lundi 11 août 2014

Trek de Santa Cruz, Cordillera Blanca

De retour à Huaraz dans l'après-midi, après notre escapade pour visiter le site de Chavin, nous nous mettons en quête d'une auberge que nous trouvons facilement, puis c'est parti pour faire le tour des agences de trekking pour déterminer quelle(s) randonnée(s) nous allons faire au cours des prochains jours.
Nous avions repéré une rando, la laguna 69, dont notre guide du Lonely disait qu'elle pouvait se faire en deux jours pour accéder à un second lac très joli. Malheureusement la plupart des agences ne proposent de la faire qu'en 1 jour et bien que motivés pour la faire en 2 jours, nous n'avons pas le matériel pour pouvoir camper.

Nous nous renseignons donc sur les treks de plusieurs jours où l'agence fournit l'équipement. Il s'avère qu'il y a finalement peu de randonnées en 2 ou 3 jours (la limite que nous nous étions fixée au départ) par rapport au relief de la Cordillère blanche, où il faut monter jusqu'aux cols et redescendre dans la vallée. Par conséquent, soit les gens font qu'un seul col et du coup réalisent l'aller-retour dans la journée, soit ils partent sur plusieurs jours, au minimum 4 en général.

Le trek le plus accessible en termes de difficulté est celui de Santa Cruz qui se fait en 4 jours et c'est aussi l'un des plus pratiqués localement.


De plus, contrairement à beaucoup d'autres, il permet d'avoir des mules pour porter tout le gros équipement (gros sac-à-dos, tente, duvets, nourriture...) ce qui diminue également le niveau de difficulté.


Nous prenons un peu de temps pour réfléchir et décidons finalement de nous lancer.
C'est vrai que par rapport aux randos sur 2 jours que nous avions faites dans les Alpes, là c'est tout confort avec le guide, les muletiers, le cuistot... même pas besoin de planter sa tente ou de se faire à manger en arrivant le soir.

Rendez-vous donc dès le lendemain matin pour un départ à 6h. Nous sommes un groupe de 15 personnes finalement, soit un peu plus que ce que l'on nous avait annoncé.

Après 3h de route au pied de la Cordillera blanca, dont nous apprécions la vue, car beaucoup de sommets sont en effet enneigés, nous arrivons à Cachapampa (2 900 m) où nous attendent les muletiers et leurs bêtes de somme.
En voyant les participants, que des jeunes tous équipés de la tête aux pieds, et un couple un peu plus âge, qui ont tous l'air habitués à la randonnée, Élise se dit qu'elle va en baver.
Puis vient l'heure de la mise en route où tout le monde part très vite malgré la montée (aie, aie, ça va être dur à suivre ce rythme-là pendant 4 jours !).


Et puis au bout d'une petite heure, on voit les gens s'essouffler et fortement ralentir, nous continuons notre ascension à notre rythme et remontons pas mal de monde petit à petit. La cote n'est pas si raide et le paysage très agréable dans la vallée de Santa Cruz, nous longeons la rivière tout au long du chemin et il y a pas mal de passages de replat pour récupérer et varier les plaisirs. Sur la route, nous croisons des ânes, des vaches et d'autres personnes qui font le trek dans l'autre sens, ainsi que d'autres campements.


Nous arriverons au notre (Llamacorral) en tout début d'après-midi après 5h de marche et nous serons parmi les premiers finalement.


Les muletiers commencent à préparer le campement au bord de la rivière. 
Pour le goûter, nous avons le droit à un maté de coca bien chaud, ça permet de récupérer un peu de l'altitude et de se réchauffer, en plus de se réhydrater après l'effort.
Puis, vient le dîner, avec une très bonne soupe en entrée.
Et enfin, le temps d'aller se coucher. Malheureusement pour nous, la fermeture de la porte de notre tente est cassée, nous passerons donc la nuit à nous cailler à cause de l'humidité qui rentre dans la tente, malgré un bon duvet, notre drap à l'intérieur, notre haut et caleçon en laine pour avoir plus chaud. A 3 760 mètres en plein hiver, il fait pas chaud ! 
Au petit matin notre guide vient nous réveiller avec un maté de coca, et après la nuit que nous avons passée, nous apprécions d'autant plus l'attention.

