Après 6h de vol, dont nous profitons pour dormir un peu, nous arrivons à Papeete avant minuit, soit quasiment l'heure à laquelle nous sommes partis de l'Ile de Pâques (hé oui, nous voyageons aussi dans le temps ;-)
Nous avons quitté Rapa Nui sous un vent froid et arrivons là sous une chaleur presque écrasante, mais contents d'avoir plus chaud.
Nous venons de prendre 5h de décalage dans la vue, donc nous savons que nous allons peu dormir. Au vue des prix des chambres aux alentours de l'aéroport, nous préférons rester dans celui-ci. Nous déplions nos matelas auto-gonflants pour nous offrir un petit roupillon avant l'ouverture du fret pour renvoyer nos affaires chaudes vers la France. Ce colis mettra entre 3 et 4 mois pour arriver par bateau, mais l'avantage, c'est que ce n'est pas très cher et de notre coté nous ne sommes absolument pas pressés, il arrivera de toute façon avant nous et surtout cela nous permet de nous délester de plus de 5 kg d'affaires. Nous sommes bien contents car nos sacs devenaient vraiment trop lourds avec la tente, les matelas, les palmes, les shortys...
Après avoir enregistré nos bagages à 10h le lendemain, nous en profitons pour sortir de l'aéroport et faire un petit tour, histoire notamment d'essayer d'apercevoir le lagon, qui comme attendu est magnifique ! Arrivés de nuit, nous ne l'avions pas encore vu. Nous trouvons un point de vue qui le surplombe légèrement et d'où l'on peut voir également Moorea en arrière-plan (île la plus proche de Tahiti).
Nous en profitons également pour faire quelques courses sommaires en vue du dîner, car nous ne savons pas ce que nous allons pouvoir trouver en arrivant.
Cela nous fait bizarre de remettre le pied sur un territoire français après 5 mois, même s'il nous faut tout de même nous familiariser avec une autre monnaie, le franc pacifique.
Leurs tout nouveaux billets ressemblent à nos euros, mais en encore plus beaux, avec des poissons tropicaux, des tortues et le pilon traditionnel, symbole de Maupiti et fierté des habitants car imprimé sur les billets les plus gros, ceux de 10 000 francs. Il nous faut également abandonner l'espagnol auquel nous nous étions habitués.
A Faa'a, commune de l'aéroport de Papeete, nous sommes sur l'île de Tahiti, la plus grande de Polynésie, située à 17 100 km de Paris (12h de décalage). Elle fait partie des îles du vent dans l'archipel de la Société, tout comme Moorea. A Maupiti, nous serons dans le même archipel mais dans les îles sous le vent.
Et puis vient l'heure d'embarquer, notre vol doit durer moins d'une heure, 50 minutes durant lesquelles on se régale des îles que l'on survole et qui semblent tous plus beaux les uns que les autres. Nous sommes impressionnés par ces dégradés de bleus qui passent du bleu profond, au turquoise et tirent jusqu'au vert clair. Les gens se lèvent dans l'avion pour profiter au maximum de la vue, passant tantôt de l'allée de gauche à celle de droite et inversement. Nous n'avions jamais vu ça, mais nous en faisons tout autant, on laisse aussi notre place pour que tout le monde puisse prendre des photos car le spectacle est grandiose.
Sur une brochure, une carte nous apprend que la Polynésie française est presque aussi étendue que l'Europe (4,5 millions de km²) et peuplée de 260 000 habitants. Si l'on place Tahiti vers Reims, alors les îles sous le vent les plus éloignées sont au large de Brest ; les Australe proches des Pyrénées ; les Tuamotu entre le nord des Pays-Bas, la Biélorussie et la Bulgarie ; les Gambier au nord de la Grèce et les Marquises au niveau de la Suède. Il y a plus de 10 langues et entre marquisiens, tuamotus et tahitiens, ils faut se parler en français sinon, l'on ne se comprend pas.
Puis, l'avion commence déjà sa descente, en survolant une première fois le lagon de Maupiti avant d'entamer un demi-tour pour s'aligner sur la piste de l'aéroport.
Nous sommes euphoriques, sous nos yeux se déroule la carte-postale grandeur nature et nous avons du mal à y croire.
L'aéroport est tout petit, juste un faré (maison typique tahitienne) et il n'y a que 3 mètres à faire pour être au bord de l'eau.
