samedi 26 juillet 2014

Cuzco et la Vallée sacrée

De retour à Cuzco, nous visitons le très chouette musée de l'Inca. Un guide nous accompagne et nous explique très clairement et de façon passionnante les différentes salles. Celles-ci retracent l'histoire du Pérou de la préhistoire à la conquête espagnole. Nous avons particulièrement aimé les collections de céramiques, les petits lamas modelés en argent servant d'offrande et la série d'une quarantaine de petites statuettes très finement sculptées en turquoise. Comme souvent, les photos sont interdites. Au rez-de-chaussée, des femmes vendent leur artisanat : tissus, céramiques, bijoux... Nous craquons à nouveau pour un joli vase et deux petites céramiques dont une terminée devant nous !

La dame qui finit l'une de nos céramiques

Le lendemain matin, nous prenons un collectivo (bus) en direction de Pisac et nous descendons en route au site inca de Tambomachay. Dans toute la région se succèdent d'innombrables ruines incas, nous choisissons de privilégier celles qui sont les plus intéressantes et qui sont comprises dans notre billet touristique acheté le matin même à Cuzco. 

Il ne reste plus grand chose à Tambomachay à part une très belle fontaine à trois niveaux, encore fonctionnelle et surplombant des bains. L'Inca serait venu se tremper ici.

Fontaine de Tambomachay


De l'autre côté de la route se trouve la forteresse de Pukapukara qui était un poste de garde mais aussi un pavillon de chasse et une étape pour les voyageurs. Il reste quelques habitations au pied des remparts. Si le site n'est pas extraordinaire, la vue panoramique est très chouette.

Pukapukara


Nous redescendons la route à pied vers Cuzco et visitons notre troisième site du jour, le plus impressionnant : Sacsayhuaman. Les ruines sont immenses et pourtant, il n'en reste que 20 %. Important sur le plan religieux, ce fut également une remarquable forteresse que Manco Inca repris aux mains de Juan Pizarro en 1536. La victoire fut de courte durée et les espagnols revinrent plus nombreux et reprirent la citadelle au prix de milliers de morts.

Sacsayhuaman
Il faut imaginer que le petit fil nous arrive aux genoux et que nous arrivons à peine à la moitié du "menhir" devant nous (désolée déformation bretonne et astérixienne ;-)



La plupart des murs ont été démontés par les conquistadores pour construire leurs maisons, seuls les plus grands blocs sont restés en place et certains dépassent les 300 tonnes... Le neuvième Inca Pachacutec, grand bâtisseur, a conçut le plan de Cuzco en forme de puma, Sacsayhuaman surplombe la ville et représente la tête de l'animal. Les 22 murs en zig-zags, qui forment les imposants remparts sur trois hauteurs, sont les dents du félin. Trois tours gardaient le fort, il ne reste que les fondations de l'une d'entre elles mais qui laisse imaginer l'immensité de l'édifice.

Sacsayhuaman - "les dents" du puma

Le site compte également de nombreuses habitations qui abritaient quelques 5 000 guerriers d'élites de l'Inca. 

Dernier site de cette journée bien remplie, Q'enqo qui est un ensemble de tunnels, de canaux et d'escaliers creusés dans un immense bloc de calcaire. De nombreux autels ont été sculptés et le lieu servait essentiellement pour les sacrifices rituels.

Après une nuit de repos bien méritée, nous reprenons le même collectivo que la veille mais allons cette fois jusqu'à la petite ville de Pisac qui se trouve dans la vallée sacrée des Incas (vallée de la rivière Urubamba). Au-dessus de la ville actuelle se tient l'imposante cité inca bâtie en forme de condor. La citadelle est nichée à la confluence de trois gorges abruptes, endroit stratégique car gardant l'entrée de la vallée ainsi qu'un col menant à la selva. Le vaste site est composé de trois parties : la première est le centre cérémoniel qui surplombe de grandes terrasses agricoles ; la seconde joua un rôle militaire et la troisième abritait de nombreuses habitations à la construction plus sommaire. 
Cité "militaire"
Terrasses agricoles
Zone d'habitation
La partie la plus impressionnante est celle des temples. De nombreux canaux et fontaines sont encore en état de fonctionnement et l'architecture de certains bâtiments est époustouflante. Chaque pierre est taillée au millimètre pour joindre de façon parfaite avec ses voisines, c'est un travail absolument remarquable ! La forme trapézoïdale des portes et des fenêtres permettaient à l'édifice de résister aux tremblements de terre fréquent dans la région.

