lundi 12 janvier 2015

Angkor partie 1

Nous parcourons les 15 km qui nous séparent de Seam Reap à travers des petits villages de campagne. La route est donc agréable et nous apprécions que le tuk-tuk soit couvert pour nous protéger du soleil.

Arrivés à Siem Reap, nous passons aux abords du marché de nuit avant de bifurquer sur la route nationale 6, le long de laquelle se situe notre hôtel, en retrait dans une petite impasse.

Nous prenons juste le temps de déposer nos sacs avant de repartir en tuk-tuk en direction de la billetterie des temples d'Angkor, située à 6 km de Siem Reap. Nous y achetons nos tickets valables pour 3 jours. Ce qui est plutôt sympa, c'est que même si notre billet ne démarre que le lendemain, nous avons le droit d'accéder aux sites dès ce soir pour assister au coucher du soleil et éviter par la même occasion la foule aux guichets demain matin.
Les temples sont parfois loin les uns des autres, le site s'étend sur 400 km² et si certains courageux optent pour visiter en vélo, nous choisissons pour notre part le tuk-tuk. 

Nous sommes le 24 décembre et le réveillon s'annonce superbe ! :-)

"Angkor" signifie ville ou capitale et en effet, les archéologues considèrent ce site comme la plus grande ville de l'ère pré-industrielle. A son apogée, elle s'étendait sur 3 000 km² et comptait 800 000 habitants. L'Empire Khmer à l'origine de cette formidable cité régna pendant plus de 500 ans, de sa fondation en 889 par Yasovarman à son effondrement au XIVe siècle à la suite d'une série de désastres (inondations, surpopulation, déforestation).

Malgré quelques récits d'explorateurs qui comparent la cité à Babel ou Rome, le lieu tombe progressivement dans l'oubli jusqu'à ce qu'au milieu du XVIe siècle, un roi cambodgien tombe en pâmoison devant les temples durant une chasse à l'éléphant. Il fait enlever une partie de la jungle qui a recouvert les temples, restaure une série de bâtiments et y installe sa cour. Il faut attendre le XIXe siècle et la visite du botaniste français Henri Mouhot pour que les occidentaux découvrent les premiers dessins d'Angkor. Durant la colonisation française, le temple d'Ankor Wat servira de symbole pour unifier l'Indochine. Lors de l'Exposition universelle de 1867 de Paris, des moulages des temples serons présentés. En 1907, le conservatoire d'Angkor est créé et a pour mission de protéger le site et de le restaurer. 

Durant le régime de Polpot, bien que les temples aient été assez protégés car considérés (à juste titre) comme témoignage du glorieux passé Khmer, certaines pierres ont été réutilisées, de nombreux objets de culte détruits et les statues fréquemment décapitées. C'est sous l'occupation vietnamienne que les militaires voient un bon moyen d'arrondir leur fin de mois en revendant des pièces archéologiques. Le commerce de l'art Khmer devient florissant et les rares gardiens payés quelques dizaines d'euros par mois ne sont pas près à risquer leur vie (et on les comprend) pour protéger des bas-reliefs qui se revendent souvent plus de 150 000 $. 
En 1994, le roi Sihanouk lance un appel désespéré pour la protection du site. La communauté internationale prend progressivement conscience de l'urgence. De nombreux sites sont aujourd'hui sous le parrainage d'un pays comme le Baphuon qui a été reconstruit par la France, le Bayon est entretenu par le Japon, les Suisses sont impliqués dans la conservation de Banteay Srei... 
Cependant, la récente construction d'un aéroport à quelques pas des temples conduit chaque année d'avantage de touristes à visiter les temples et l'absence de gardiens à l'intérieur des sites laisse l'entière liberté à la foule pour faire n'importe quoi ou presque. 

