Nous arrivons de nuit à Arequipa, grande ville de près de 900 000 habitants. Depuis la gare routière, nous prenons un taxi qui nous amène à un hôtel que nous avions repéré mais malheureusement, celui-ci est complet. Le taxi nous trouve un autre lieu, visiblement chez une de ses connaissances.
"Arequipa" signifie "l'endroit derrière le pic" en aymara et après un repos bien mérité, nous avons le plaisir de le découvrir : le spectaculaire volcan Misti domine la ville du haut de ses 5 825 mètres.
Vue de la chambre (en se penchant un peu...) |
La ville est très occidentale, les gens ne portent pas les tenues traditionnelles mais des vêtements très occidentalisés, une grande rue piétonne est bordée de magasins parfois de luxe et on y trouve un McDo, un KFC, un Starbucks et un Burger King... on préférait le charme un peu moins gringo de Sucre par exemple.
Nous consacrons la matinée à nous balader dans cette agréable ville qui compte de jolis bâtiments coloniaux et une superbe place des armes ornée de colonnades ressemblant à celles de Cuzco.
Pour déjeuner, nous choisissons une adresse réputée pour ses ceviches. Ce plat typique est composé de dés de poisson cru ou de fruits de mer marinés dans du jus de citron avec de la coriandre et plus ou moins de piment. C'est absolument délicieux !
En début d'après-midi, nous nous rendons au Museo Santuarios Andinos. C'est dans ce musée qu'est exposé "Juanita, la jeune fille des glaces". Un petit film de 20 minutes à l'entrée du musée nous explique son histoire. C'est lors d'une expédition en 1992 sur le volcan Nevado Ampato (6 310 m) que des fragments de bois évoquant des sites funéraires ont été trouvés. En 1995, suite à l'éruption du proche volcan Sabancaya, une expédition fut organisée sur le Nevado Ampato afin de retrouver le site jusqu'à présent sous la glace et mis à jour grâce au réchauffement du à l'éruption. Sur le site, des statuettes et des offrandes ont été retrouvées mais le monument funéraire s'était écroulé. C'est à l'intérieur du cratère du volcan que les archéologues découvrirent le corps d'une jeune de fille âgée de 12 à 14 ans enveloppé dans ses habits funéraires. Grâce aux conditions climatiques extrêmes, le corps a été parfaitement conservé par la glace pendant 500 ans, sauf une petite partie du visage qui a été brûlée par le soleil suite à l'éruption.
Les Incas considéraient les montagnes et les volcans comme des dieux. Il fallait donc leur faire régulièrement des offrandes pour éviter leur colère, des sacrifices d'enfants étaient donc assez régulièrement organisés. Une vingtaine de corps sacrifiés furent découverts sur les sommets andins dans les années 50.
Le corps de Juanita fut descendu du sommet et étudié à Arequipa puis aux États-Unis. Le sacrifice ne fait aucun doute, la mort serait due à un coup sur la tempe droite, mais la jeune femme n'a pas souffert sous les effets conjugués du froid, de la coca et de la chicha (alcool de mais fermenté). Son crane a subit les déformations rituelles réservées à la classe dirigeante inca. Du fait de son sacrifice, Juanita est elle-même considérée comme une divinité. Elle connaissait le sort qui l'attendait, mais cela constituait un moyen de se rapprocher des dieux incas et donc un très grand privilège d'être l'élue.
Les pièces du musée sont très belles et voir un corps congelé en presque parfait état de conservation est impressionnant. Afin de le protégé, le corps est gardé sous une cloche à très basse température et dans une pièce aux lumières très tamisées.
Cependant, la guide a été très rapide dans ses explications et nous avons un peu eu le sentiment que le but était de faire passer le plus de monde possible en une journée... dommage.
Après une agréable sieste, nous sortons pour visiter le monastère de Santa Catalina des soeurs carmélites. Deux soirs par semaine, il est ouvert au public jusqu'à 21h et éclairé seulement par des lanternes et des bougies. L'expérience est saisissante !
Le monastère est immense (20 000 m²) et forme une véritable "ville dans la ville". Fondé en 1580 par une riche veuve, il n'est ouvert au public que depuis 1970. Le monastère est constitué de 3 grands patios (dont le patio des novices et des orangers), chacun est entouré d'arches et richement agrémenté de plantes et de fleurs. De ces cloîtres partent des rues aux noms de villes espagnoles (Cordoba, Toledo, Burgos...).
Tous les murs des ruelles sont peints en blanc, en rouge ou en bleu. De chaque coté, des cellules des nonnes sont ouvertes et nous pouvons les explorer. Plus ou moins grandes en fonction de la richesse de la famille de la nonne (qui payait une dote annuelle), elles sont presque toutes sur le même plan avec un lieu pour méditer, un lit et une pièce ouverte avec un four pour la cuisine.
