samedi 21 mars 2015

Ile de Penang

Après un passage de frontière sans encombre, nous voici donc en Malaisie où nous retrouvons notre alphabet. Un bon point pour la compréhension, mais un moins bon pour le dépaysement ! 
Par contre, depuis le sud de la Thaïlande, c'est la culture musulmane qui domine dans cette région, avec donc quelques différences par rapport au reste de l'Asie du sud-est, où la culture est majoritairement bouddhiste. Ce que l'on remarque de prime abord, ce sont les différences vestimentaires, notamment le fait que les femmes musulmanes soient voilées ici. Et même si elles ont aussi les bras et les jambes couverts, elles usent tout de même de coquetterie (voile de couleur assorti à leur tenue, maquillage...), le voile devient donc presque un accessoire de mode.

Nous devions passer plusieurs semaines en Malaisie, mais les changements de planning et une envie de passer plus de temps en Indonésie ont réduit notre découverte à une seule destination : l'île de Penang. 

Nous rejoignons l'île grâce à un immense pont, réputé le plus long d'Asie du Sud-Est. Le minibus nous dépose dans la ville de George Town au nord-est de l'île. Baptisée ainsi en hommage à George IV, en tant qu'ex-colonie anglaise. C'est la ville principale et la plus intéressante de Penang, elle est d'ailleurs classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2008. 

Le réceptionniste de notre guesthouse est adorable et nous donne tous les bons tuyaux pour profiter au mieux de notre séjour. 
Pour le dîner, nous allons chercher à manger sur les multiples étals de rue où l'on trouve de la nourriture de Malaisie naturellement mais aussi des plats chinois, indiens et thaïs. Nous comprenons vite que cette ville est un riche mélange de cultures ! 
En effet, dès le XVe siècle, les marchands Chinois s'établissent sur l'île pour le commerce des épices mais aussi de l'opium notamment avec l'Inde. Puis la compagnie britannique des Indes fonde la ville de George Town à la fin du XVIIIe grâce à un accord avec le sultan de Kedha. Celui-ci authorise l'installation des anglais en échange de leur aide pour lutter contre le royaume de Siam. Tout ce petit monde coexiste de façon pacifique et sans tension semble-t-il. Sur la population totale de Malaisie (22 millions de personnes), près d'un quart est originaire de Chine et 8 % d'Inde.

Le lendemain, nous partons explorer la ville. Si la commune est très étendue et peuplée (740 000 habitants), le centre historique est suffisamment petit pour se visiter à pied. Malgré la chaleur étouffante et humide, nous prenons notre courage à deux mains et commençons par nous rendre à la mosquée Masjid Kapitan Keling, la plus ancienne mosquée de la ville (construite en 1801). Si l'islam est religion d'Etat, de nombreuses personnes pratiquent librement l'hindouisme, le bouddhisme, le confucianisme ou l'animisme.

Pour rentrer dans la mosquée, nous devons revêtir une tunique couvrant les genoux, les bras et la tête pour Elise. On ressemble à un mélange de lutin mauve et de nain qui rentre du boulot (hey hi, hey ho) et ça nous fait bien rire...



On ne peut pas accéder au centre du bâtiment où se trouve les tapis de prière.


Ceux-ci, comme partout dans le monde, sont tournés vers la Mecque. Ici, ils sont orientés vers l'ouest (contre l'est chez nous). L'architecture reprend le style des mosquées indiennes avec son dôme jaune et son unique minaret.


Ce n'est pas un hasard puisque ce sont les marchands du sud de l'Inde qui ont introduit l'islam dans le pays et non les Arabes. Elle est très jolie de l'extérieur et très épurée à l'intérieur. Des versets du Coran écrits en arabe habillent les murs.



Nous prenons quelques prospectus explicatifs sur l'Islam publiés par l'Islamic Propagation Society International. Certains nous expliquent que la burqua ou le niquab sont des signes d'émancipation de la femme, car elle n'est plus jugée sur son physique mais uniquement sur ses facultés intellectuelles... on adore ! 

Pour la suite, nous changeons de monde en parcourant la rue des Arméniens, appelée ainsi en l'honneur d'importants marchands venus d'Arménie pour s'installer ici.


C'est la rue la plus touristique de la ville. Elle est piétonne et de nombreux dessins ou structures en fer forgé décorent les maisons.






De nombreux temples chinois bordent la rue et nous entrons d'ailleurs dans le plus célèbre, le Khoo Kongsi.



Un Kongsi est un clan familial qui, s'il est riche, regroupe ses membres autour d'un temple qui sert également de lieu de vie. Il y a de nombreux Kongsi à George Town mais le clan des Khoo est l'un des plus importants et des plus riches.