Nous cherchons le propriétaire de la pension où nous avons prévu de planter notre tente. Nous avions réservé, mais pas eu sa confirmation pour venir nous chercher à l'aéroport. Nous n'avons pas à chercher longtemps car tout le monde se connaît sur l'île et une dame qui nous demande où nous allons nous indique Gilbert, notre hôte.
En guise d'accueil, en plus d'un grand sourire, nous avons le droit à un joli collier fleurs de tiaré qui sentent magnifiquement bon.
Gilbert nous embarque sur son petit bateau, direction le motu Auira (= îlot) où nous allons passer les 5 prochains jours. Nous ne sommes pas sur l'île principale et il faut donc un bateau pour faire la navette.
Nous nous sommes la petite étiquette blanche tout à gauche |
Nous faisons juste une petite pause rafraîchissante "chez Mimi", un snack situé sur l'île principale juste en face de notre motu et au bord de la superbe plage de Tereia. Le temps pour Gilbert et Sylvain de siroter une bière locale bien fraîche, la Hinano. Nous y faisons la connaissance d'un couple de français en vacances chez Gilbert.
Il reste peu de trajet pour arriver au motu, la traversée peut d'ailleurs se faire à pied en une demi-heure, car l'eau nous arrive un peu au-dessus de la taille au passage le plus profond et sous les genoux la plupart du temps.
Mais pour naviguer cela nécessite de bien connaître cette partie du lagon, car il y a très peu d'eau par endroits et quelques rochers qui arrivent très près de la surface, donc il faut savoir où passer. Et comme vous vous en doutez, c'est magnifique.
Arrivés sur l'île, Gilbert nous présente un couple de jeunes également pensionnaires sur le motu et avec qui nous partagerons la cuisine.
Gilbert nous propose de dormir dans un bungalow pour quasiment le même prix que le camping. Après avoir vérifié que nous aurions assez de liquide, nous acceptons sa proposition. En effet, l'île n'a pas de distributeur automatique, et en retirant de l'argent à Tahiti nous étions limités à un certain montant par semaine (comme c'est le cas sur d'autres Îles). Cela peut être assez embêtant par rapport aux Îles où l'on ne peut pas retirer d'argent et où ils ne prennent pas la carte bleue (à Tikehau par exemple).
Après avoir posé nos affaires, nous fonçons dans l'eau admirer les patates de corail en face de la pension. C'est une véritable nurserie qui grouille de petits poissons de toutes les couleurs. Certains poissons nous sont familiers, comme les papillons, mais nous n'avions pas encore eu l'occasion de voir leurs petits. Du coup, on trouve cela très chouette !
L'eau est à 27°C donc on y rentre comme dans un bain et l'eau est tellement claire qu'on distingue très bien nos orteils.
Parfois, on voit passer des raies léopard ou pastenagues, ou encore des petits requins pointes noires.
Par contre, contrairement à Rapa Nui, mais comme beaucoup d'île, la nuit tombe très tôt. Nous décidons donc de nous mettre au rythme du soleil, notamment pour en profiter le matin. De plus, l'électricité est fournie grâce à des panneaux solaires et il s'agit de ne pas abuser non plus.
Par contre Gilbert nous explique que l'eau douce n'est absolument pas un problème à Maupiti car c'est une île haute, contrairement aux atolls qui n'ont pas de montagne. En effet, c'est un gros avantage d'avoir une montagne car cela permet aux nuages de s'accumuler au-dessus et de recevoir des précipitations régulièrement, du coup les gens de l'île récupèrent l'eau de pluie qui les alimente en eau courante.
D'ailleurs, dans la nuit, nous sommes ravis de ne pas être sous la tente, car il se met à pleuvoir fort à plusieurs reprises.
Le lendemain matin, nous nous réveillons sous un grand soleil et la chaleur est au rendez-vous. Nous décidons de nous rendre en canoë jusqu'à la pointe à l'extrémité la plus proche du motu. Et là, sous l'eau c'est fabuleux, dans moins d'un mètre d'eau cela regorge de poissons, de bénitiers, de coraux multicolores. Nous restons près de 2h dans l'eau à admirer cet aquarium naturel.
Pour le déjeuner, nous décidons de traverser le lagon à pied jusqu'à chez Mimi. Nous souhaitons ensuite profiter d'être sur l'île principale pour aller au village faire quelques courses et devons pour cela prendre nos sacs-à-dos qui auraient été trempés sur le canoë. Après avoir avalé un bon sandwich bien copieux, nous nous lançons sur "la route traversière" qui permet de passer de l'autre coté de l'île vers le village. De là-haut il y a une superbe vue qui surplombe le lagon et, sur le chemin, quantité de fleurs exotiques toutes plus jolies les unes que les autres, en plus des fruits (cocos, bananes, mangues, fruit à pain...).
