Nous arrivons donc dans l'après-midi à Mandalay.
Nous décidons de marcher pour rejoindre les hôtels que nous avions repérés.
Nous sommes assez surpris par le prix des logements par rapport au niveau de vie ici. En effet, bien que le Myanmar soit bien plus pauvre que la Thaïlande, ou même que le Vietnam, il revient plus cher de s'y loger, pour des chambres d'un moins bon standing en plus. Nous ne savons pas si cela est du au relatif manque d'offre par rapport à la demande ou au gouvernement qui taxe les établissements, sûrement un peu des deux.
Nous cherchons donc les adresses les plus économiques possibles. Pour vous donner un exemple, des chambres qui valaient autour de 7$ sont passées à plus de 20$ en moins de deux ans.
Nous finissons donc par trouver notre bonheur et Alain et Martine choisissent de rester dans le même hôtel que nous.
Le lendemain matin nous décidons de visiter la ville de Sagaing.
Nous prenons un pick-up, camionnette collective, qui ne part que lorsqu'il est plein. Nous sommes les premiers passagers et il nous faudra patienter plus d'une heure pour qu'il soit enfin plein (à craquer).
En attendant, l'homme en charge de dénicher des passagers propose à Sylvain de goûter le bétel. Il s'agit de morceaux de noix de bétel (ou noix d'arak) et parfois de tabac, enroulé dans une feuille de bétel enduite avec de la chaux, on met le tout dans la bouche et on le mâche. Sous l'effet de la salive, cela devient un liquide rouge vif comme du sang que l'on crache par terre. Les hommes ici en raffolent et en consomment à tout va, donc on voit partout dans la rue et sur les trottoirs ces flaques rouges parfois grumeleuses (c'est charmant !). D'après Sylvain cela fait beaucoup saliver, il en a même du mal à parler et le goût est loin d'être extraordinaire. Mais d'après les locaux, il semblerait que cela serve de coupe faim, procure un certain bien-être et serve également de vermifuge.
Autre pratique sympathique, les gens ici se raclent le nez et la gorge puis crachent par terre à tout bout de champ (on a un peu de mal avec ça), c'est pour cela que nous ne trouvons pas de mouchoirs en papier à acheter.
L'autre produit très apprécié des Birmans est le thanakha, enfin principalement des Birmanes et des jeunes Birmans. Il s'agit de leur produit de beauté par excellence, dont ils se couvrent les joues et parfois le nez et le front, voir même tout le visage. Ils en mettent souvent aux enfants.
Il s'agit d'une crème jaune pâle obtenue à partir de l'écorce d'un arbre qui pousse ici. Cela se vend soit sous forme de bûchette que l'on frotte ensuite sur une pierre avec un peu d'eau pour pouvoir obtenir la pâte à étaler, soit déjà tout prêt dans un petit pot où il suffit d'humidifier le produit pour pouvoir l'étaler. Parfois, les femmes jouent à dessiner des motifs, le plus souvent des feuilles d'arbres.
Cette crème servirait à se protéger du soleil, à éviter la transpiration et pourrait avoir des vertus antiseptique. Une femme en avait mis à Elise au marché de Bagan, et l'odeur était vraiment agréable, mais si on aurait plutôt cru à un maquillage de carnaval ;-).
Nous sommes finalement 37 passagers quand nous quittons enfin la ville, dans un pick-up qui ne peut en contenir qu'une quinzaine.
Au XIVe siècle, Sagaing fût l'une des quatre capitales royales de la région.
Nous commençons par visiter la pagode U Ponya, construite en 1312 et perchée sur la plus haute colline de Sagaing.
Nous avons donc une vue imprenable sur la ville et le fleuve Irrawaddy, même si la brume de chaleur est de la partie.
D'impressionnantes allées de bouddhas sont intégralement décorées avec des petits morceaux de miroirs brisés, grande spécialité du Myanmar.
Nous poursuivons ensuite vers une seconde pagode située à quelques centaines de mètres de là. A l'intérieur, une bonzesse prie au pied d'un énorme bouddha.
Sur le côté est disposée une statue de lapin, censée porter bonheur. Plus loin, ça sera une statue de grenouille. Il y a plein d'animaux sacrés dans le bouddhisme, mais au Myanmar, c'est la grenouille qui revient le plus souvent. Elle symbolise la richesse.
De la terrasse nous apercevons le fameux pont de Sagaing.
Nous décidons ensuite de redescendre en ville manger un morceau.
Nous tombons en chemin sur une petite gargote pleine de locaux.
Un bonze vient discuter avec Sylvain pendant qu'Elise est partie chercher les boissons.
Nous reprenons notre route et ne tardons pas à déboucher sur le fleuve. Du coup, on se rend compte qu'à l'issue des marches pour redescendre de la pagode nous sommes partis dans la direction opposée de la ville.
Néanmoins, nous sommes ravis de nous être "perdus" car au bord de l'eau nous assistons de nouveau à des scènes de la vie courante qu'on ne se lasse pas de contempler : toute la famille qui fait sa toilette les pieds dans l'eau (les hommes portent le longyi des pieds à la ceinture et les femmes un genre de robe).
Un monsieur en profite pour effectuer quelques brasses, un pêcheur lève ses filets non loin de là.
Nous passons notre chemin et finissons par déboucher sur une petite ruelle résidentielle. Il semble curieux pour les gens que nous soyons ici et beaucoup de villageois nous saluent sur notre passage.