La construction de leur temple a débuté en 1890 mais le jour de la fin de la construction, en 1901, un incendie criminel le ravage. On pense qu'il s'agit de l'oeuvre d'un clan rival. Celui que l'on visite aujourd'hui date de 1906. Il est absolument superbe avec ses murs et colonnes sculptés, ses peintures murales, ses lanternes et ses pièces de céramique.







Le premier étage du bâtiment abrite le temple et le rez-de-chaussée, un musée retraçant l'histoire du clan sur les 47 générations qui le composent.


Chaque génération porte un nom spécifique. La dernière génération, par exemple, s'appelle Kah, le membre le rajoute donc dans son nom comme une particule.


De part et d'autre du temple se trouvent deux salles où les membres les plus éminents du clan sont honorés.


Les Khoo viennent du même petit village dans le sud de la Chine, Sin Kang.

En face du temple se trouve l'opéra chinois de la ville et, un peu plus loin, les maisons jadis habitées par les membres du clan. 


Après cette chouette visite, nous décidons d'aller faire un tour dans Little India. L'atmosphère est très particulière, il y a des vendeurs de sari partout, de gros haut-parleurs diffusent de la musique indienne à fond et de nombreuses boutiques proposent des films Boliwood. On ressent bien l'ambiance indienne même si l'on imagine qu'en Inde, tout est moins cadré, moins propre et beaucoup plus dense. 
Nous en profitons pour dévorer de délicieux samosas à la patate et au poulet.

Nous assistons dans ce quartier à une scène pas banale. En plein Little India, une cérémonie musulmane se déroule sous les lampions du nouvel an chinois qui décore la ville... joli mélange !



Au programme de l'après-midi, repos et sieste, cela fait du bien de temps en temps !

Pour notre seconde journée, nous louons un scooter pour découvrir la région. Nous mettons tout d'abord cap vers le sud pour visiter le temple Kek Lok Si. Après nous être longuement égarés et avoir descendu quasiment toute l'île, nous trouvons enfin notre route grâce à l'aide des indications des locaux.

Le temple bouddhiste est situé au sommet de la colline de Air Itam. Sa construction a commencé en 1890 et certaines parties sont encore en construction aujourd'hui. C'est le plus grand temple bouddhiste du pays et l'ambiance est clairement chinoise.


L'atmosphère y est agréable avec un bassin aux poissons, de jolis jardins, des milliers (millions ?) de lampions jaunes et rouges et des statues de Bouddhas partout...






Le temple est de style chinois en bas, thaï au centre et birman en haut.




Même au sein de la pagode, on retrouve cette mixité incroyable. On accède au sommet par un petit funiculaire. Ici se trouve un immense Bouddha en bronze entouré de 16 colonnes décorées. Le monument est encore en construction.


Entre chaque bâtiment, on se retrouve dans des magasins qui vendent plein de souvenirs. On a du mal parfois à se rappeler si l'on est dans un lieu sacré ou une galerie commerciale.



Nous découvrons des arbres à souhaits. On achète une bandelette de couleur en fonction du voeux que l'on désire et on l'accroche sur un support. Parmi les nombreux souhaits possibles : "avoir de bons résultats dans les études", "boom de son entreprise", "vivre ensemble harmonieusement" ou encore "augmenter sa longévité". Ils ont décliné le principe pour les filles sur des rubans roses décorés de Barbies ou de princesses Disney avec des voeux tels que "bien écouter maman et papa", "apprendre à bien lire", "être jolie"... 




On n'a pas trouvé de bandelette : "ne pas crever de roue en scooter" et c'est dommage car cela aurait pu nous être utile. En effet, quelques minutes après s'être remis en selle, nous nous rendons compte que notre roue arrière est à plat.


On s'arrête sur le bas-côté de la route et un homme vient vers nous. Il nous dit qu'il a un copain qui peut nous réparer cela rapidement et pour pas cher, il s'occupe de tout et l'on a juste à aller déjeuner tranquille. Quand on vous dit que les choses sont faciles ici. On passe la commande et, 5 minutes après, le mécano arrive. Il démonte la roue avec une facilité déconcertante, nous pose une chambre à air neuve, remonte la roue et en 10 minutes, le tour est joué, le tout pour 20 ringgits (moins de 5 €) ! 

Nous voilà donc repartis sur notre bécane en direction du nord cette fois. La côte nord compte de jolies plages avec de beaux rochers arrondis qui émergent de l'eau, un peu comme à Palombaggia mais on rassure les Corses, en moins beau ;-) En revanche, quand on tourne le dos à la mer, on prend peur ! On se croirait à Monaco. C'est une succession très laide de grandes tours d'immeubles de standing.


