vendredi 13 mars 2015

Ayutthaya

Nous prenons le train à la gare de Pak Chong. Nous aimons particulièrement ce moyen de transport car il est lent et permet ainsi de voir le paysage et les occupations des locaux autant en dehors que dans le train.




Le chef de gare nous aide pour monter nos affaires et nous nous retrouvons éparpillés dans les wagons car il y a déjà beaucoup de monde.




Durant les trois heures de trajet, des marchandes parcours les wagons pour vendre des fruits, des brochettes, des boissons, des livres... Il y a beaucoup d'activité et ce n'est pas pour nous déplaire. 



Nous arrivons donc à Ayutthaya (พระนครศรีอยุธยา en thaï), fondée en 1350 par le roi U-Thong, la cité devint la capitale de son royaume, succédant ainsi à Sukhothaï. 
33 rois se sont succédés ici durant les 417 années durant lesquelles Ayutthaya fut la capitale du Siam. Le nom vient de la ville de Ayodhya en Inde et signifie "qui ne peut être conquise". Elle porte relativement mal son nom car elle fut pillée par les armées birmanes en 1767. La ville fut alors reconstruite plus à l'est, laissant les ruines en l'état. 
La chute de l'Empire Khmer permis à la capitale de jouer un rôle culturel, économique, commercial et diplomatique primordial jusqu'au XVIIIe. 
Elle fut l'un des ponts entre l'occident et l'orient. 
En 1991, l'Unesco a classé les quelques 400 temples de la ville comme patrimoine mondial de l'humanité. 

Une fois les sacs déchargés du train, nous acceptons les services de deux tuk-tuks pour nous rendre à la guesthouse, située sur l'île formée par la confluence du Chao Praya (qui coule à Bangkok) et le Pa Sak. 
Ici, les tuk-tuks ont une forme très particulière qui n'a pas changée depuis plus de 50 ans. 



La guesthouse est très agréable et joliment décorée. Les murs sont peints avec des couleurs chaudes qui rappellent un peu Valparaiso et au plafond sont suspendus une multitude de parapluies multicolores.




Une fois installés, nous partons en quête d'un endroit pour déjeuner. La réceptionniste nous a indiqué une bonne adresse où, effectivement, nous nous régalons. 
Au menu, salades copieuses pour tout le monde, sauf Sylvain qui opte pour un savoureux curry vert. Il existe de nombreux curry en Thaïlande. Tous sont préparés avec du lait de coco. Les curry jaune et panang sont peu pimentés et souvent un peu plus sucrés. Le panang est toujours accompagné de pommes de terre. Les curry rouges et verts sont les plus relevés, le vert est généralement le plus fort et est servi avec différents types d'aubergines. On choisit ensuite si l'on veut son curry avec du porc, du boeuf, du poulet, des crevettes ou bien juste des légumes. Les Thaïs le dégustent comme une soupe mais les touristes commandent souvent du riz pour l'accompagner.

Après le repas, nous arrêtons un tuk-tuk pour nous rendre au marché flottant à l'est de l'île. La circulation est moins importante qu'à Bangkok et ce n'est pas pour nous déplaire. 
Le marché flottant est en fait un marché au bord de l'eau. Le cadre est vraiment agréable et nous déambulons sur les pontons de bois qui bordent les échoppes.




Il est déjà près de 18h et la plupart des boutiques commencent à fermer leurs portes. Nous savourons ce moment de quiétude et apprécions d'autant plus que l'eau apporte une certaine fraîcheur.




Après avoir admiré le stupa qui borde le marché, nous nous laissons guidé par le chant des moines.


En effet, dans une pagode non loin de là, nous assistons à la prière du soir. Nous passons la tête à l'intérieur et une dame en train de prier nous invite à venir nous asseoir. Nous sommes un peu gênés, car comme la pagode est petite nous pouvons que nous faire remarques, mais nous acceptons en prenant bien soin de ne pas présenter nos pieds en direction du Bouddha, ce qui serait une grave injure. La dame devant nous nous demande si nous sommes bouddhistes et d'où nous venons. Elle nous dit également que l'on peut prendre des photos. Les moines se rendent compte de notre présence et se retournent un par un discrètement pour nous regarder, visiblement intrigués et amusés. A un moment, le chant s'arrête. La dame nous explique que c'est une pause pour méditer. Il faut croiser les jambes en tailleur, poser les mains l'une sur l'autre paumes vers le haut et respirer profondément par le nez. Nous suivons sagement ses conseils et essayons de rentrer en communion avec Bouddha (pas facile !)
Le silence est total et la pause dure un long moment. Nous n'osons pas sortir et continuons donc à méditer (enfin à respirer). Au bout de plusieurs minutes, le chant reprend et nous en profitons pour quitter la pagode le plus discrètement possible après avoir remercié la dame. 