Et puis, par hasard, nous tombons sur un luthier qui confectionne des guitares sèches. Face à notre curiosité, il nous invite à nous asseoir quelques instants pour le regarder travailler et accorder ses futurs instruments. Il est aidé par son fils qui fabrique les mêmes mais en modèle réduit. Il vend les grandes pour 20 €, pas très pratique dans le sac à dos, dommage !
Nous poursuivons notre route en quête d'un pick-up pour nous ramener vers Mandalay. Nous débouchons par hasard sur une voie rapide, où l'on aperçoit ce qui ressemble à un arrêt de bus. Les gens, toujours aussi adorables, nous indiquent que l'arrêt pour Mandalay est celui de l'autre côté de la voie.
Puis, c'est un monsieur qui arrête les bus pour nous, afin de nous trouver de la place. Le 5ème sera le bon. Il n'y a de la place que sur deux strapontins dans l'allée et avant même que nous les ayons atteints, les autres passagers les ont dépliés pour nous (quand on vous dit qu'ils sont adorables les Birmans !).
De retour à Mandalay, nous nous rendons dans le quartier où sont fabriquées les feuilles d'or qui servent d'offrandes dans les temples.
Il faut 24 grammes d'or pour faire 2 200 feuilles d'or.
Les artisans les obtiennent en frappant inlassablement un mini-lingot afin de le rendre de plus en plus fin. Ils sont donc cassés en deux une demi-heure durant à jouer de la massette.
Nous partons ensuite dîner dans un restaurant recommandé par le Guide du routard pour sa cuisine typique et locale.
Il s'agit en fait d'un buffet birman. On choisi la plupart du temps un curry, c'est-à-dire quelques morceaux de viande marinés dans un curry très épicé et les serveurs apportent ensuite tout un assortiments de légumes, sauces épicées, feuilles de thé macérées, poissons séchés, accompagné de riz à volonté... C'est la deuxième fois que nous y goûtons et nous confirmons que ce n'est pas trop à notre goût. Si certains légumes s'en sortent pas trop mal, le tout baigne toujours dans énormément d'huile, donc quand on arrive au fond de la coupelle c'est vraiment écoeurant. Ne souhaitant pas manger épicé cette fois, Elise a choisi de prendre une omelette à la place du curry. Elle n'avait jamais goûté d'omelette aussi grasse, à tel point qu'elle est obligée de l'éponger avec des serviettes. Cela devient très gênant car les serveurs sont tellement aux petits soins qu'ils ne cessent de nous apporter de nouvelles serviettes. Et le clou revient au dessert, sorte de doubitchous dont les locaux sont vraiment fiers de nous servir et insistent à chaque fois pour que nous en prenions. On connaissait depuis notre premier dîner à Yangon et on s'en serait largement passé, mais face à leur insistance, on ne peut refuser. C'est un truc hyper sucré, très compact et sans vraiment de goût à part celui du sucre.
Après cela, nous allons assister au spectacle des Moustache Brothers. Il s'agit d'une troupe familiale qui parcourait le pays avec ses spectacles traditionnels de danses, mimes et théâtre. Les deux frères Par Par Lay et Lu Maw dirigaient la troupe avec leur cousin Lu Zaw.
Le jour anniversaire de l'indépendance du pays, le 4 janvier 1996, ils donnèrent une représentation à Yangon devant Aung San Suu Kyi. L'un d'eux lâcha cette plaisanterie, entre autres : "J'ai été me faire soigner les dents à Bangkok. Le dentiste m'a demandé pourquoi je venais le faire en Thaïlande. Je lui ai répondu : car personne au Myanmar n'ose ouvrir la bouche". Cela n'a pas fait rire les généraux et le lendemain matin, les deux frères étaient arrêtés, emprisonnés et condamnés à 7 ans de travaux forcés...
Grâce aux pressions internationales, ils ont été libérés après 5 années de détention, mais avec interdiction se produire en dehors de leur maison. Depuis, Par Par Lay a été arrêté et relâché 3 fois. Il est depuis décédé suite aux conditions inhumaines subies durant les travaux forcés (il semblerait que ça soit l'eau saumâtre servie aux prisonniers qui soit à l'origine de sa longue maladie).
Sur la petite scène de la maison familiale, on sent que l'absence du frère, leader de la troupe, plombe un peu le spectacle qui n'est pas exceptionnel.
Cependant, ils osent dire tout haut ce que nombre de Birmans pensent certainement tout bas. Ils parlent de la corruption des militaires, de leur implication dans le commerce de l'opium, des pots-de-vin touchés par les policiers... et continue leur combat pour pouvoir exercer leur métier et leur passion.
Venir ici était, au-delà du spectacle, un acte pour soutenir cette famille. Aujourd'hui, la salle était comble et c'est tant mieux.
Le lendemain nous visitons la ville de Mandalay. Nous contournons l'ancien palais qui abrite aujourd'hui des militaires et leur famille.
L'enceinte carrée fait plus de 1 600 mètres de côté.
Nous suivons les larges douves surmontées de hauts murs d'enceinte de près de 9 mètres et nous nous rendons jusqu'à la pagode de Khuthodaw, avec ses 729 stupas blancs à perte de vue et qui abritent chacun une stèle d'albâtre gravée avec des textes sacrés. Il s'agirait donc de la plus grand bibliothèque à ciel ouvert du monde.
Puis nous enchaînons avec celle de Sandamuni, où un groupe de jeunes filles qui nous prennent en photo et se font prendre en photo chacune leur tour avec nous.