Notre premier temple sera celui de Phnom Bakheng, le plus réputé pour le coucher du soleil et pour l'atteindre, nous passons devant le fameux temple d'Angkor Wat ("Wat" signifie temple), celui aux 5 tours et dont les clichés sont connus à travers le monde. C'est le temple qui figure sur tous les billets de banque cambodgiens ainsi que sur le drapeau national. D'ailleurs la devise du Cambodge est "pays de merveilles", ce qui n'est pas faux.

Ce temple-montagne édifié au Xe siècle par Yasovarman Ier est le premier temple d'Etat d'Angkor. Comme à l'entrée de chaque temple, de nombreuses personnes (dont pas mal d'enfants) vendent des cartes postales, des magnets très moches, des livres sur le site... Comme depuis le début de notre voyage, nous décidons de ne rien acheter aux enfants, nous pensons que c'est la meilleure solution pour que les parents ne les forcent plus à ce genre de pratique. 
Après une ascension rapide sur un petit chemin en terre, nous arrivons au pied du temple. Un bruit strident et assez entêtant nous siffle dans les oreilles, nous pensons tout d'abord à une alarme mais en fait, c'est le chant d'insectes genre grillon local. 
Nous ne sommes pas tout seul, le site est bondé de monde bien que théoriquement, à partir d'un certain nombre de visiteurs, les gardiens ne laissent plus entrer les gens. A la vue de la foule compacte au sommet du temple, on se demande si les gardiens ne se sont pas endormis.

Elise se cache sur cette photo, serez-vous la retrouver ?
Au milieu des têtes nous apercevons donc le soleil (heureusement Sylvain est grand pour les photos).



Par contre, les gens grimpent partout sans aucun respect pour le monument. On voit même un monsieur perché sur une colonne sculptée pour se faire prendre en photo. Triste !
Nous avions cru pouvoir apercevoir le soleil se couchant vers Angkor Wat mais finalement, d'ici, c'est au-dessus de la forêt et du Baray est ("Baray" signifie réservoir) qu'il se couche. Le cadre reste tout de même exceptionnel et nous avons déjà hâte d'être au lendemain pour découvrir d'autres temples.

Temple de Phnom Bakheng
Notre tuk-tuk nous reconduit à notre hôtel puis nous sortons en ville pour notre dîner du réveillon.
Nous avons choisi un restaurant avec un projet humanitaire puisqu'il permet à de jeunes Cambodgiens issus de la rue ou d'orphelinats de se former dans la restauration. 
Nous avions déjà testé un restaurant de ce type à Phnom Penh et nous y avions très bien mangé.
Là, ils proposent à la fois de la cuisine locale ainsi que de la cuisine internationale. Ce sera donc rouleaux de printemps et tempuras de légumes en entrée pour ce qui est de la cuisine locale (hé oui, nous n'avons pas trouvé le foie-gras ;-), suivi d'un boeuf lok lak pour Sylvain et d'une entrecôte australienne pour Elise, le tout, accompagné de vin rouge chilien (c'est Noël quand même !). Nous finissons en douceur avec un gâteau à la banane pour Sylvain et un gâteau au chocolat pour Elise.



Après ce délicieux repas, nous décidons de faire un petit tour en ville et d'aller jeter un coup d'oeil à la carte d'un restaurant français que l'on avait repéré pour éventuellement y dîner demain.

Et là,  nous tombons sur Kévin et Délina, le couple avec lequel nous avons sympathisé à la baie d'Along et avec qui nous avions également visité Tam Coc, la baie d'Along terrestre.
Nous sommes contents de nous retrouver car nous pensions que nous n'aurions pas l'occasion de nous revoir, étant donné que leur voyage se termine bientôt et qu'ils avançaient plus vite que nous.
Nous décidons donc de dîner ensemble demain soir, 25 décembre.

Pour les visites de Noël,  nous avons opté pour "le petit circuit" (15 km) accompagnés d'un guide. Ce sont les temples les plus connus. Les touristes ne passant qu'une journée sur Angkor ne font que cette partie là (mais c'est bien dommage pour eux !). 

