mardi 8 juillet 2014

Rurrenabaque, la selva

Nous décollons donc le lendemain midi et volons au milieu de la cordillère royale.


Cordillera Real
Après seulement 30 minutes de vol, nous survolons déjà l'Amazonie et 10 petites minutes plus tard, nous nous posons au milieu de la forêt. Il fait plus d'une vingtaine de degrés et ça fait du bien !


L'aéroport fait à peu près la taille d'une maison. Ici pas de tapis roulants pour les bagages, juste une petite pièce qui ressemble davantage à une consigne.

Aéroport
Sur la route pour se rendre au centre-ville de Rurrenabaque, nous apercevons des maisons faites entièrement de bois avec le toit en feuilles de palmiers tressées. Cela nous plonge déjà dans l'ambiance tropicale.
Nous trouvons rapidement une auberge avec hamacs dans le patio, comme partout ici, et nous nous mettons vite en route à la recherche d'une agence pour parcourir la selva (forêt), ainsi que la pampa.




Nous sommes dimanche après-midi, par conséquent beaucoup d'agences sont fermées. 
Nous retentons donc notre chance le lendemain matin auprès de l'agence que nous avions repéré et qui, contrairement aux autres, va au coeur de la forêt au lieu de rester juste à l'entrée du parc de Madidi et elle présente également l'avantage de ne pas être collée à une multitude d'autres agences/campements.

La personne nous propose de partir sur le champ car les départs n'ont pas lieu tous les jours et le lendemain, il n'y a pas de départ. Nous courons donc récupérer et faire nos sacs pour partir illico, 6h de navigation nous attendent sur le Rio Beni, puis sur le Rio Tuichi.  



En chemin, nous pouvons déjà observer une foule d'animaux : des tortues, des caïmans, des hérons, des aigrettes, une famille de capibaras (encore eux !)... et pour finir des aras qui survolent la pirogue juste avant notre arrivée au camp.


Caipibaras
Caïman noir

Nous sommes de suite bien accueillis, nous visitons tout d'abord les lieux communs et notamment le bâtiment principal qui sert de comedor (salle à manger).

Comedor
Structure du toit du comedor
Petites chauve-souris qui dorment le jour sous le toit du comedor
Il s'agit d'un bâtiment tout ouvert sur pilotis avec un toit en feuilles de palmier tressées, à l'instar des premières maisons que nous avions aperçues à Rurre. Tout est en bois de la forêt avec un très joli parquet que nous aurons plaisir à fouler pieds nus. Sur le côté des fauteuils-hamacs permettent de se délasser devant la forêt.
Du côté opposé se trouve la cuisine, où Léo, la cuisinière, nous concocte de très bons petits plats et des limonades bien fraîches.

Léo, la cuisinière
Juan, l'intendant
Les logements sont dans le même esprit, tout ouverts avec toit en palmier tressé et parquet sur pilotis sur lequel se dresse un hamac, bien entendu, et une tente pour éviter moustiques et autres bestioles indésirables. Et en plus, nous avons le luxe d'avoir de vrais draps et oreillers, ainsi qu'un matelas bien confortable.

Notre habitation

Le lendemain matin, dès 7h30, nous partons explorer la selva en compagnie de notre guide William, que nous aurons rien que pour nous. :-)

William
Nous nous rendons à un mirador qui surplombe une petite lagune d'eau (enfin de boue) chargée en sels minéraux dont raffolent les animaux.


Seuls quelques oiseaux sont présents, pas de mammifère en vue. Mais l'ambiance est très agréable. Nous sommes cernés par la végétation et les bruits de la forêt : cris et chants des animaux, bruissements des feuilles...


William connaît énormément de choses sur la selva, tel arbre sert à soigner les maux de ventre, les pousses de tel autre les hémorragies causées par l'accouchement, la sève de tel autre est utilisée par les grands-pères pour rajeunir la peau, tel autre sert pour la charpente des maisons car très résistant, tel autre pour réaliser les toits de feuilles...
Et malheureusement, nous avons rapidement oublié leurs noms. ;-(

Pousses pour soigner les hémorragies
Nous lui demandons d'où il tient toutes ces connaissances et il nous répond que c'est son père et surtout son grand-père qui les lui ont enseignées depuis tout petit.
William vient de la plus ancienne communauté indienne de Bolivie, San José, et certainement la plus grande de la région aussi, car elle compte près de 350 familles. Elle se situe à plus de 10h de navigation de Rurre, voir beaucoup plus selon l'état du rio. Les gens y parlent le Quechua, ainsi que le Castillan (espagnol). Parmi les plus anciens certains parlent le Tacana, langue qui tend à disparaître et n'est parlée que dans les communautés. On discute un peu des coutumes (fêtes, costumes, ...) et de l'organisation de la communauté, c'est passionnant ! Beaucoup de gens sont amenés à quitter celle-ci afin de trouver du travail. Mais certaines agences de Rurre tiennent absolument à travailler avec des gens de ces communautés locales afin de perpétrer leur culture, et particulièrement leur connaissance de la selva, et de leur permettre d'en vivre.

Au fil de nos balades, nous apercevons de plus en plus d'animaux, notre guide est vraiment très très fort pour reconnaître et imiter le bruit des différents animaux et les trouver. 
Les arbres font une quarantaine de mètres de haut en moyenne, donc tous les deux nous voyons beaucoup de feuilles et lui a le don de trouver où sont les animaux pour nous les montrer.
A un moment, il trouve des singes hurleurs rouges et il imite tellement bien le cri du mâle que celui-ci commence à s'affoler et à hurler de plus belle croyant qu'un concurrent approche. En effet, dans un groupe de cette espèce il n'y a qu'un seul mâle, donc, quand les jeunes mâles deviennent adultes, ils sont soit tués, soit chassés du groupe.