Là aussi, chacun des stupas protègent une stèle de marbre gravée avec les 1 774 canons bouddhistes.
Sylvain décide de manger sur le pouce, Elise fait l'impasse sur le déjeuner écoeurée par toute l'huile ingurgitée ici.
Nous poursuivons notre découverte de Mandalay par la visite de la maison du Roi Mindon (ou monastère Shwe Nandaw).
En fait, à la mort du Roi Mindon, son fils décida de faire déplacé les appartements de son père et de les transformer en monastère pour les bonzes. Et bien lui en a pris, car aujourd'hui il s'agit du seul bâtiment restant de l'ancien palais. Le site de l'ancien palais ayant été bombardé pendant la guerre, l'ensemble des bâtiments y restant furent détruits.
Il s'agit d'une construction tout en bois et gravée des façades jusqu'au toit. C'est vraiment magnifique et cela donne une idée de ce à quoi pouvait ressembler les palais à cette époque (la pierre était réservée aux bâtiments religieux).
En sortant, nous nous offrons une petite pause à l'ombre et un bonze ne tarde pas à venir s'installer sur le banc en face de nous. Il insiste pour que Sylvain le prenne en photo et engage la discussion. Il demande à Elise s'il peut essayer ses lunettes de soleil, mais une fois sur son nez, il nous dit : "hé mais je suis complètement aveugle avec ça !" ;-)
On lui explique qu'avec nos yeux clairs, on craint beaucoup le soleil.
Nous montons ensuite jusqu'à la pagode au sommet de la colline et empruntons les 1 700 marches pour la rejoindre.
Ici, nous devons nous déchausser dès les escaliers et non pas seulement au moment de rentrer dans la pagode. Le problème c'est que les escaliers ne sont jamais nettoyés et absolument dégoûtants. Nous avons donc les pieds noirs de crasse en pénétrant dans la pagode, mais ici, c'est comme ça. En Thaïlande, les lieux de culte sont vraiment entretenus et on laisse ses chaussures qu'au moment de rentrer dans chacune des pagodes, pour ne pas en salir l'intérieur. Pays différent, coutumes différentes.
Sur le chemin, nous croisons quelques écureuils gris qui se promènent. De nombreuses pagodes et oratoires bordent les escaliers et plusieurs stands d'astrologues sont installés. Peu avant le sommet, un grand Bouddha doré pointe son index vers le palais royal.
Ça y est, nous arrivons enfin au sommet et la vue est vraiment agréable.
Maintenant il va falloir attaquer les marches dans l'autre sens...
Le soir, nous étions décidé à aller voir un spectacle de danse, mais la compagnie ne joue plus. Nous avons donc notre tablette pour nous consoler et regarder un film à la place.
Le lendemain matin, nous décidons de visiter la ville voisine d'Amarapura à 13 km de Mandalay et pour nous y rendre, nous empruntons une nouvelle fois un pick-up. Nous en voyons passer pas mal avec des bonzes assis sur leur toit.
Sur le trajet une dame assise en face de nous, se met quelques fleurs dans les cheveux. C'est l'une des coquetteries courantes des femmes ici avec leur longyi qu'elles assortissent souvent à leur chemisier et puis le thanakha qu'elles se mettent sur les joues. Elles n'ont pas de maquillage, ne porte jamais de vêtements au-dessus du genoux et ont quasiment toujours les épaules couvertes. C'est un style très sage et assez uniforme, mais elles restent néanmoins très féminines.
Du coup, cette dame offre à Elise une petite branche de fleurs à se mettre dans les cheveux aussi. ;-)
C'est pour tous ces petits moments d'échange et de partage que nous aimons prendre les transports locaux. On échange des regards, des sourires, et parfois plus.
Amarapura est connu pour le pont U Bein et Mahagan-dhayon, le monastère où il est "possible" de voir les bonzes se mètrent en rang afin d'aller déjeuner à 10h15 précisément.
Malheureusement, le triste spectacle des touristes autour de la cérémonie est vraiment navrant, peut-être même encore plus que ce à quoi nous avions assisté à Luang Prabang au Laos. Nous arrivons sur place et sommes déjà un peu gênés de pouvoir rentrer dans le monastère comme ça. Des bonzes font leur toilette dehors et sont juste couverts sous la taille. Et là, nous croisons d'autres touristes qui les mitraillent, y compris les enfants (ça serait sympa d'avoir chaque matin une dizaine de personnes qui viennent vous photographier dans votre salle de bain, non ?).
Mais finalement avec le recul, on se dit presque que "jusqu'ici tout va bien". Nous arrivons aux abords de la cantine des bonzes, et là, ce sont plus d'une centaine de personnes qui sont amassées devant, on ne distingue même pas les moines parmi la foule. Cette cérémonie est effectivement indiquée dans les guides (Routard, Lonely) et c'est d'ailleurs ce qui nous a conduit là nous-même (grosse erreur !). Mais surtout, elle est à présent au programme des tours organisés (et là c'est le drame !), car c'est une dizaine de cars qui déversent leurs passagers quotidiennement. Et avec cet effet de masse les gens semblent mettre en stand-by la matière grise située entre leurs deux oreilles. Les bonzes sont rangés en deux longues files et certains touristes passent au milieu des rangs pour les prendre toujours de plus près (malgré la présence de bonzes qui tentent de maintenir un périmètre à ne pas franchir par respect pour cette cérémonie et pour les bonzes).