Le petit circuit est en orange et le grand en vert
Celui-ci comporte trois sites majeurs :
* Angkor Wat
* Ta Phrom
* Le complexe d'Angkor Thom, composé du Bayon, du Palais royal, de la Terrasse des éléphants, de la Terrasse du roi lépreux et du Baphuon

Nous commençons la journée par la visite du plus grand et plus célèbre des temples : Angkor Wat ("le temple de la ville"). 

Commencé au XIIe siècle (à peu près en même temps que Notre-Dame de Paris), sa construction a duré 37 ans et nécessita 300 000 ouvriers et 6 000 éléphants ! Ce temple construit par Sûryavarman II est dédié à Vishnou, dieu protecteur dans la religion Hindouiste. Vishnou est un des trois dieux faisant parti de la trinité hindoue (trimurti) avec Brahma (le créateur) et Civa (le destructeur).

Nous traversons les douves de 1,3 kilomètre de côté pour 190 mètres de large par un impressionnant pont de pierre menant jusqu'aux portes du temple. Les murs d'enceinte de près d'un kilomètre représentent la chaîne de montagnes sur laquelle repose le mont Meru, centre de l'univers pour les hindouistes. Une petite porte mène à une grande statue de Vishnou. 



Statue de Vishnou
Une fois les remparts franchis par la porte ouest, nous apercevons 3 des fameuses tours finement sculptées. En réalité, il en a 5 au total mais d'ici, on ne peut apercevoir que les 2 premières ainsi que la tour principale, car les 4 tours qui encadrent la tour principale sont disposées en carré, donc les 2 premières cachent les 2 de derrière. C'est bon, vous suivez ?


Nous quittons l'allée centrale, à hauteur d'une ancienne bibliothèque (qui malheureusement a été pillée) pour pouvoir apercevoir les 5 tours. Nous réalisons quelques clichés au niveau du lac, où se reflète le temple parmi les nénuphars en fleur. L'instant est vraiment grandiose ! Le Père-Noël, nous a encore beaucoup gâtés cette année. :-)
La bibliothèque

Nous nous dirigeons ensuite sur le côté du temple où une immense fresque gravée retrace les exploits de l'histoire hindouiste. Ces bas-reliefs sont somptueux et remarquablement conservés. Malheureusement, le guide ne maîtrise pas trop le sujet, mais il nous explique que c'est parce que lui est bouddhiste (c'est vrai qu'il est juste guide après tout...). Comme nous ne sommes pas très calés en religions orientales, on est un peu secs sur le sujet et l'on passe à côté de pas mal de choses...




Nous continuons ensuite à l'intérieur même de l'enceinte du temple et le guide nous laisse au pied des marches raides qui montent vers le sanctuaire et la tour centrale. Trop haut et trop chaud pour lui, il préfère rester en bas...


Le sanctuaire est une succession de couloirs, de terrasses, d'escaliers, de cours et d'allées bordées de colonnes, ainsi que d'autres tours secondaires. Un vrai labyrinthe peuplé de trésors !




On retrouve également plusieurs autels où le roi actuel, Norodom Sihamoni, a exigé le retour des statues qui ornaient autrefois l'intérieur des temples, malheureusement, beaucoup sont brisées et souvent, il leur manque la tête. Parfois, ces têtes ont été pillées pour le compte de riches collectionneurs privés étrangers peu scrupuleux. 


Des fenêtres offrent un très joli panorama sur la forêt qui s'étend à perte de vue et, sur un côté, on domine la grande allée centrale.



Nous flânons ici un moment car le cadre est vraiment somptueux, avant de faire la queue pour redescendre vers notre guide. Ce dernier nous emmène ensuite derrière le temple et nous montre une avancée au bout de laquelle il semble manquer des marches. En fait, il n'y avait pas d'escalier, cela permettait au roi de monter directement sur le dos des éléphants à partir du palais. La marche est haute, c'est vraiment impressionnant !