De retour à la guesthouse, nous décidons d'aller manger sur le marché de nuit qui se tient à quelques dizaines de mètres de là. Il y a plein de stands et une grande scène avec des tables et des chaises à disposition pour célébrer le nouvel an chinois et la fin de l'année 2557.





Une fois installés avec nos provisions et nos bières, nous dégustons les différents plats choisis : bouchées vapeur au porc, porc grillé au poivre, nouilles sautées, brochettes de poulet... Tout est délicieux. 
Devant nous se déroule un spectacle de danses traditionnelles d'un bon niveau et avec des danseurs dans de superbes costumes. 




Après une bonne nuit de repos, nous prenons un tuk-tuk à la journée pour découvrir les multiples temples de l'ancienne capitale. 

Nous commençons par deux temples en dehors de l'île, au sud-est. Le premier, Wat Yai Chaimongkhon, est connu pour son Bouddha couché de 7 mètres de long.



Si l'on arrive à faire tenir une pièce sur ses pieds, c'est la chance assurée... (c'est loupé pour Annie, dommage !). D'un autre côté, rien ne dit que si on n'y arrive pas, c'est synonyme de malchance alors bon...



Plus loin, de grands chedis sont encerclés par un mur d'enceinte entièrement orné d'inombrables statues de Bouddha qui, toutes, sont drapées d'une étoffe orange.



Un "chedi" est la même chose qu'un "stupa", c'est juste que le premier terme est Thaï et le second d'origine indienne. Ils ont toujours une forme bien caractéristique : la base est carrée et représente les habits pliés du moine, la forme ronde au-dessus représente le bol d'aumone retourné et le pic est le bâton de prière. 
Nous grimpons les escaliers de la tour centrale et entrons à l'intérieur. De nombreux Thaïs collent de fines feuilles d'or sur les statues.


Un puits apporte la chance à ceux qui arriveront à jeter une pièce dans le carré central.


De là-haut, nous profitons de la vue sur le temple et ses environs. 




Pour la suite, nous nous rendons au Wat Phanan Choeng situé à côté. Il s'agit d'un temple bouddhiste avec une forte influence chinoise, dont témoignent les grandes bougies, les lampions rouge et or, ainsi que les idéogrammes chinois inscrits un peu partout.


L'immense Bouddha assis de 19 mètres de haut est en train d'être habillé. La foule ne nous permet pas de voir la cérémonie, qui a lieu qu'une seule fois par an. Nous attendons un petit peu puis entrons dans la salle. 
Le Bouddha est l'un des plus beaux que nous ayons vu (et on commence à en avoir vu quelques-uns !). Ses traits sont très délicats et l'architecture du toit en bois peint et doré met son visage en valeur.




Tous les murs sont creusés de multiples petites niches abritant un Bouddha, il y en aurait 84 000 en tout.


On peut acheter un linge neuf en offrande, qui servira ensuite à habiller une statue.


Pour le troisième arrêt, nous retournons sur l'île jusqu'au site du Wat Mahathat. C'est sûrement le site le plus photographié d'Ayutthaya, l'image de la tête de Bouddha enserrée par la racine d'un banian a fait le tour du monde.



Le temple qui est derrière est grand et composé de nombreux chedis et salles qui étaient couvertes mais dont il ne reste que les colonnes. Les édifices étaient auparavant enduits d'un revêtement blanc dont il reste aujourd'hui quelques traces, mais la majorité des briques est désormais apparente.





Pour une raison que nous ignorons (peut-être des dégâts causés par les armées birmanes), tous les Bouddhas ont la tête coupée à l'exception de ceux qui ont été restaurés. La forme des têtes des Bouddhas est caractéristique (visage fin) et ce style est appelé "Ayutthaya". 




Le temple suivant est juste en face du Wat Mahathat. Il s'agit du Wat Ratburana dont il ne reste quasiment que le prang, c'est-à-dire la tour centrale qui est en train d'être restaurée. A la différence d'un chedi, on peut rentrer dans un prang. Celui-ci a été construit sous le règne du roi Boromrachathirat II en 1424.


La légende veut que les frères de Boromrachathirat II se soient combattus pour le pouvoir et que les deux perdirent la vie au cours de ce duel. C'est donc le troisième frère qui hérita du trône et fit ériger ce temple à leur mémoire. Les corps des deux frères furent incinérés et inhumés ici. 
Le style nous fait une fois de plus penser à l'architecture khmer et l'on reconnaît le dieu Garuda avec son fameux bec, d'autres créatures mythologiques et des fleurs de lotus.


Nous entrons à l'intérieur du prang et, par un couloir très raide et étroit, descendons au sein du monument. En bas, on peut admirer de jolies fresques d'époque dont il reste encore des couleurs. 



Toutes ces visites nous ont mises en appétit et notre chauffeur de tuk-tuk nous conduit dans un petit resto pas loin. Nous choisissons de commander un assortiment de plats pour six. Tout est très bon et la formule est sympa car cela permet de goûter à plein de choses. Au menu, il y a du riz blanc et du riz sauté, mais aussi du poisson sauce aigre-douce, des légumes, un curry, une soupe, une salade thaï, du poulet... 