Chaque four à bois a été allumé et l'éclairage à la bougie rend le tout très authentique dans cette ambiance feutrée. Nous sommes quasiment tout seuls et n'avons pas l'impression d'être dans un musée mais plutôt, qu'a tout moment, une religieuse va surgir et nous demander ce que nous faisons là.
Chaque four à bois a été allumé et l'éclairage à la bougie rend le tout très authentique dans cette ambiance feutrée. Nous sommes quasiment tout seuls et n'avons pas l'impression d'être dans un musée mais plutôt, qu'a tout moment, une religieuse va surgir et nous demander ce que nous faisons là.
Un peu plus loin se trouve le lavoir. Dans une ruelle en pente, de grandes jarres coupées en deux servent de bacs à linge et un ingénieux système permet d'apporter l'eau à chacune d'entre-elle.
Nous continuons notre chemin et découvrons une place avec une grande fontaine.
Nous entrons ensuite dans la cuisine commune, en face de laquelle se trouve le réfectoire. Tous les ustensiles sont encore à leur place, les fours sont allumés et un puit permet l'approvisionnement en eau.
Nous entrons ensuite dans la cuisine commune, en face de laquelle se trouve le réfectoire. Tous les ustensiles sont encore à leur place, les fours sont allumés et un puit permet l'approvisionnement en eau.
Nous n'avons pas vu passer les deux heures de visite dans ce lieu unique et magique, coupé du temps et de l'agitation de la ville. Pour un peu, nous serions rentrés dans les ordres... mais rassurez-vous, nous avons réussi à résister à la tentation !
Le lendemain matin, direction la gare routière pour prendre un bus direction Cabanaconde pour explorer le canon del Colca. Les six heures de trajet passent vite sur cette route magnifique et variée où nous longeons de nombreux volcans bordés par la Puna aride puis, sur plusieurs kilomètres, des terrasses agricoles se succèdent et enfin, nous devinons le canyon en contrebas. Il est réputé comme le deuxième canyon le plus profond au monde (jusqu'à 3 000 m) après son voisin de Cotahuisi même s'il y a controverse. En tout cas, c'est vraiment vertigineux !
Une fois descendus du bus, nous prenons un petit encas sur la place centrale du sympathique village et demandons si l'auberge que nous avons réservé la veille est loin. Le serveur nous informe qu'elle se situe à 5h de marche... aie, elle est en fait située au fond du canyon et il faut ensuite encore longer le rio durant 3h... il est 14h donc, c'est râpé.
Jour de mariage à Cabanaconde |
Un peu déçus, nous pensons quand même descendre dormir en bas du canyon dans le lieu surnommé "l'oasis" lorsque Sylvain s'aperçoit qu'il a oublié sa micro-doudoune dans le bus alors que ce dernier est déjà reparti pour Arequipa...aie, aie, aie. Nous allons voir la personne de l'agence qui nous envoie balader en nous disant qu'elle n'a pas le numéro de l'agence à Arequipa (mouais...) et que de toute façon, si quelqu'un la trouve il la prendra pour lui... sympa, merci pour cette aide précieuse !
En désespoir de cause, nous en discutons avec le cuistot de notre restaurant qui nous dit que ça femme est dans le bus vers Arequipa. Il la contacte mais celle-ci, après quelques recherches et coupures de réseau, nous dit que la veste n'est plus dans le bus. Quinze minutes plus tard, elle rappelle pour nous dire que finalement, elle l'a retrouvée !!! OUF !!! Elle va la donner à un de ses amis qui arrive avec le bus du soir. La gentillesse des gens (à quelques rares exceptions près...) est assez incroyable. Du coup, nous décidons de passer la nuit à Cabanaconde et nous récupérons la veste en début de soirée histoire que Sylvain puisse manger au chaud !
Le lendemain matin, nous partons marcher vers la Cruz del Condor, le lieu le plus impressionnant du canyon et où, comme son nom l'indique, de nombreux condors se laissent planer au-dessus du vide. Nous arrivons un peu tard pour voir ces immenses oiseaux mais nous en croiserons quelques-uns en chemin dont l'un qui passe tout près de nos têtes, nous l'entendons même planer et nous voyons bien comment il se sert de sa queue comme d'un gouvernail !
La vue depuis la Cruz del Condor sur le canyon donne le vertige et nous y attendons notre bus pour rentrer sur Arequipa.
Après 6h sur la même magnifique route qu'à l'aller, nous retrouvons nos affaires à l'hôtel. Le temps d'engloutir goulûment un succulent ceviche et nous montons dans le bus pour Nazca afin de pouvoir survoler les mythiques géoglyphes.
Après 6h sur la même magnifique route qu'à l'aller, nous retrouvons nos affaires à l'hôtel. Le temps d'engloutir goulûment un succulent ceviche et nous montons dans le bus pour Nazca afin de pouvoir survoler les mythiques géoglyphes.