Nous ressortons du temple par derrière, où nous attend notre tuk-tuk.




Ensuite, direction Ta Phrom, temple notamment rendu célèbre par l'adaptation du jeu-vidéo Tomb Raider au cinéma et qui attire les foules depuis. Personnellement, nous n'avons pas vu le film, ni croisé Angelina Jolie, mais retrouvé d'autres clichés de ce temple qui nous étaient connus, notamment ceux avec les arbres immenses aux racines interminables et qui s'infiltrent entre les pierres des constructions. Il s'agit de banians, également appelés fromagers car c'est avec ce bois que sont fabriquées les boîtes de camemberts (entre autres).





A ce sujet, un enfant français de 7-8 ans nous a bien fait rire en disant au guide qui les accompagnaient lui et sa famille :
"Mais si je comprend bien, si cet arbre s'appelle un fromager, c'est qu'il y pousse des fromages dans ses branches". 
On a trouvé un arbre pour Sylvain ! ;-)


Ce temple a été construit sous Jayavarman VII à la fin du XIIe siècle. Si le site a été nettoyé de la mousse, de la végétation rase et en partie reconstruit par des techniciens indiens, le but est de le laisser un maximum en l'état. Tous les arbres qui ne menacent pas directement le temple ont été conservés.


Bien qu'il y ait beaucoup de monde à l'intérieur, dont pas mal de groupes de Japonais, l'endroit est splendide et il y règne une ambiance assez incroyable ! On se prend au jeu et l'on s'imagine dans la peau des premiers découvreurs de ce site.



Nous apprenons tout de même quelque chose grâce au guide ! A l'origine, ce temple comme beaucoup d'autres à Angkor, était initialement bouddhiste et les effigies du bouddha ont toutes été cassées, détruites ou reconverties lors du passage du roi et de la population à la religion hindouiste. A d'autres endroits, on constate que la pierre a été "grattée" et que le trou qu'il reste correspond parfaitement à la silhouette du bouddha. Ailleurs se sont les bouddhas gravés sur les colonnes qui ont été retravaillés à la sauce hindouiste, donc les traits de gravure se superposent.

Bouddha regravé dans une position plus hindouiste
Nous avons droit à une visite expresse de la part du guide, qui, pour tenté d'écourter sa journée, ne cesse de nous demander "vous n'êtes pas fatigués ?", "vous ne voulez pas rentrer à l'hôtel vous reposer ?"... un peu pénible à force. 
Nous allons ensuite déjeuner, le guide nous fait déposer dans un restaurant où il a certainement une commission. L'attrape-touristes par excellence ! C'est cher par rapport à d'habitude (plus du double pour les mêmes plats) et la qualité de la nourriture est médiocre. Le guide ne mange même pas avec nous.
Nous le retrouvons juste après notre déjeuner et il nous annonce qu'il ne reste plus qu'un temple, le Bayon.

Le Bayon est le centre de l'ensemble de temples d'Angkor Thom. Fondé à la fin du XIIe-début du XIIIe siècle par Jayavarman VII, il est surnommé "la montagne magique". Celui-ci est célèbre grâce à ses 54 tours arborant de mystérieux visages souriants sur ces 4 pans. Chaque tour représente l'une des provinces de l'Empire Khmer.


Les 4 visages illustrent les 4 vertus de Bouddha : la sympathie, la pitié, l'humeur égale et l'égalité. C'est absolument sublime !





Là encore, le guide nous laisse au pied des escaliers et nous sommes ravis de pouvoir prendre tout notre temps et d'aller à notre guise. C'est tellement beau et impressionnant que l'on avance très lentement. Plus de 10 000 personnages ont été recensés sur les bas-reliefs.