Nous regagnons ensuite la rue et apercevons des éléphants transportant des touristes. Cela nous fait de la peine car ils sont déguisés avec une parure royale qui doit leur tenir chaud, ils marchent en plein soleil, sur le trottoir à deux pas des voitures et de leur gaz d'échappement.



Ils effectuent non-stop des aller-retour toute la journée et l'on repense à leurs heureux frangins dans le parc de Khao Yai. Non, nous n'avons pas été les libérer pour les ramener dans la forêt, mais l'envie était forte !

Le prochain temple est celui de Wat Phra Si Sanphet. Il servait de temple royal et, comme à Bangkok, était situé à proximité du palais royal. C'est le temple le plus important de la ville. Il fut fondé à la fin du XIVe siècle par le roi Borom Traï Lokanat et embelli par ses successeurs. 
Il est composé de trois grands prangs eux-mêmes entourés de chedi en plus ou moins bon état.



Malgré leur mauvais état de conservation, les structures qui sont derrières les prangs révèlent l'ampleur que devait avoir le site du temps de sa splendeur. 



Juste à côté, nous allons visiter la pagode de Wihaan Mongkhon Bophit. Celle-ci a un aspect récent car elle fut brûlée lors du pillage de la ville par les birmans. Le Bouddha assis de 17 mètres de haut qui y trône est moins impressionnant que celui du Wat de ce matin mais une classe d'école est venue visiter le temple et met un peu d'ambiance.



Nous apercevons à nouveau des têtes sculptées sur lesquelles les croyants sont venus coller des feuilles d'or et des pièces. 



Pour la suite, c'est sieste et repos pour l'équipe rouge (Evelyne et Didier) et temple du Wat Phra Ram pour l'équipe bleue (Annie, Elise, Sylvain et Philippe). Ce dernier n'est pas le plus marquant des sites malgré son beau prang en briques orné de statues de Garuda. 


Nous récupérons l'équipe rouge au passage et sortons de l'île par le nord pour visiter le Wat Kuti Tong, le marathon du Wat continu ! Il s'agit d'une pagode récente où l'on découvre... oh surprise... des Bouddhas ! Cependant, on ne s'en lasse pas car chacun est différent (si si, je vous jure !) et les architectures des bâtiments valent toujours le coup d'oeil.




Dans le petit jardin situé à l'arrière du temple, un chedi est littéralement coiffé par un banian, la faculté qu'ont ses arbres pour pousser n'importe où est impressionnante. 


Afin de terminer cette journée en beauté, nous allons admirer le coucher de soleil au Wat Chai Wattanaram, sans doute le plus majestueux de la cité. Situé à l'ouest de l'île, sur la rive du Chao Praya, il fut érigé sous le règne de Prasat Thong à partir de 1630. 
Sa construction dura probablement une vingtaine d'années et il est dédié à la mère du roi. 
Le majestueux prang central de 35 mètres de haut est entouré de multiples tours situées sur le mur d'enceinte qui, lui-même, abrite des rangées de Bouddhas décapités. On se croirait dans un décor de cinéma.




Le coucher de soleil est magique et il ne manque plus que les boissons pour accompagner les noix de cajou qu'Annie sort de son sac pour l'occasion. 




Lorsque nous remontons dans le tuk-tuk, nous pensons la tournée des Wat terminée pour la journée mais le chauffeur nous emmène voir notre dixième temple de la journée. Le plus intéressant monument du Wat Lokaya Suthall est son grand Bouddha couché qui aurait mérité que l'on vienne le voir de jour. 

Après cette journée bien remplie, nous regagnons la rue de la guest house et retournons manger sur le marché de nuit. Seulement ce soir, tout le devant de la scène est occupée par d'élégantes tables où des familles chinoises en tenues de fête sont venues célébrer la nouvelle année (c'est aussi la compétition de coiffures choucroutes laquées, enfin c'est ce que l'on à imaginé, et le record revient à l'organisatrice avec plus de 10 cm de cheveux en l'air ;-). 

On trouve tout de même un petit coin de table pour manger calmement en admirant les dragons et les hommes masqués passer à quelques mètres de nous. 




Le lendemain matin, nous partons tranquillement en fin de matinée. Le minibus vient nous chercher en face de la guest house. Nous serons tout seuls dedans et il nous dépose directement à l'aéroport en moins d'une heure, c'est royal !

Nous embarquons alors vers Krabi, notre prochaine destination où nous allons retrouver la mer avec bonheur !

1 commentaire:

  1. En effet, ma pièce n'a pas adhéré aux pieds de Bouddha, mais j'ai quand même eu beaucoup de chance de passer de si belles vacances thaïlandaises...
    Super d'y retourner en textes et en images.... et les aventures ne sont pas encore terminées.
    Bisous à mes guides préférés.
    Annie

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