Après un bon petit déjeuner qui nous a bien réchauffé, c'est parti pour notre seconde étape où 8h de marche nous attendent.
Nous continuons à remonter la rivière jusqu'au très joli lac de Jatuncocha, puis le paysage devient plus désertique avec de longues langues de sable.



Nous traversons ensuite la rivière pour monter jusqu'à un mirador où nous déjeunons tous ensemble. La vue est splendide, nous sommes cernés par les sommets enneigés, dont l'Artesonraju (6 025 mètres) repris par la Paramount au début de ses films (la montagne avec des étoiles en demi-cercle au-dessus).


Le guide propose de faire 2h à 3h de plus et d'aller jusqu'à un campement, les explications ne sont pas très claires, nous comprenons juste que ce n'est pas le campement où nous devons dormir et qu'il faudra faire demi-tour. Élise s'arrête en cours de route au pied du glacier et de la rivière, l'endroit tout trouvé pour une petite sieste.


Sylvain continue jusqu'au campement, qui finalement était presque à coté. C'est d'ici que partent les andinistes qui escaladent l'Alpamayo (5 949 mètres), une ascension très technique.


Mais l'intérêt en fait était de poursuivre encore un peu plus loin jusqu'à un superbe lac au milieu duquel flotte un iceberg.


Nous faisons ensuite demi-tour jusqu'au mirador où nous bifurquons pour rejoindre le campement de Taullipampa (4 250 m) à une petite heure de marche.
D'autres campements sont déjà installés en amont, le notre est plus loin mais avec une plus belle vue, c'est-à-dire à nouveau entouré de monts enneigés.



Pour la nuit, le guide nous a changé de tente et nous propose de remplir une bouteille d'eau chaude en guise de bouillotte (la même technique que mamie ! ;-). Par contre, la bouteille est dure à fermer et le goulot a du légèrement se déformer sous l'effet de la chaleur. Résultat à 2h du mat' c'est la cata, celle-ci s'est quasiment vidée dans le duvet d'Elise, qui finira la nuit recroquevillée dans le peu d'espace qui reste à peu près sec. La micro-doudoune que Sylvain avait mise à ses pieds est trempée également et ayant fini la nuit sous l'auvent, elle sera gelée au petit matin.
La nuit semble très longue et le vent est très fort dehors.

Le matin du 3ème jour, nous sommes contents quand le guide nous apporte le maté de coca. Nous sortons toutes les affaires qui ont pris l'eau (duvet, drap de soie, 2 paires de chaussettes, serviette de toilette et sac-à-dos pour Élise ; micro-doudoune pour Sylvain) et qui gèlent aussitôt. On a l'impression de tenir du carton entre nos mains.
Malheureusement ce matin-là le soleil n'est pas décidé à sortir lui qui était de la partie les précédents jours. 
C'est donc sous la grisaille et avec le vent que nous nous lançons à l'assaut du col de Punta Union qui culmine à 4 750m (pour vous donner une comparaison le Mont-Blanc, le plus haut sommet d'Europe, culmine à 4 810m). La montée n'est pas très dure, mais par contre l'altitude se fait largement ressentir, souffle coupé et jambes lourdes pour tous les deux et gros mal de crâne pour Élise. Même si nous progressons lentement, nous avançons et puis nous prenons le temps de profiter du paysage.


Nous apercevons le lac au fond de la vallée que nous avons traversée les jours précédents et puis un autre lac apparaît en cours de route.


Malheureusement, les sommets ne sont pas dégagés ce matin-là, mais nous savourons tout de même la vue.
Nous avons une grosse pensée pour tout nos proches fans de montagne et nous aimerions vous doter du don d'ubiquité pour être avec nous à ce moment-là. Nous avons essayer d'implanter les marmottes dans les Andes mais après réflexion, elles ont préféré continuer l'aventure avec nous !