Il est à peine 14h lorsque nous ressortons du temple, le guide nous annonce alors que la journée est finie... nous avions loué ses services pour toute la journée, nous sommes partis de l'hôtel à 9h seulement et comptions initialement rester jusqu'au coucher du soleil vers 17h30. Il nous dit que comme nous avons déjà assisté au coucher du soleil la veille ce n'est pas la peine, que c'est mieux que nous fassions le lever du soleil demain.

Nous lui sortons notre plan de "la petite boucle" et les temples qu'il reste à faire dans celle-ci. Nous voulions notamment voir la terrasse des éléphants et celle du roi lépreux qui paraissaient très jolies d'après ce que nous avions lu. Et le guide de nous répondre "bah je vous les ai montrés quand on est passé devant avec le tuk-tuk". Oui, certes, mais nous on veut y marcher, se balader, prendre des photos, voir les bas-reliefs, enfin visiter quoi ! 

Du coup, nous reprenons le tuk-tuk, il nous fait déposer au pied de la terrasse et s'apprête à repartir 2 minutes après. Sauf que nous, nous continuons notre chemin car c'est vraiment magnifique et il y a plein de détails à observer. La terrasse date de la même époque que le Bayon. Des éléphants sont effectivement sculptés en reliefs sur une immense fresque de 350 mètres de long et au bout de la terrasse, leurs trompes servent de colonnes.



Sur l'autre terrasse de 6 mètres de long, celle du roi lépreux (Jayavarman VII serait mort de la lèpre) sont représentées des créatures fantastiques de la religion hindoue, comme le garuda, avec son bec de rapace ou le serpent géant naga.


Nous voulons aussi rentrer dans l'enceinte du Palais royal mais le guide nous dit qu'il n'y a rien à voir car il ne reste plus que les fondations. Oui mais nous, ça nous intéresse quand même. En effet, la pierre était réservée aux temples religieux tandis que les habitations étaient en bois, ce qui explique qu'elles n'ont pas résisté au temps.

Nous continuons donc la balade et le guide se sent obligé de nous suivre, pour arriver jusqu'au Baphuon, un nouveau temple qui vaut vraiment la peine d'être visité en plus. Celui-ci est une sorte de pyramide aux étages de forme rectangulaire, à laquelle on accède via un pont de pierre.


Le guide nous abandonne à nouveau au pied des marches, celles-ci sont assez escarpées mais de là-haut, c'est superbe. On accède à des "coursives" couvertes d'un toit en forme d'ogive et cernées sur les côtés par des colonnes. Et puis nous continuons de grimper à l'avant-dernier étage (le tout dernier est fermé car devenu instable) et le panorama est très agréable.



Le guide nous attend en-bas et nous montre quand même une chose, l'arrière du temple qui représente un bouddha couché. C'est d'ailleurs sûrement l'une des raisons qui ont rendu difficile la restauration de ce temple qu'un groupe d'archéologues français a mené durant une trentaine d'années.

En regardant bien, on arrive à distinguer le Bouddha couché
Et voilà, la journée s'achève sur cette dernière chouette visite. Nous sommes clairement déçus par la prestation du guide. 
Pour être certifié guide, il faut suivre une formation coûteuse durant laquelle ils apprennent l'histoire des temples et l'anglais. Malheureusement, ce cursus de 3 mois est très insuffisant pour comprendre et pouvoir expliquer la très riche et complexe histoire des 287 temples de la région. Nous avons senti que pour notre guide, c'était un moyen de se faire de l'argent et à aucun moment, il n'a semblé intéressé par ce qu'il expliquait. Dommage, nous sommes mal tombés. 
Cependant, nous en avons tout de même pris pleins les mirettes et nous ne sommes pas près d'oublier cette journée du 25 décembre !

De retour à Siemp Reap, nous avons rendez-vous avec Kévin et Délina pour une dînette de Noël tous les quatre. Nous avons choisi ensemble un restaurant dont nous avons lu de bonnes critiques culinaires et qui reverse une partie de ses bénéfices pour des projets humanitaires. 
La soirée passe une nouvelle fois très vite en leur compagnie. 
Et comme le lendemain nous avons déjà réservé le tuk-tuk pour réaliser le grand circuit (24 km), Kévin et Délina décident de se joindre à nous car ils ne l'ont pas encore fait. Le rendez-vous est donc fixé à 5h30 du matin pour aller assister au lever du soleil sur Angkor Wat.