Singe hurleur mâle
On se prend très vite au jeu et il semble que William soit très fier de nous faire découvrir tout ça. Sylvain aperçoit furtivement un ocelot, genre de gros matou sauvage.

Nous sommes équipés de bottes car nous devons souvent traverser des passages très boueux ou un petit rio soit à pied, soit sur des troncs d'arbres.

Tronc d'arbre pour traverser le rio
William nous fait également découvrir des fruits et baies de la selva, dont un fruit dont les pécaris raffolent et qui en apparence ressemble à grain de maïs géant lorsqu'il est mûr. La chair du fruit n'est pas épaisse, très ferme et assez filandreuse aussi. Elle a un petit goût de mangue en un peu plus laiteux et beaucoup moins sucré.


Nous avons également l'occasion de boire à la liane ou encore de manger des coeurs de palmiers tout frais.
Liane qui donne de l'eau
Nous ramassons également quelques graines afin de fabriquer des petits objets d'artisanat (bagues ou colliers) que William nous offrira en souvenir. Nous sommes très touchés par cette attention et ne les quittons plus.


L'avant-dernier jour, nous partons sur la pirogue pour pécher sur le Rio Tuichi, malheureusement ça ne mord pas, en tout cas pas les poissons.
Sylvain, qui s'était mis en short avec ce beau temps, fait la triste expérience des "sun-flies" (mouches de soleil) qui en quelques minutes lui font une cinquantaine de piqûres sur les jambes.

Séance de pêche
...et le résultat !
Le soir, beaucoup de petites bêtes non-visibles le jour en profitent pour sortir, dont les araignées qui sont quasiment toutes venimeuses, les serpents que nous ne verrons pas et des petites grenouilles trop mignonnes.

Tarentule très venimeuse
Araignée scorpion
Araignée de bananier, la plus dangereuse de le selva !
Grenouilles arboricoles


Le matin de notre départ, nous faisons une superbe balade sur l'autre rive du Rio Tuichi, où nous avons la chance d'observer 3 types de singes : les tamarins, les capucins et enfin les singes araignées.
Les tamarins sont tous petits mais très curieux, en revanche les 2 autres sont beaucoup plus difficiles à observer et encore plus à photographier. Mais nous assistons à un superbe saut d'un singe araignée qui se jette dans le vide entre 2 arbres éloignés d'une dizaine de mètres.

Singe tamarin
Nous avons la chance d'observer le passage d'un très grand groupe de pécaris, sorte de sanglier sauvage, que William tenait absolument à nous montrer. Ils possèdent une glande sur le dos qui sécrète une substance à l'odeur nauséabonde que l'on peut sentir de très très loin. De plus, ils émettent des grognements et un bruit comme un claquement de langue. Donc on sait quand ils sont à l'approche.

Pécari (chancho en Quechua)
Nous loupons de peu un fourmilier qui s'enfuit très vite parmi les feuillages.

Durant la navigation du retour à Rurre, nous observons encore beaucoup d'animaux, même si le jaguar n'a pas voulu être de la partie cette fois-là (la semaine d'avant, un couple de français a eu la chance d'en voir deux sur une plage).

A notre demande, le patron de l'agence a accepté de faire un arrêt au retour à un endroit dont William nous avait parlé et où les aras rouges et bleus viennent nicher dans la roche. Les aras sont toujours en couple, il nous explique que si l'un des deux meurt, l'autre est voué à mourir aussi. En fait, les aras sont bourrés de parasites et donc ont mutuellement besoin l'un de l'autre pour s'en débarrasser.



Envol de aras et trous qui servent de nids
Nous avons énormément apprécié ce séjour de 4 jours en plein coeur de la nature. De plus, nous y avons fait de très belles rencontres avec des gens passionnés et passionnants.


Nous aurions aimé pouvoir prolonger cette expérience de plusieurs jours tellement c'était captivant.

Album photo par ici



5 commentaires:

  1. Salut les p'tits loups. Je viens de lire votre passage dans la Selva. C'est captivant et encore un vrai dépaysement pour vos fidèles lecteurs. Vous transmettez tellement bien votre plaisir de cette expérience qu'on sort nous-mêmes tout réjouis de votre excursion. heureusement que ça n'agit pas de même pour les sun-flies car ça fait quand même des guiboles d'enfer. J'espère Sylvain que tu vas vite retrouver tes jambes de star. Tu as l'air d'avoir un sacré pouvoir de séduction auprès de ces mouches, elles t'ont pas râté. Bon chers Elise et Sylvain, je vous laisse poursuivre votre route. A très vite, gros bisous. Paul

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  2. Belle aventure que ce passage dans la Selva, on y était presque avec vous ! Quand même pas mal de bestioles pas très sympathiques, quelle horreur que ces mouches voraces, j’espère que William avait le remède qui guérit...Par contre les logements, les gens et le comédor font bien rêver.
    gros gros bisous, à suivre.Annie

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  3. Merci pour ce superbe voyage, que l'on suit de notre canapé ( moins dangereux).
    Bises a vous deux
    Nico&Anna

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  4. Salut,
    C'est vraiment magnifique et un peut troublant....avec toutes c'est petites bêtes charmante qui vous grimpe dessus.
    Super beau.
    A+

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  5. sympa de prendre le temps de nous raconter votre périple - c'est aussi bien qu'à la télé mais il manque le film - superbes paysages - profitez en bien - bon anniversaire élise - bois un coup de tord boyaux local à notre santé - nous nous trinquerons à la vôtre avec toute ma smala enfants et petits enfants avec qui je vais passer une semaine en ardèche - je t'embrasse très très fort - bonne continuation les baroudeurs - chantal jacques et stéphanie

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