Les marmottes se sont éclatées comme des folles en retrouvant les montagnes !
Puis c'est l'arrivée au col et une grande satisfaction d'être montés jusque-là. Nous savourons rapidement notre plaisir car le vent est bien là et glacial.


Donc nous ne tardons pas à entamer la redescente. Nous apercevons un nouveau lac au loin.


Le chemin est assez pentu, mais pas désagréable, ce sont de grandes pierres blanches inclinées. Puis le relief et la température s'adoucit et ressemble davantage à des pâturages. Les mules nous rattrapent en cours de route, c'est la première fois que nous les croisons (elles étaient parties avant nous le premier jour et après les autres jours).


Nous continuons notre chemin et retrouvons une rivière, le sol est quasiment plat à cet endroit, dans un paysage de plaine assez verdoyante. Après 6h de marche, nous arrivons au campement de Colcabamba qui est cerné de brebis, chèvres, vaches... et toujours au bord de la rivière pour ne rien gâcher.



Le soleil est enfin de retour, nous en profitons donc pour tremper nos pieds dans l'eau très froide et finir de faire sécher nos affaires.
Des dames se sont installées près du campement pour vendre quelques souvenirs et boissons fraîches, on sent qu'on se rapproche des habitations.

Notre groupe est très sympa, il y a 3 Américains (1 gars, 2 filles) qui tiennent généralement la tête du peloton et ont un bon rythme de marche, puis un couple d'Autrichiens qui s'entraîne toute l'année dans les Alpes autrichiennes, suivis soit d'un jeune couple d'étudiants Allemands, soit de nous. Puis derrière, il y a une Anglaise, une Néerlandaise, un Canadien et une Québécoise (Danielle, nous en profitons pour te saluer ! :-) et notre guide, Ricardo, bien entendu !


Il y avait également 2 copines Tawainaises, que nous avons trouvé assez casse-pieds et qui se sont démarquées tout au long du trek. Pour commencer, elles n'avaient aucune idée que le trek durait 4 jours et souhaitaient le faire en seulement 3 prétendant qu'elles étaient de "grandes" marcheuses. Le guide était assez embêté mais tellement arrangeant et soucieux de satisfaire tout le monde, qu'il leur avait proposé de prendre un cheval, moyennant un supplément évidemment, pour pouvoir tenir les 11h de marche qui les attendaient pour le dernier jour (avec un lever entre 3 et 4h du matin) et arriver à temps pour le mini-bus qui devait les reconduire à Huaraz. Au bout du premier jour, celle qui se prétendait "grande randonneuse" s'est retrouvée arriver finalement presque 2h après nous sur une petite marche de 5h, alors que c'était le jour le plus simple. Mais "elle admirait le paysage", le 2ème jour incapable de monter elle s'est retrouvée sur le cheval et au matin du 3ème jour nous étions enfin débarrassés. Nous n'avons pas du tout apprécié leur comportement très égoïste vis-à-vis du groupe, en exigeant la meilleure tente, le meilleur duvet, la meilleure place à table (sans compter le fait qu'elles se soient accaparé la paire de bâtons qu'Elise avait demandé à l'agence avant de partir). Nous apprendrons qu'elles n'ont même pas daigné payer pour le cheval qui avait été pris en plus pour elles. 
Comme vous l'aurez compris, le coté "j'ai payé au départ, donc j'ai tous les droits" nous exaspère au plus haut point. Heureusement la plupart des gens que nous rencontrons ne sont pas comme ça.

Et là nous passons notre meilleure nuit du séjour, nous sommes plus bas (3 350 m) donc il fait beaucoup moins froid, pas de souci de tente ou de réveil impromptu en plein milieu de la nuit. Et comme en plus pour le dernier jour nous avons beaucoup moins de marche à faire, c'est grasse matinée ! Nous nous levons à 7h contre 6h les jours précédents. Et cerise sur la gâteau, le cuistot nous a réservé une surprise, en nous préparant des pancakes tous frais pour le petit-déjeuner :-)
Dehors le soleil est de retour, donc la journée s'annonce très bien.
Nous nous mettons en route et commençons par une bonne partie de plat, avant d'attaquer la montée finale, qui remonte la quebrada jusqu'à Vaqueria et qui casse un peu les jambes après les 3 jours précédents.