Le tout se déroule dans un brouhaha assourdissant, alors que les bonzes respectent le silence que le lieu impose. D'autres montent sur des stèles gravées et sacrées et font mine de ne pas comprendre lorsqu'on leur demande de descendre. Et enfin, l'apothéose, les gens rentrent dans le réfectoire pour prendre les bonzes en train de manger, malgré les panneaux d'interdiction de rentrer partout sur les murs (vous imaginez 200 personnes agglutinées devant la cantine de votre boulot pour vous prendre en photo en train de manger). On croit halluciner, c'est désespérant !
Voilà tous les effets du tourisme que l'on déteste ! La bêtise humaine dans toute sa splendeur. On se demande "mais qu'est-ce qu'on fout là ????".
Et le pire, c'est que ces gens sont accompagnés par des guides qui les laissent faire.
C'est vraiment dramatique et cela ne serait pas étonnant que le monastère en arrive à fermer ses portes au public. Ça serait même presque souhaitable.
Et à peine 10 minutes après, une fois les cartes mémoires de leurs appareils photo bien remplies, le flot se retire d'un coup pour réembarquer à bord de leur bus (ouf !).
Et c'est là en fait que ça devient le plus intéressant.
Nous nous tenons toujours en retrait, mais ce sont les bonzes qui viennent à nous pour discuter.
L'un d'eux est âgé de 23 ans seulement et il nous dit que cela fait 7 ans qu'il est rentré au monastère.
Il regrette de ne savoir pas mieux parler anglais, car au sein du monastère, on ne leur dispense que 3 mois de cours d'anglais, à son grand regret. Du coup, c'est un moyen pour lui d'entretenir son anglais, voir même d'apprendre davantage.
Il s'excuse car il voudrait vraiment discuter davantage avec nous et il connaît même quelques mots de français.
Dans le monastère, il y a même des classes pour les enfants les plus démunis où les cours sont dispensés par des bonzes (car l'école est payante ici).
Des gens travaillent à la construction de nouveaux bâtiments et nous saluent dès que nous passons près d'eux.
Et ça, ça n'a pas de prix ! Au moins il y a un minimum d'échange, aussi bref soit-il.
Nous repartons gentiment en direction du pont enjambant le lac Taungthaman. Construit en 1849, c'est le plus long pont du monde construit en teck : 1 200 mètres de long ! Le bois a été récupéré sur un palais alors abandonné.
Là encore, le panorama est superbe et nous prenons le temps de le contempler (les cars doivent certainement faire juste une photo du pont de loin).
Nous le traversons entièrement jusqu'à atteindre un charmant petit village où, là encore, les gens nous saluent. En fait, lors de la mousson, le pont permet de relier cette rive considérée comme la campagne à l'autre, "la ville".
Nous déjeunons au bord de l'eau parmi les locaux (les groupes restent de l'autre côté du pont), avec des pêcheurs sous les yeux et les doigts de pieds en éventails. On apprécie beaucoup le calme et la sérénité qui règnent ici.
Après avoir fait un petit tour du village, être passés devant l'école et visités dans la pagode Kyauktawgyi avec ses superbes fresques murales et où les étudiants se retrouvent en ce début d'après-midi, nous rebroussons chemin.
Là aussi, nous nous égarons un peu sur le chemin du retour et atterrissons dans le quartier des ateliers de tissage. On entend le ronron mécanique des métiers à tisser tout au long de la rue. Une porte est grande ouverte et l'on aperçoit de jeunes filles en train de mettre en place les écheveaux qui serviront de support pour embobiner les fils. On leur demande si on peut s'approcher un peu et, encore une fois, nous sommes accueillis avec de grands sourires. Elles nous emmènent même dans le recoin au fond de l'atelier où sont disposés les métiers permettant de tisser ce qui deviendra des longyi. Elles ont l'air super fières de nous montrer leur atelier et nous nous sommes ravis d'être là. Les personnes qui s'affairent sur les machines nous saluent également par des mines réjouies.
Il s'agit de vieilles machines mécaniques japonaises et on les plaint de travailler dans des conditions pareilles car le martellement des engins est vraiment assourdissant.
Mais on trouve cela hyper intéressant de voir comment ça fonctionne !
Plus loin dans la rue, c'est un monsieur qui nous interpelle pour nous faire rentrer dans son tout petit atelier.
Ses tissus ne sont pas à vendre, c'est juste par fierté de son métier. Un jeune garçon, qui est loin d'être majeur, est chargé de relier les fils de deux bobines entres elles. Il est d'une telle dextérité, il n'a même pas besoin de regarder les fils pour faire ses noeuds. Dommage qu'il soit ici plutôt qu'à l'école.
Nous finissons par déboucher plus loin sur la route principale et trouvons par la même occasion un tuk-tuk pour nous déposer au sud de Mandalay, où nous souhaitons voir la pagode Mahamuni.
Nous descendons du tuk-tuk sur le bord de la route et, de chaque côté des marches qui mènent à la pagode, on observe des tailleurs de bouddhas en pierre (faux marbre) à l'oeuvre.
Cette pagode est très connue au Myanmar, on en a vu des photos dans plusieurs autres villes.
Un énorme bouddha doré est disposé au coeur de la pagode, seuls les hommes ont le droit de le couvrir avec des feuilles d'or, les femmes ne sont pas autorisées à l'approcher et doivent demander à un homme si elles ont des feuilles d'or à y déposer (encore une religion bien misogyne !). Elles se contentent donc de rester sur les tapis de prière et de regarder les hommes poser les feuilles d'or sur un écran TV.
