajouté à leurs brochures récemment. Le nom signifie "guirlande de l'étang", il était à l'origine entouré de douves. Beng Mealea a été construit à la même période qu'Angkor Wat et possède quasiment les mêmes dimensions (108 ha).
L'allée principale est, à nouveau, bordée de nagas dont certains sont, de loin, les plus beaux que nous ayons vus. Le corps des serpents sert de rambardes et sont assemblés par un astucieux système d'encastrement.




L'entrée principale est impressionnante de par la multitude de blocs effondrés devant. On croirait presque qu'un dieu facétieux est venu jouer au chamboule-tout. On a du mal à s'imaginer comment, sur les autres temples, les archéologues ont pu réassembler les pièces de cet énorme puzzle de pierre sans en avoir les plans.





Des passerelles en bois permettent de circuler dans le site (quand des Japonais n'y stationnent pas en troupeau). Elles furent construites par l'équipe de tournage des "Deux frères", le documentaire fiction sur les deux petits tigres réalisé par Jean-Jacques Annaud.


Le reste du site est littéralement en friche et l'on peut se promener à notre guise dans les ruines en faisant attention tout de même à ne pas piétiner les pierres instables ou sculptées.
Parmi le chaos de pierres apparaissent parfois de fines sculptures ou de jolies fenêtres encore en l'état.



Aux 4 entrées sont situés de très élégants ponts qui enjambaient les douves pour conduire au sanctuaire central.


Peut-être encore plus qu'à Ta Phrom, l'ambiance ici est incroyable, malgré les nombreux touristes. C'est d'ailleurs assez étonnant car 90 % des visiteurs que nous croisons sont des Nippons, nous n'avons évidemment rien contre eux mais ils se déplacent très souvent en grands groupes de 30 à 40 personnes qui, du coup, sont assez bruyants et surtout sont en mode troupeau prêt à piétiner tout ce qui passe sur leur chemin (y compris nous !).





Notre chauffeur nous attend depuis maintenant 2 heures, nous avons pris notre temps ! Nous continuons notre route vers Ko Kher que nous atteignons en fin de matinée.

Ko Kher a été édifié sous Jayavarman IV en seulement 15 ans. Il en fit sa résidence bien que son fils retourna ensuite vivre à Angkor.


Nous traversons un premier édifice, puis une allée qui devait être couverte, mais il n'en reste plus que les colonnes dont la majorité est effondrée. Nous sommes à l'heure du déjeuner et il y a assez peu de monde sur le site qui n'en est que plus agréable. On retrouve gravé des motifs déjà aperçus précédemment : les fleurs, les Nandis, Garuda, les bassins aux ablutions...




Bassin servant pour les ablutions
Nous continuons notre route et arrivons à la construction qui fait la renommée de Koh Ker, sa pyramide (prasat Thom) à 7 étages qui culmine à 40 mètres de hauteur. C'est au pied de celle-ci que nous avons tourné la petite vidéo de bonne année ;-)


Nous faisons le tour de cette majestueuse construction et empruntons les passerelles en bois successives pour en gagner le sommet. De là-haut, la vue sur la forêt environnante, les quelques pistes en terre et les montagnes au loin vaut à elle seule le voyage.




Après avoir une nouvelle fois bien profité, nous sortons du temple et allons manger.

Le retour est assez rapide d'autant que nous piquons une série de roupillons ! Nous arrivons à l'hôtel en milieu d'après-midi.

Nos 5 jours passés à Angkor resterons sans aucun doute comme l'un des moments forts de notre voyage. Faire un classement de nos temples préférés est mission impossible tellement chaque temple est différent et a sa richesse propre. Et puis cela dépend beaucoup de la quantité de personnes présente sur le site au moment de la visite, de la lumière en fonction de l'heure, de l'âge du capitaine...
Cependant, nous avons particulièrement apprécié l'ambiance sauvage de Ta Phrom et de Beng Mealea, les mystérieux visages souriants du Bayon et l'extrême finesse du temple de Banteay Srei.
Le seul petit bémol serait vis-à-vis de la gestion du site par les autorités cambodgiennes. Le billet d'entrée pour 3 jours (minimum si l'on veut en profiter un peu) coûte 30 € ce qui n'est pas donné pour le pays. On comprend aisément qu'avec ses près de 2 millions de visiteurs par an (chiffre en augmentation chaque année), les temples représentent une véritable manne financière, mais si rien n'est fait pour améliorer la protection des sites, combien de temps pourront-ils tenir le coup ? Nous n'avons vu aucun gardien à l'intérieur des temples, chaque visiteur est donc libre de toucher ce qu'il veut, grimper partout pour faire une photo sympa, jeter ses déchets par terre... Aucune sensibilisation n'est faite avant l'entrée des touristes sur les temples et nous trouvons cela très regrettable.

En attendant notre bus de nuit qui nous ramènera à Phnom Penh, nous bouquinons et profitons de la bonne connexion internet pour surfer un peu et répondre à nos mails.
Le restaurant de l'hôtel est très bon et comme prévu, un minibus vient nous récupérer à minuit pour nous emmener à la gare routière d'où nous montons dans notre "bus-hôtel" qui ne fait pas frigo cette fois !

A bientôt pour de nouvelles aventures !

1 commentaire:

  1. Patience , patience...et voila le miracle. Ca fait du bien ce grand bol d'air à vos côtés à la découverte de ces temples comme en dehors du temps . L'environnement , les arbres , les lacs apportent aussi toute la sérénité qui fait du bien pour échapper un peu à l'atmosphère sombre et délétère qui règne par chez nous . Plein de bisous et merci pour cet instant d'évasion. Philippe

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