Zones des temples
Fontaine et canalisations

Après plusieurs heures de promenade sur le site, nous redescendons en ville à pied. Dans le lieu où nous achetons nos empanadas pour le déjeuner se trouve un hôtel à cuys (cochons d'Inde), ils ont l'air de s'y plaire, inconscients du triste sort qui les attend... 

La cabane des cuys (à droite le four) ;-(

Nous remontons ensuite un peu plus la Vallée sacrée, passons la ville peu intéressante d'Urubamba et arrivons à Ollantaytambo où nous passons la nuit. La pension est charmante et la tenancière nous fait fortement penser à La Dona de la série Treme en version latino (pour ceux qui ne connaissent pas, on vous la recommande chaudement !), autant physiquement (visage dur) qu'au niveau de son caractère bien trempé mais qui connaît également très bien la région. Trois chats se prélassent dans l'auberge, ils sont vraiment les rois et s'installent sur nos genoux dès que nous nous asseyons. 

Au petit matin, nous arrivons sur le site inca d'Ollantaytambo pour l'ouverture à 7h. Nous visitons le site en compagnie de quatre français forts sympathiques que nous avons rencontré la veille et que nous saluons chaleureusement ! Le site est moins vaste que Pisac mais il n'en est pas moins passionnant, d'autant plus que nous prenons un guide qui nous permettra de mieux comprendre ce lieu bâti en forme de lama.


Ollantaytambo


En bas se trouve "l'hôpital" où des fontaines d'eau sacrée servaient à soigner les malades, accompagnée de tout le savoir des Incas sur les plantes médicinales. Il y a également une curieuse pierre grise qui compte trois rigoles, notre guide nous explique que les femmes accouchaient en haut de la pierre et qu'en fonction du canal dans lequel glissait le placenta, on attribuait à l'enfant un élément (terre, eau, air, feu...) et cela conditionnait son futur métier et une place bien définie dans la société. Sur le site se trouvait également une école et les enfants étaient répartis dans les classes en fonction de leur élément.

Partie de l'hopital
Fontaine d'eau sacrée et médicinale
Pierre où les femmes accouchaient et ses 3 toboggans du destin

En se retournant, une montagne sacrée domine le village. On peut y apercevoir (avec un peu d'imagination quand même !) un homme de profil, sa femme et son fils dans un drap accroché à son dos. Cette montagne servait également de calendrier car les marches qu'elle dessine permettait aux astronomes Incas de déterminer le mois de l'année en fonction de la position du soleil. C'était une donnée fondamentale pour l'agriculture. 

Montagne "calendrier" - avec l'Inca allongé de profil (à droite), sa femme et son bébé sur le dos (on vous montrera en rentrant :-)
Nous grimpons ensuite le long de nombreuses terrasses de culture. Au-dessus se trouvent les temples ainsi que les bâtiments défensifs. Un chemin de ronde servait pour protéger le site qui était surplombé par une colossale tour de garde dont il ne reste que les fondations titanesques et quelques énormes blocs qui se sont écroulés. Les pierres  les plus grosses proviennent d'une carrière de l'autre côté de la vallée, à près de 7 kilomètres. Il fallait donc d'abord extraire les blocs, puis les descendre dans la vallée, les faire "traverser" la rivière dont les Incas détournaient le cours pour passer les blocs d'un côté à l'autre. Ils ne leur restaient "plus qu'à" les monter jusqu'au sommet de la forteresse, près de 200 mètres au dessus de la vallée. Pour déplacer ces pierres, ils les faisaient rouler sur des rondins de bois et des pierres arrondies, certains poussaient et d'autres tiraient à l'aide de cordes.

Entaille dans la pierre réalisée avec un fil contenant du fer

La tour servait également à communiquer par un jeu de miroir en argent, des messages pouvaient être transmis quasi instantanément d'un bout à l'autre de la vallée, soit de Pisac jusqu'au Machu Picchu. L'ingéniosité des Incas était vraiment remarquable.