Dans l'enceinte de la pagode, il y a les seules statues de bronze d'Angkor à avoir été conservées. Nous sommes ravis de pouvoir les voir car Angkor a été entièrement dépouillé de ses statues. En fait, celles-ci furent tout d'abord pillées par les Thaïs, dépouillés ensuite à leur tour par les Birmans.
Un autre petit temple abrite un énorme gong de plus de 8 tonnes.
Et voilà, il est déjà le temps de rentrer, car nous avons un bus qui part dans la soirée pour Kalaw.
Nous décidons de marcher pour rejoindre les hôtels que nous avions repérés.
Nous sommes assez surpris par le prix des logements par rapport au niveau de vie ici. En effet, bien que le Myanmar soit bien plus pauvre que la Thaïlande, ou même que le Vietnam, il revient plus cher de s'y loger, pour des chambres d'un moins bon standing en plus. Nous ne savons pas si cela est du au relatif manque d'offre par rapport à la demande ou au gouvernement qui taxe les établissements, sûrement un peu des deux.
Nous cherchons donc les adresses les plus économiques possibles. Pour vous donner un exemple, des chambres qui valaient autour de 7$ sont passées à plus de 20$ en moins de deux ans.
Nous finissons donc par trouver notre bonheur et Alain et Martine choisissent de rester dans le même hôtel que nous.
Le lendemain matin nous décidons de visiter la ville de Sagaing.
Nous prenons un pick-up, camionnette collective, qui ne part que lorsqu'il est plein. Nous sommes les premiers passagers et il nous faudra patienter plus d'une heure pour qu'il soit enfin plein (à craquer).
En attendant, l'homme en charge de dénicher des passagers propose à Sylvain de goûter le bétel. Il s'agit de morceaux de noix de bétel (ou noix d'arak) et parfois de tabac, enroulé dans une feuille de bétel enduite avec de la chaux, on met le tout dans la bouche et on le mâche. Sous l'effet de la salive, cela devient un liquide rouge vif comme du sang que l'on crache par terre. Les hommes ici en raffolent et en consomment à tout va, donc on voit partout dans la rue et sur les trottoirs ces flaques rouges parfois grumeleuses (c'est charmant !). D'après Sylvain cela fait beaucoup saliver, il en a même du mal à parler et le goût est loin d'être extraordinaire. Mais d'après les locaux, il semblerait que cela serve de coupe faim, procure un certain bien-être et serve également de vermifuge.
Autre pratique sympathique, les gens ici se raclent le nez et la gorge puis crachent par terre à tout bout de champ (on a un peu de mal avec ça), c'est pour cela que nous ne trouvons pas de mouchoirs en papier à acheter.
L'autre produit très apprécié des Birmans est le thanakha, enfin principalement des Birmanes et des jeunes Birmans. Il s'agit de leur produit de beauté par excellence, dont ils se couvrent les joues et parfois le nez et le front, voir même tout le visage. Ils en mettent souvent aux enfants.
Cette crème servirait à se protéger du soleil, à éviter la transpiration et pourrait avoir des vertus antiseptique. Une femme en avait mis à Elise au marché de Bagan, et l'odeur était vraiment agréable, mais si on aurait plutôt cru à un maquillage de carnaval ;-).
Nous sommes finalement 37 passagers quand nous quittons enfin la ville, dans un pick-up qui ne peut en contenir qu'une quinzaine.
Au XIVe siècle, Sagaing fût l'une des quatre capitales royales de la région.
Nous commençons par visiter la pagode U Ponya, construite en 1312 et perchée sur la plus haute colline de Sagaing.
Nous avons donc une vue imprenable sur la ville et le fleuve Irrawaddy, même si la brume de chaleur est de la partie.
D'impressionnantes allées de bouddhas sont intégralement décorées avec des petits morceaux de miroirs brisés, grande spécialité du Myanmar.
Nous poursuivons ensuite vers une seconde pagode située à quelques centaines de mètres de là. A l'intérieur, une bonzesse prie au pied d'un énorme bouddha.
Sur le côté est disposée une statue de lapin, censée porter bonheur. Plus loin, ça sera une statue de grenouille. Il y a plein d'animaux sacrés dans le bouddhisme, mais au Myanmar, c'est la grenouille qui revient le plus souvent. Elle symbolise la richesse.
Nous décidons ensuite de redescendre en ville manger un morceau.
Nous tombons en chemin sur une petite gargote pleine de locaux.
Un bonze vient discuter avec Sylvain pendant qu'Elise est partie chercher les boissons.
Nous reprenons notre route et ne tardons pas à déboucher sur le fleuve. Du coup, on se rend compte qu'à l'issue des marches pour redescendre de la pagode nous sommes partis dans la direction opposée de la ville.
Néanmoins, nous sommes ravis de nous être "perdus" car au bord de l'eau nous assistons de nouveau à des scènes de la vie courante qu'on ne se lasse pas de contempler : toute la famille qui fait sa toilette les pieds dans l'eau (les hommes portent le longyi des pieds à la ceinture et les femmes un genre de robe).
Un monsieur en profite pour effectuer quelques brasses, un pêcheur lève ses filets non loin de là.
Nous passons notre chemin et finissons par déboucher sur une petite ruelle résidentielle. Il semble curieux pour les gens que nous soyons ici et beaucoup de villageois nous saluent sur notre passage.