En route, nous croisons beaucoup de locaux avec leurs ânes ou chevaux et quelques maisons. Quasiment tous les enfants que nous avons croisés nous ont demandé des "cookies", le seul mot qu'ils doivent connaître en anglais. Nous pensons qu'ils doivent être habitués en raison du nombre d'étrangers qui passent par là.
En discutant avec le guide, il nous explique également que très peu de gens du coin font de la randonnée, hormis les guides, cuistots et muletiers. Après, on sent toujours une certaine pauvreté et donc sûrement d'autres priorités plus vitales.



Sylvain profite de ce dernier jour pour discuter avec Ricardo, notre guide. Il n'existe que deux écoles de randonnée/andinisme en Amérique du Sud, une à Huaraz (Pérou) et une à Bariloche (Argentine) et Ricardo a passé 3 années dans celle de Huaraz. Il faut non seulement payer l'école mais également se passer de salaire durant 3 ans... c'est donc extrêmement cher. A la fin des 3 ans, il a décroché son diplôme international avec lequel il peut travailler partout. Il guide des randonnées mais aussi des ascensions. La veille de son départ avec nous, il revenait d'un trek de 12 jours et l'agence l'a appelé à 5 heures du matin pour un départ le jour même à... 6 heures. Le lendemain de notre trek, il devait repartir sur un autre tour. Bref, en haute saison, il n'a jamais plus d'une nuit de repos chez lui... Il dit que le plus dur est pour les genoux. Son reve est de réaliser l'Everest avec ses copains guides, c'est tout ce qu'on lui souhaite !

On constate que les touristes péruviens qui voyagent appartiennent à une classe moyenne à élevée et ont les retrouve essentiellement dans les sites les plus réputés (souvent en tour organisé).
Nous arrivons à destination très satisfaits de ces 4 jours et des paysages sublimes dont nous avons pu profiter.
La route du retour n'en est pas moins décevante, car nous avons encore des glaciers pour nous entourer, ainsi que plusieurs lacs successifs.



Au bout de la piste, nous reprenons la route du fond de vallée avec à notre gauche la Cordillera blanca et à notre droite la Cordillera negra.
Après 5h de route, nous sommes de retour à Huaraz, où nous refaisons nos sacs afin de nous remettre en route pour Trujillo par un bus de nuit.
Comme vous pouvez le constater notre programme ne désemplit pas, nous avons même quelques jours de retard sur nos prévisions, mais nous continuons de profiter à fond !

A très vite au bord de la mer !

i besitos !

3 commentaires:

  1. En depit d'invidus qui représentent un échantillon de l'espèce humaine, heureusement toutes ces belles rencontres resteront au plus profond de vos souvenirs, sans compter la splendeur des paysages, une chance bien méritée !!! il faut le dire pour les admirer, après quelques déboires...
    Bisous
    Moumoune

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  2. Gla gla gla, jolie ballade mais vous avez bien mérité les beaux paysages et les petits matés du matin.
    Bravo pour ce trek impressionnant et pour ne pas avoir perdu votre sens de l'humour en route...
    Réchauffez vous et reposez vous, mais n'oubliez pas , on attend la suite !
    bises admiratives.
    Annie

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  3. Bonjour Elise et Sylvain,
    C'est très cool de vous retrouver et de vivre par procuration ce voyage, prolongeant du coup le mien beaucoup trop court dans ce pays si beau. Votre jolie narration m'a fait revivre le trek de la SC et vos photos m'y ont replongées, elles sont vraiment très belles. je vous les piquent ? ;)
    J'ai trouvé Lima bien grise et puante après cela, mais j'y ai par contre très bien mangé.
    J'étais bien contente de retrouver mes filles et elles leur maman. Demain, c'est l'école et le boulot pour tous, le quotidien routinier reprend se droits. Alors, on vous suit pour en sortir un peu et rêver au prochain voyage.
    Merci pour votre douce gentillesse et votre attention. Bonne continuité...
    Danielle, la (vieille) canadienne qui rushait en altitude. xx

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