Certains disent de Maupiti "que c'est Bora Bora, il y a 30 ans". Le tour de l'île ne fait que 9 km et ici il y a seulement 1 200 habitants, qui se connaissent tous. Tout le monde se dit bonjour ou se salue d'un signe de la main (notamment quand ils se croisent en voiture), y compris avec les touristes et ça, c'est vraiment super agréable !
Les 3 petites épiceries sont fermées, ici cela ouvre quand le propriétaire est là. En attendant que l'une d'elle ouvre, Haki, l'artiste de l'île nous fait la conversation. Il nous explique qu'il a composé et chanté plein de tubes super connus en Polynésie, qu'il a été guide sur l'île, qu'il n'aime pas les voitures mais préfère sa bicyclette car elle ne pollue pas et que cela lui suffit vu la taille de l'île, qu'il construit sa maison tout en coquillages tout seul depuis 20 ans... Bref un sacré personnage !
Une petite heure après l'avoir rencontré, l'épicerie finit par ouvrir, nos achats bouclés nous faisons du stop pour rentrer. Il n'y a pas beaucoup de voitures sur l'île, et ça aussi c'est très appréciable et les gens vous prennent aisément en stop, voir souvent font un détour pour vous déposer où vous allez. Nous faisons ainsi la connaissance du pasteur de Bora Bora, qui vient officier ici une semaine tous les 2 mois. Notre chauffeur avait prévu de s'arrêter bien avant notre destination, mais après avoir fait un stop pour regonfler la roue de son 4x4 qu'il avait crevée la veille, il demande au pasteur de nous conduire jusqu'à chez Mimi.
De là, nous commençons à retraverser le lagon à pied, quand Gilbert arrive avec son bateau, il nous demande d'attendre quelques minutes car il a une course à faire. Et là quelques instant plus tard, il revient avec 2 énormes dorades corifènes, qu'ils appellent Mahi-Mahi ici. Elles pèsent plus de 12 kg chacune et sont prévues pour le dîner des personnes en demi-pension. Gilbert nous en donnera un énorme morceau de la tête, le meilleur, à partager avec nos deux acolytes, qui comme nous se font à manger eux-mêmes. Nous décidons du coup de dîner tous les quatre et Gilbert vient de temps en temps superviser la cuisson du poisson ;-)
Avec sa femme, Edna, ils mettent également à notre disposition un énorme régime de bananes (dont ils trouveront qu'il ne descend pas assez vite par la suite). Puis, après le repas, Gilbert veut partager son billard avec nous et apprendre notamment aux garçons à jouer "à la Tahitienne" avec une règle très locale, tout ça arrosé de quelques verres du rhum de sa réserve personnelle.
Un autre jour, nous aurons le droit à une papaye rouge...
Voilà, cela vous donne en tout cas, un petit aperçu de l'accueil Polynésien qui est vraiment très généreux.
Le lendemain matin, nous partons plonger avec l'unique club de plongée de l'île, tenu par un couple de métropolitains très sympa, Nelly & Yannick, venus s'installer ici il y a quelques mois. La première plongée est prévue sur le site des raies manta, et malheureusement la deuxième qui était prévue l'après-midi en dehors du lagon n'est pas possible car la passe est trop agitée.
Nous faisons donc une très belle plongée en compagnie des mantas. Nous en voyons passer dès notre mise à l'eau et sommes déjà impressionnés. Puis nous avançons jusqu'au caillou qui leur sert de station de nettoyage et où des petits poissons, tels que les labres, viennent les débarrasser de leurs parasites. Deux raies sont déjà présentes sur le site, et deux autres font un bref passage un peu plus tard. Le spectacle est superbe ! Nous faisons une plongée de plus d'une heure avec Yannick et n'avons pas trop l'envie de les quitter. Mais nous les apercevons une dernière fois sous le bateau avant de remonter à la surface. :-)
En lieu et place de notre 2ème plongée, à défaut de pouvoir plonger à l'extérieur du lagon, nous décidons de replonger sur le site des mantas dès le lendemain. Et alors là, on assiste à un vrai festival ! On voit tout d'abord passer 4 mantas sous le bateau, et sur le site, elles arrivent petit à petit jusqu'à être 8 à danser et planer autour du rocher (d'ailleurs il n'y a pas qu'elles qui planent à ce moment-là !). L'une d'entre elle, vient même passer juste au-dessus de la tête d'Elise, et d'autres nous survolent ensuite de plus loin. L'instant est vraiment exceptionnel !