Et puis, par hasard, nous tombons sur un luthier qui confectionne des guitares sèches. Face à notre curiosité, il nous invite à nous asseoir quelques instants pour le regarder travailler et accorder ses futurs instruments. Il est aidé par son fils qui fabrique les mêmes mais en modèle réduit. Il vend les grandes pour 20 €, pas très pratique dans le sac à dos, dommage !
Nous poursuivons notre route en quête d'un pick-up pour nous ramener vers Mandalay. Nous débouchons par hasard sur une voie rapide, où l'on aperçoit ce qui ressemble à un arrêt de bus. Les gens, toujours aussi adorables, nous indiquent que l'arrêt pour Mandalay est celui de l'autre côté de la voie.
Puis, c'est un monsieur qui arrête les bus pour nous, afin de nous trouver de la place. Le 5ème sera le bon. Il n'y a de la place que sur deux strapontins dans l'allée et avant même que nous les ayons atteints, les autres passagers les ont dépliés pour nous (quand on vous dit qu'ils sont adorables les Birmans !).
De retour à Mandalay, nous nous rendons dans le quartier où sont fabriquées les feuilles d'or qui servent d'offrandes dans les temples.
Il faut 24 grammes d'or pour faire 2 200 feuilles d'or.
Les artisans les obtiennent en frappant inlassablement un mini-lingot afin de le rendre de plus en plus fin. Ils sont donc cassés en deux une demi-heure durant à jouer de la massette.
Nous partons ensuite dîner dans un restaurant recommandé par le Guide du routard pour sa cuisine typique et locale.
Il s'agit en fait d'un buffet birman. On choisi la plupart du temps un curry, c'est-à-dire quelques morceaux de viande marinés dans un curry très épicé et les serveurs apportent ensuite tout un assortiments de légumes, sauces épicées, feuilles de thé macérées, poissons séchés, accompagné de riz à volonté... C'est la deuxième fois que nous y goûtons et nous confirmons que ce n'est pas trop à notre goût. Si certains légumes s'en sortent pas trop mal, le tout baigne toujours dans énormément d'huile, donc quand on arrive au fond de la coupelle c'est vraiment écoeurant. Ne souhaitant pas manger épicé cette fois, Elise a choisi de prendre une omelette à la place du curry. Elle n'avait jamais goûté d'omelette aussi grasse, à tel point qu'elle est obligée de l'éponger avec des serviettes. Cela devient très gênant car les serveurs sont tellement aux petits soins qu'ils ne cessent de nous apporter de nouvelles serviettes. Et le clou revient au dessert, sorte de doubitchous dont les locaux sont vraiment fiers de nous servir et insistent à chaque fois pour que nous en prenions. On connaissait depuis notre premier dîner à Yangon et on s'en serait largement passé, mais face à leur insistance, on ne peut refuser. C'est un truc hyper sucré, très compact et sans vraiment de goût à part celui du sucre.
Après cela, nous allons assister au spectacle des Moustache Brothers. Il s'agit d'une troupe familiale qui parcourait le pays avec ses spectacles traditionnels de danses, mimes et théâtre. Les deux frères Par Par Lay et Lu Maw dirigaient la troupe avec leur cousin Lu Zaw.
Le jour anniversaire de l'indépendance du pays, le 4 janvier 1996, ils donnèrent une représentation à Yangon devant Aung San Suu Kyi. L'un d'eux lâcha cette plaisanterie, entre autres : "J'ai été me faire soigner les dents à Bangkok. Le dentiste m'a demandé pourquoi je venais le faire en Thaïlande. Je lui ai répondu : car personne au Myanmar n'ose ouvrir la bouche". Cela n'a pas fait rire les généraux et le lendemain matin, les deux frères étaient arrêtés, emprisonnés et condamnés à 7 ans de travaux forcés...
Grâce aux pressions internationales, ils ont été libérés après 5 années de détention, mais avec interdiction se produire en dehors de leur maison. Depuis, Par Par Lay a été arrêté et relâché 3 fois. Il est depuis décédé suite aux conditions inhumaines subies durant les travaux forcés (il semblerait que ça soit l'eau saumâtre servie aux prisonniers qui soit à l'origine de sa longue maladie).
Sur la petite scène de la maison familiale, on sent que l'absence du frère, leader de la troupe, plombe un peu le spectacle qui n'est pas exceptionnel.
Cependant, ils osent dire tout haut ce que nombre de Birmans pensent certainement tout bas. Ils parlent de la corruption des militaires, de leur implication dans le commerce de l'opium, des pots-de-vin touchés par les policiers... et continue leur combat pour pouvoir exercer leur métier et leur passion.
Venir ici était, au-delà du spectacle, un acte pour soutenir cette famille. Aujourd'hui, la salle était comble et c'est tant mieux.
Le lendemain nous visitons la ville de Mandalay. Nous contournons l'ancien palais qui abrite aujourd'hui des militaires et leur famille.
L'enceinte carrée fait plus de 1 600 mètres de côté.
Nous suivons les larges douves surmontées de hauts murs d'enceinte de près de 9 mètres et nous nous rendons jusqu'à la pagode de Khuthodaw, avec ses 729 stupas blancs à perte de vue et qui abritent chacun une stèle d'albâtre gravée avec des textes sacrés. Il s'agirait donc de la plus grand bibliothèque à ciel ouvert du monde.