Zone des temples - base de ce qu'il reste de la tour

Certaines allées sont bordées de nombreuses petites niches, chacune représente une divinité qu'il convient d'honorer en fonction de sa fonction sociale : un paysan va honorer la terre (Pachamama), un astronome les étoiles, un guerrier le feu...


Niches pour les offrandes aux divinités

Après un bon petit déjeuner à l'auberge, nous prenons un taxi pour accéder à trois nouveaux sites et ensuite redescendre sur Cuzco. 

Le premier de ces sites est Moray. Ici, les terrasses de culture forment des cercles concentriques très réguliers. Les Incas ne voulant pas modifier le relief naturel ont simplement composés avec. Ce lieu servait de laboratoire agricole. En effet, en fonction de la position de la terrasse, le climat n'était pas le même. Les premiers cercles recevaient davantage d'humidité et de chaleur, il permettait de faire pousser les essences de la selva. Un peu plus haut, le microclimat était plus proche de celui de la côte et, tout en haut, on retrouve le climat de la puna (montagne), plus sec et plus froid. Ainsi, les Incas pouvaient sélectionner les espèces les mieux adaptées à chaque région. Trois ensembles circulaires se succèdent, le premier est le plus grand et le mieux conservé. Il n'y a pas d'escalier pour descendre dans les cercles, seulement des pierres qui sortent des murs des terrasses afin de ne pas fragiliser ces dernières.

Moray
Moray - escalier des terrasses


Le second site se nomme Salinas. A flanc de montagne se trouvent d'innombrables bassins qui sont en fait des marais salants. Une petite source d'eau chaude et très salée (plus que la mer) sort de la montage avec un débit toujours constant, quelque soit la pluviométrie. Ce cours d'eau quasi-miraculeux est ensuite acheminé vers les bassins à l'aide de nombreux canaux, le soleil permet ensuite l'évaporation de l'eau et les travailleurs récoltent ensuite le sel de la même façon que le faisait les Incas plus de 500 ans avant eux. Le sel récolté ici sert à la consommation et est vendu chaque dimanche sur le marché d'Urubamba. Les nombreux bassins et les différences de couleurs entre chacun d'eux offrent un spectacle superbe et très surprenant.


Salinas - hommes travaillant le sel


Le troisième site est Chinchero et c'est sûrement le moins impressionnant des trois. Cependant, les grands remparts surplombant la vallée et les montagnes environantes méritent amplement l'arrêt. En redescendant du site, nous faisons un petit tour au marché avec notre chauffeur. Nous en profitons pour goûter la fameuse chicha, alcool de maïs fermenté local. Après avoir trinqué avec quelques anciens du village, nous goûtons la version "soft" du breuvage qui n'est pas mauvais du tout ! On dirait un peu du jus de raisin alcoolisé qui mousse et ce n'est pas trop fort (moins de 10°). 

Chinchero - place de l'église

Marché de Chinchero

Après ce petit apéro improvisé, nous reprenons la route jusqu'à Cuzco où nous passons notre dernière nuit. Le lendemain, un bus nous emmène à Puno, sur la rive péruvienne du lac Titicaca. 


Si le Machu Picchu est évidemment le site le plus connu et le plus majestueux, la Vallée sacrée et ses alentours regorgent de sites tous très différents les uns des autres. Chacun témoigne à sa manière du savoir-faire et de l'intelligence des Incas et de tous les peuples qui les ont précédés et dont ils se sont inspirés. Nous avons finalement passé près de 10 jours autour de Cuzco mais cela en valait vraiment le coup ! Comme nous n'avons pas effectué de long trajet en bus ces derniers temps, cela explique un peu notre retard car c'est bien pratique, le bus, pour écrire nos articles ! 


A bientôt pour de nouvelles aventures lacustres !

Album photo par ici

1 commentaire:

  1. C'est vraiment sublime toutes c'est couleurs, on à l'impressions d'avoir à faire à des colorants et non à du sel,et toute cette architecture d' ancienne battisse, il était très fort plus fort que nous pour l’utilisation de la nature.
    Sublime

    RépondreSupprimer

Merci de laisser votre prénom