Lorsque nous arrivons sur le site, il y a déjà beaucoup de monde massé au bord du lac. Il est donc difficile de réussir à prendre des photos sans avoir une tête, un téléphone ou un flash devant soi.


Heureusement, Sylvain est grand et à de longs bras ! Elise part à la quête d'une position plus dégagée sur le côté du lac.
Lorsque nous arrivons, il fait encore vraiment très sombre, on aperçoit simplement une silhouette dans la pénombre et puis la lueur du jour apparaît petit à petit.
Le spectacle est vraiment grandiose avec le temple qui se reflète sur le lac !




Nous visitons ensuite le temple Preah Khan ("l'épée sacrée du roi") qui à l'origine était une véritable ville de plus de 50 hectares entourée de douves. Cette cité abritait un monastère et une université bouddhique ainsi que 5 300 villages autour. Les 100 000 personnes qui vivaient ici consommaient, d'après une stèle, 10 tonnes de riz par jour. Près de la moitié de cette population était occupée à l'entretien du temple, il y avait également 4 500 cuisiniers et un millier de danseuses. 
Il est 7h quand nous arrivons au temple et nous sommes quasiment tous seuls, franchement cela change énormément les choses. L'ambiance n'est pas du tout la même, cela permet de profiter au maximum de l'instant, de le savourer, de se faufiler dans chaque recoin de ce "temple perdu", on se sent à la fois aventurier et un peu archéologue l'espace d'une seconde, au milieu de cette végétation luxuriante, des cris d'oiseaux et des bruits d'insectes.

Ce temple semble un peu boudé par les foules, dommage pour elles, elles ne savent pas ce qu'elles perdent, mais nous leur en sommes gré de nous laisser le champ libre.

Pour accéder à celui-ci, nous franchissons un nouveau pont de pierre orné de deux énormes têtes de Naga, dont le corps sert de rambardes et est soutenu par des gardiens de pierre.



On retrouve le style architectural du temple de Ta Phrom, une allée principale qui donne sur une tour servant de porte. Cette tour de forme carrée a donc une porte sur les deux côtés qui se font face et à l'intérieur de celle-ci, une longue allée latérale à gauche et à droite qui donne elle aussi sur d'autres portes et bâtiments. Du coup, on a envie de prendre les trois options qui se présentent devant nous, passer la porte ou continuer dans l'une ou l'autre des allées couvertes, et comme cette fois-ci nous avons tout notre temps, c'est ce que nous faisons.





Et chaque tour se succède ainsi à l'intérieur du temple. Pourtant cela ne crée pas de monotonie, on a l'impression de découvrir chaque fois un nouveau bâtiment, un nouveau patio, de nouveaux tympans, linteaux... car les scènes qui y sont gravées au centre ont toutes quelque chose de particulier.


Après le style, quant à lui, est bien homogène avec les colonnes sculptées et les Apsaras, personnalité féminine aux seins nus, aux cheveux longs et à la taille ceinte de soieries, que l'on retrouve partout.


Ici aussi on retrouve sur les colonnes des bouddhas sculptés reconvertis en personnage hindou. Les jambes, par exemple, au lieu d'être pliées dans la position du lotus, sont davantage repliées (un peu comme on s'asseyait autour d'un feu), les bras aussi on une position différentes, au lieu d'être en position de méditation sur chaque genou, la posture regravée est différente, tout comme le chapeau, qui de conique est passé à une forme plus rectangulaire en haut.
Comme à Ta Phrom la veille, nous retrouvons de nombreux fromagers dont les racines se faufilent entre les pierres.