Puis nous enchaînons avec celle de Sandamuni, où un groupe de jeunes filles qui nous prennent en photo et se font prendre en photo chacune leur tour avec nous.
Là aussi, chacun des stupas protègent une stèle de marbre gravée avec les 1 774 canons bouddhistes.
Sylvain décide de manger sur le pouce, Elise fait l'impasse sur le déjeuner écoeurée par toute l'huile ingurgitée ici.
Nous poursuivons notre découverte de Mandalay par la visite de la maison du Roi Mindon (ou monastère Shwe Nandaw).
En fait, à la mort du Roi Mindon, son fils décida de faire déplacé les appartements de son père et de les transformer en monastère pour les bonzes. Et bien lui en a pris, car aujourd'hui il s'agit du seul bâtiment restant de l'ancien palais. Le site de l'ancien palais ayant été bombardé pendant la guerre, l'ensemble des bâtiments y restant furent détruits.
Il s'agit d'une construction tout en bois et gravée des façades jusqu'au toit. C'est vraiment magnifique et cela donne une idée de ce à quoi pouvait ressembler les palais à cette époque (la pierre était réservée aux bâtiments religieux).
En sortant, nous nous offrons une petite pause à l'ombre et un bonze ne tarde pas à venir s'installer sur le banc en face de nous. Il insiste pour que Sylvain le prenne en photo et engage la discussion. Il demande à Elise s'il peut essayer ses lunettes de soleil, mais une fois sur son nez, il nous dit : "hé mais je suis complètement aveugle avec ça !" ;-)
On lui explique qu'avec nos yeux clairs, on craint beaucoup le soleil.
Nous montons ensuite jusqu'à la pagode au sommet de la colline et empruntons les 1 700 marches pour la rejoindre.
Ici, nous devons nous déchausser dès les escaliers et non pas seulement au moment de rentrer dans la pagode. Le problème c'est que les escaliers ne sont jamais nettoyés et absolument dégoûtants. Nous avons donc les pieds noirs de crasse en pénétrant dans la pagode, mais ici, c'est comme ça. En Thaïlande, les lieux de culte sont vraiment entretenus et on laisse ses chaussures qu'au moment de rentrer dans chacune des pagodes, pour ne pas en salir l'intérieur. Pays différent, coutumes différentes.
Sur le chemin, nous croisons quelques écureuils gris qui se promènent. De nombreuses pagodes et oratoires bordent les escaliers et plusieurs stands d'astrologues sont installés. Peu avant le sommet, un grand Bouddha doré pointe son index vers le palais royal.
Ça y est, nous arrivons enfin au sommet et la vue est vraiment agréable.
Maintenant il va falloir attaquer les marches dans l'autre sens...
Le soir, nous étions décidé à aller voir un spectacle de danse, mais la compagnie ne joue plus. Nous avons donc notre tablette pour nous consoler et regarder un film à la place.
Le lendemain matin, nous décidons de visiter la ville voisine d'Amarapura à 13 km de Mandalay et pour nous y rendre, nous empruntons une nouvelle fois un pick-up. Nous en voyons passer pas mal avec des bonzes assis sur leur toit.
Sur le trajet une dame assise en face de nous, se met quelques fleurs dans les cheveux. C'est l'une des coquetteries courantes des femmes ici avec leur longyi qu'elles assortissent souvent à leur chemisier et puis le thanakha qu'elles se mettent sur les joues. Elles n'ont pas de maquillage, ne porte jamais de vêtements au-dessus du genoux et ont quasiment toujours les épaules couvertes. C'est un style très sage et assez uniforme, mais elles restent néanmoins très féminines.
Du coup, cette dame offre à Elise une petite branche de fleurs à se mettre dans les cheveux aussi. ;-)
C'est pour tous ces petits moments d'échange et de partage que nous aimons prendre les transports locaux. On échange des regards, des sourires, et parfois plus.
Amarapura est connu pour le pont U Bein et Mahagan-dhayon, le monastère où il est "possible" de voir les bonzes se mètrent en rang afin d'aller déjeuner à 10h15 précisément.
Malheureusement, le triste spectacle des touristes autour de la cérémonie est vraiment navrant, peut-être même encore plus que ce à quoi nous avions assisté à Luang Prabang au Laos. Nous arrivons sur place et sommes déjà un peu gênés de pouvoir rentrer dans le monastère comme ça. Des bonzes font leur toilette dehors et sont juste couverts sous la taille. Et là, nous croisons d'autres touristes qui les mitraillent, y compris les enfants (ça serait sympa d'avoir chaque matin une dizaine de personnes qui viennent vous photographier dans votre salle de bain, non ?).
Mais finalement avec le recul, on se dit presque que "jusqu'ici tout va bien". Nous arrivons aux abords de la cantine des bonzes, et là, ce sont plus d'une centaine de personnes qui sont amassées devant, on ne distingue même pas les moines parmi la foule. Cette cérémonie est effectivement indiquée dans les guides (Routard, Lonely) et c'est d'ailleurs ce qui nous a conduit là nous-même (grosse erreur !). Mais surtout, elle est à présent au programme des tours organisés (et là c'est le drame !), car c'est une dizaine de cars qui déversent leurs passagers quotidiennement. Et avec cet effet de masse les gens semblent mettre en stand-by la matière grise située entre leurs deux oreilles. Les bonzes sont rangés en deux longues files et certains touristes passent au milieu des rangs pour les prendre toujours de plus près (malgré la présence de bonzes qui tentent de maintenir un périmètre à ne pas franchir par respect pour cette cérémonie et pour les bonzes).