Nous continuons notre route le long de la côte jusqu'à arriver au jardin aux épices. L'endroit est très agréable et un audioguide en français nous explique l'histoire et l'utilisation de chacune des plantes présente ici pour la médecine, la cuisine, la cosmétique... Il y de tout : poivre, cannelle, gingembre, piment, thé, café, cardamome, clous de girofle, noix de muscade...







Nous apprenons que certaines de ces épices furent au centre de rivalités énormes entre les grandes puissances de l'époque. Le kilo de gingembre par exemple se négociait à Londres presque aussi cher que le kilo d'or. L'île de Penang, grâce à son climat chaud et humide, fut utilisée pour cultiver tous ces trésors. A un moment de la promenade, il y a un pilon pour pouvoir écraser et sentir les parfums de toutes ces épices.


Un peu plus loin, nous admirons des arbres du voyageur, l'un de nos préférés ;-) C'est un cousin du bananier et il s'appelle ainsi pour deux raisons : la base de ses feuilles contient beaucoup d'eau pour contenter le voyageur assoiffé et ses feuilles sont orientées dans l'axe nord-sud pour aider l'égaré à se retrouver.


Vous l'avez compris, nous avons beaucoup aimé ce petit écrin de verdure. 

Nous rentrons ensuite à George Town et en profitons pour faire un petit tour dans le quartier colonial. Le bâtiment le plus remarquable est le fort Cornwallis qui fut le premier édifice de l'île. Construit en 1786, il servit les Anglais à calmer les velléités de conquêtes des Hollandais. En face du fort se tiennent deux grands bâtiments blancs à colonnades qui sont l'ancien et le nouvel hôtel de ville. 

Pour le dîner, nous retournons dans le quartier indien afin d'y goûter des spécialités que nous ne connaissions pas. Nous n'avons par retenu les noms mais les crêpes de pommes de terre, le curry de poulet et les rotis (genre de nan) étaient très savoureux. 

Pour notre dernier jour en Malaisie, nous prenons le bus pour nous rendre au parc national de Penang situé au nord-ouest de l'île. C'est le dernier et le plus petit des parcs naturels de Malaisie (2 300 hA). Il fait une chaleur impressionnante et le taux d'humidité nous fait ruisseler au bout de 3 minutes de marche. Heureusement, le chemin est très agréable car situé au milieu d'une végétation magnifique. Les bruits de la forêt sont envoûtants, nous croisons de multiples papillons colorées, des libellules et d'autres insectes qui nous sont inconnus.




Après deux heures de marche, nous atteignons la plage des tortues.



C'est ici qu'elles viennent pondre une quinzaine d'oeufs tous les 2 à 3 ans. Un centre de protection a été créé. Son rôle est de prélever les oeufs dès qu'ils ont été pondus et de les placer dans une zone protégée.


Deux semaines après la ponte, lorsque les petites tortues naissent, ils les mettent en bassin et les nourrissent. Lorsqu'ils estiment que les petites tortues sont suffisamment grandes, ils les libèrent dans la mer. Grâce à leur action, les populations de tortues dans cet endroit de Malaisie sont en hausse. 
Actuellement, ils ont sous leur protection deux petites tortues vertes de 3 semaines. Nous avons le plaisir de pouvoir les observer s'ébattre et une méduse leur a été donnée en guise de casse-croute. 




La baignade sur la plage est tentante, mais le drapeau rouge est de sortie, interdiction de se mettre à l'eau ! La mer est infestée de méduses très dangereuses donc nous restons prudents et nous contentons de regarder l'eau avec envie. Après avoir dégusté un fruit du dragon rose (plus sucré que le blanc), nous rebroussons chemin. 


De retour à George Town, nous récupérons les sacs à la guest house et prenons à nouveau le bus en direction de l'aéroport. Le système de bus est très facile et efficace pour parcourir l'île. Malgré des bouchons assez impressionnants, nous arrivons à temps pour monter dans l'avion, on ne peut pas tous les louper quand même ! 

Ce soir, nous serons à Jakarta, en Indonésie, dernier pays de notre voyage... déjà ! 

Penang fut une chouette étape qui nous a donné envie de découvrir davantage la Malaisie, nous reviendrons !

Album photo par ici

1 commentaire:

  1. Joli mélange de cultures !
    Une belle escale pour vous, avec des nouveautés inédites: les jolies robes mauves, les bébés tortues, la gastronomie, la végétation luxuriante et la découverte des mécanos malaisiens...
    Merci de nous avoir fait partager cette étape douce et fleurie.
    Autant de bisous que de lampions.
    Annie

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