Nous avons beaucoup apprécié ce temple tous les quatre et nous poursuivons vers le suivant.

Le site de Neak Pean est bien différent. Il a été construit par le grand bâtisseur Jayavarman VII au milieu du XIIe siècle. Nous commençons par traverser une longue passerelle en pierre pour franchir l'eau, cernée à l'entrée par deux énormes têtes de naga. Sur notre droite nous voyons une jolie forêt noyée, puis, tout à coup une grenouille sortie de nulle part qui semble courir sur l'eau. Des nénuphars en fleurs complètent le tableau.




La passerelle débouche non pas sur un temple mais sur des bassins, seul le front du bassin principal est accessible. L'accès aux deux bassins secondaires est barré, nous ne pouvons que les observer de loin.
C'est une surprise pour nous de ne pas y trouver de temple, néanmoins l'endroit et la sérénité qui y règne nous plaisent beaucoup.
Le bassin central serait une réplique du lac sacré Anavatapta, source du Gange.


Retour aux temples, avec Ta Som. Il s'agit d'un petit temple édifié à la même époque que Ta Phrom. Son entrée ouest avec sa tour aux visages est particulièrement belle. On y admire aussi une porte qui semble soutenir avec difficulté un énorme banian.



Une petite fille se promène dans le temple et joue à cache-cache avec nous.


Nous continuons notre visite par le Mebon Oriental. Ce temple était à l'origine situé sur une île, Mebon signifie "réservoir". Il est construit en forme de pyramide à base rectangulaire.

A chaque étage, un éléphant orne les quatre coins.


Les escaliers y sont assez escarpés et les marches très hautes, cela avait pour objectif d'obtenir un temple haut rapidement. Là encore, on retrouve 4 de nos fameuses tours de style angkorien, dont certaines des portes sont murées par de jolis panneaux en pierres sculptées.


Les tympans au-dessus des portes représentent eux aussi des personnages différents (éléphant tri-céphal, taureau, naga...).


La pierre est ici plus rouge que sur les autres temples visités jusque là.
On retrouve encore de la variété dans un style global qui se veut pourtant commun. Du coup, on ne se lasse pas de visiter les temples, car chacun à quelque chose de particulier finalement.

Après avoir négocié avec le chauffeur de tuk-tuk, nous partons à une trentaine de kilomètres au nord pour visiter le temple de Banteay Srei, qui semble valoir le détour. 
Pour nous y rendre, nous empruntons une toute petite route de la largeur du tuk-tuk, pendant quelques kilomètres. Nous nous retrouvons ainsi immédiatement dans la campagne avec de jolies maisons de bois sur pilotis avant de rejoindre une plus grande route, elle aussi en pleine campagne et bordée de rizières et maisons sur pilotis.




C'est un des aspects qui nous a marqué lors de nos visites, les temples sont véritablement englobés dans la forêt et des villages sont parfois situés entre les sites. Ce n'est pas du tout une zone entièrement sanctuarisée. 

Le temple de Banteay Srei est remarquable par ses sculptures et ses bas-reliefs. Ceux-ci sont tellement fins et raffinés que l'on estime que seules des femmes ont pu réaliser un tel ouvrage. La pierre utilisée ici est du gré rose qui, avec le soleil de plomb de ce milieu de journée prend une teinte très rouge.



Lorsque nous arrivons sur le site, nous sommes effectivement saisis par la beauté et la finesse des gravures, chaque centimètre carré de pierre a été sculpté avec minutie.
Au centre du temple, on retrouve également une multitude de jolies statues dont des singes gardiens protégeant le sanctuaire du roi, auquel les visiteurs n'ont pas accès.



Les linteaux des portes sont ornés de scènes de la mythologie brahmanique. On peut y reconnaître Civa et le taureau sacré Nandi, Indra et son éléphant ou encore les nombreux motifs floraux. On pourrait passer des heures à regarder ces scènes qui sont tels des livres d'histoire. La chaleur étouffante nous dissuade cependant de nous attarder trop longtemps au soleil.