Le tout se déroule dans un brouhaha assourdissant, alors que les bonzes respectent le silence que le lieu impose. D'autres montent sur des stèles gravées et sacrées et font mine de ne pas comprendre lorsqu'on leur demande de descendre. Et enfin, l'apothéose, les gens rentrent dans le réfectoire pour prendre les bonzes en train de manger, malgré les panneaux d'interdiction de rentrer partout sur les murs (vous imaginez 200 personnes agglutinées devant la cantine de votre boulot pour vous prendre en photo en train de manger). On croit halluciner, c'est désespérant !
Voilà tous les effets du tourisme que l'on déteste ! La bêtise humaine dans toute sa splendeur. On se demande "mais qu'est-ce qu'on fout là ????".
Et le pire, c'est que ces gens sont accompagnés par des guides qui les laissent faire.
C'est vraiment dramatique et cela ne serait pas étonnant que le monastère en arrive à fermer ses portes au public. Ça serait même presque souhaitable.
Et à peine 10 minutes après, une fois les cartes mémoires de leurs appareils photo bien remplies, le flot se retire d'un coup pour réembarquer à bord de leur bus (ouf !).
Et c'est là en fait que ça devient le plus intéressant.
Nous nous tenons toujours en retrait, mais ce sont les bonzes qui viennent à nous pour discuter.
L'un d'eux est âgé de 23 ans seulement et il nous dit que cela fait 7 ans qu'il est rentré au monastère.
Il regrette de ne savoir pas mieux parler anglais, car au sein du monastère, on ne leur dispense que 3 mois de cours d'anglais, à son grand regret. Du coup, c'est un moyen pour lui d'entretenir son anglais, voir même d'apprendre davantage.
Il s'excuse car il voudrait vraiment discuter davantage avec nous et il connaît même quelques mots de français.
Dans le monastère, il y a même des classes pour les enfants les plus démunis où les cours sont dispensés par des bonzes (car l'école est payante ici).
Des gens travaillent à la construction de nouveaux bâtiments et nous saluent dès que nous passons près d'eux.
Et ça, ça n'a pas de prix ! Au moins il y a un minimum d'échange, aussi bref soit-il.
Nous repartons gentiment en direction du pont enjambant le lac Taungthaman. Construit en 1849, c'est le plus long pont du monde construit en teck : 1 200 mètres de long ! Le bois a été récupéré sur un palais alors abandonné.
Là encore, le panorama est superbe et nous prenons le temps de le contempler (les cars doivent certainement faire juste une photo du pont de loin).
Nous déjeunons au bord de l'eau parmi les locaux (les groupes restent de l'autre côté du pont), avec des pêcheurs sous les yeux et les doigts de pieds en éventails. On apprécie beaucoup le calme et la sérénité qui règnent ici.
Après avoir fait un petit tour du village, être passés devant l'école et visités dans la pagode Kyauktawgyi avec ses superbes fresques murales et où les étudiants se retrouvent en ce début d'après-midi, nous rebroussons chemin.
Il s'agit de vieilles machines mécaniques japonaises et on les plaint de travailler dans des conditions pareilles car le martellement des engins est vraiment assourdissant.
Mais on trouve cela hyper intéressant de voir comment ça fonctionne !
Plus loin dans la rue, c'est un monsieur qui nous interpelle pour nous faire rentrer dans son tout petit atelier.
Ses tissus ne sont pas à vendre, c'est juste par fierté de son métier. Un jeune garçon, qui est loin d'être majeur, est chargé de relier les fils de deux bobines entres elles. Il est d'une telle dextérité, il n'a même pas besoin de regarder les fils pour faire ses noeuds. Dommage qu'il soit ici plutôt qu'à l'école.
Nous descendons du tuk-tuk sur le bord de la route et, de chaque côté des marches qui mènent à la pagode, on observe des tailleurs de bouddhas en pierre (faux marbre) à l'oeuvre.
Un énorme bouddha doré est disposé au coeur de la pagode, seuls les hommes ont le droit de le couvrir avec des feuilles d'or, les femmes ne sont pas autorisées à l'approcher et doivent demander à un homme si elles ont des feuilles d'or à y déposer (encore une religion bien misogyne !). Elles se contentent donc de rester sur les tapis de prière et de regarder les hommes poser les feuilles d'or sur un écran TV.
Dans l'enceinte de la pagode, il y a les seules statues de bronze d'Angkor à avoir été conservées. Nous sommes ravis de pouvoir les voir car Angkor a été entièrement dépouillé de ses statues. En fait, celles-ci furent tout d'abord pillées par les Thaïs, dépouillés ensuite à leur tour par les Birmans.
Un autre petit temple abrite un énorme gong de plus de 8 tonnes.
Et voilà, il est déjà le temps de rentrer, car nous avons un bus qui part dans la soirée pour Kalaw.
Quel triste spectacle que celui de la cérémonie des moines a Amarapura. J'ai eu des frissons en lisant ce passage ... Rien a voir avec ce que nous avions vu quand nous y étions allées, il y avait bien quelques touristes, assez déplacés pour certains, mais nous étions encore en basse saison donc nous n'avons pas eu le droit aux centaines de personnes agglutinées empêchant le bon déroulement de la cérémonie ! Et heureusement !! Pour le reste, les échanges avec les locaux semblent au rendez-vous, c'est super :)
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