L'heure du déjeuner est déjà bien avancée et au retour notre chauffeur nous dépose dans un nouveau restaurant très touristique. Nous lui expliquons donc que nous cherchons quelque chose de plus local et de moins cher (sous-entendu moins "attrape-couillons"). Il a parfaitement compris et il nous amène finalement juste en face de Mebon oriental, le temple visité juste avant Banteay Srei. 
Des femmes se ruent sur nous pour que nous choisissions leur restaurant. Donc nous nous retrouvons chacun avec une hôtesse différente qui essaie de nous attirer dans ses filets. Kévin exerce donc ses talents de négociateur et au lieu de la carte avec les prix pour touristes, nous avons le droit à exactement la même mais pour deux fois moins cher. Nous n'avions encore jamais vu ça, les restaurants ont deux cartes identiques, même plats proposés, mêmes boissons, mais seuls les prix diffèrent entre les deux. Nous en profitons pour inviter notre chauffeur qui à l'air de mourir de faim mais qui n'aurait sûrement pas mangé si nous ne lui avions offert le repas. 

Nous voilà repartis avec le ventre bien plein et une furieuse envie de faire la sieste ! Le temple suivant est celui de Pre Rup ("retourner le corps" en Khmer). C'est une imposante pyramide de brique sur 3 niveaux datant de la même époque que le Mebon oriental et il est dédié à Civa. Les tours sont très érodées mais les portails aux colonnes sculptées sont très beaux. Quelques fenêtres avec les motifs classiques sont également remarquables.



Presque au bout de notre journée marathon des temples ;-), nous poursuivons par la "citadelle des cellules" ou Banteay Kdei en Khmer. Ce vaste monastère bouddhique de la fin du XIIe siècle est très étendu, s'étirant sur plusieurs centaines de mètres. Une fois de plus, les bas-reliefs sont extrêmement variés et raffinés. On se balade dans cette succession de cours, de salles et de passages voûtés avec délectation.




Pour finir la journée, nous traversons simplement la route pour rejoindre Kévin et Délina qui nous avaient abandonné sur le temple précédent car ils l'avaient déjà visité la veille. Ils font la sieste sur le Sras Srang, "le bassin aux ablutions". C'est en fait une piscine royale creusée, une fois de plus, sous le règne de Jayavarman VII en 953. Les escaliers et terrasses qui bordent cette "petite" piscine de 800 mètres sur 400 sont décorés de statues de lions et de nagas.



Après cette journée bien remplie, nous nous accordons un petit break à l'hôtel le temps de prendre une bonne douche et de souffler un peu.


Le soir, nous retrouvons Délina et Kévin pour le dîner mais aussi un autre couple de voyageurs, Vincent et Céline que nous avions croisés à Cuzco, à quelques kilomètres du Cambodge !  ;-)
La soirée est très sympa et chacun raconte ses expériences de voyage. C'est toujours intéressant d'être aller dans les mêmes pays et d'échanger ses points de vue sur les choses. Nous nous souhaitons bonne route car cette fois, nous ne les recroiserons plus, c'est sûr. Kévin et Délina filent terminer leur voyage sur une des îles paradisiaques de Thaïlande et Céline et Vincent descendent au sud vers le Vietnam. 

Pour notre part, nous avons encore deux jours pour continuer à découvrir les splendeurs d'Angkor avec toujours autant d'émerveillement.

Album photo par ici

1 commentaire:

  1. Magique, grandiose, splendide, notre patience est grandement récompensée...Magnifique visite avec des guides charmants et compétents ! Nous, on les a bien choisis nos guides! Les photos des temples avec cette nature qui reprend ses aises, les adorables bambins et le paysan dans son champs font rêver, et les commentaires sont passionnants.
    Les frites avec les baguettes, c'est facile ?
    Merci, merci, merci. Autant de bisous que de photos.
    Annie

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