Elles mesurent près de 5 mètres d'envergure et sont vraiment majestueuses. On comprend pourquoi leurs extrémités s'appellent des ailes, car cela donne véritablement l'impression qu'elles volent.
Nous sommes donc ravis de nous être remis à l'eau et d'avoir pu assister à ce fabuleux ballet ! :-)
Pour nous remettre de nos émotions, nous allons déjeuner chez Mimi, avec un plat de poisson grillé accompagné de frites pour Sylvain et du poisson à la tahitienne (cru au citron vert et lait de coco avec des crudités) pour Elise. Un vrai délice !
L'après-midi, Sylvain souhaite explorer l'autre coté du motu qui donne sur l'océan. Après avoir franchi la barrière de corail, il se jette à l'eau où il aperçoit rapidement deux requins à pointes noires et certains poissons qui ne sont pas présents dans le lagon. Le plus difficile à gérer est la sortie de l'eau, où il faut remonter sur la barrière en essayant de ne pas trop s'égratigner dessus au passage, malgré les vagues qui viennent s'écraser contre le récif corallien.
A la nuit tombée, nous profitons de la vue du coté de notre motu sur l'île principale, grâce à la lune qui éclaire comme si des candélabres étaient allumés (ici pas de pollution visuelle).
Le lendemain matin, nous décidons de nous rendre au sommet de l'île, le mont Te Uru Faatiu (385 mètres) d'où parait-il, il y a une vue à quasi à 360°C sur Maupiti et son lagon. L'ascension est escarpée, avec deux passages où l'on peut s'aider d'une corde. Il est à peine 9h du matin, mais il fait déjà extrêmement chaud, cela nécessite donc un effort supplémentaire, mais qui vaut vraiment la peine étant donné la vue que l'on aperçoit déjà entre les feuillages.
Arrivés en haut la récompense est plus qu'à la hauteur. On domine une grande partie du lagon, tout à notre gauche la piste de l'aéroport, puis en tournant les yeux vers notre droite, d'abord la passe cernée par deux motus, des piscines naturelles qui forment des dégradés de bleu turquoise, deux pics qui restent du cratère effondré depuis très longtemps, et puis enfin tout à droite notre motu.
Nous croisons quatre retraités français, dont deux installés en Polynésie depuis 30 ans. Ils tenaient une pension de famille et ont tout revendu pour leur retraite afin de s'acheter un voilier qui leur sert maison à présent depuis 4 ans. Ils naviguent donc entre la multitude d'îles qui composent la Polynésie et leurs deux amis sont venus leur rendre visite. Il y a pire comme retraite, non ?
L'après-midi, nous marchons de notre motu jusqu'aux piscines naturelles, cela ne parait pas comme ça, mais cela fait un sacré bout de chemin. On croise plusieurs personnes qui font du kite-surf à la pointe en face de notre motu. Nous sommes sous les alizés, très propices pour ce genre d'activité.
Arrivés vers les piscines, Sylvain aperçoit un requin pointes noires assez curieux et qui se fait peur tout seul et se met à détaler en un éclair.
Le lendemain c'est déjà le jour du départ, ces 5 jours sont passés à une vitesse folle. Nous avons été tellement bien accueillis dans ce merveilleux coin de paradis !
Edna, la femme de Gilbert, nous a préparé des colliers de coquillages pour notre départ.
Gilbert aux commandes de son bateau |
Nous prenons nos dernières photos de Maupiti, puis Gilbert nous conduit à l'aéroport, où nous croisons quelques visages familiers, Marina et Vivien avec qui nous avions plongé la première fois, le pasteur, des personnes qui nous avait pris en stop... Le temps de se dire bonjour, de discuter un peu l'avion arrive et avec lui déjà le temps des "au revoir".
Dans 20 minutes nous atterrirons à Bora Bora !
Et bien là, on partage le rêve avec vous !!! Les splendides photos sont toujours à la hauteur du texte.
RépondreSupprimerVos colliers sont superbes, manque juste leur arôme.
Juste l'impression que vous frôlez beaucoup de requins? non?
Quelles rencontres chaleureuses et généreuses à stocker dans vos réserves à souvenirs !
gros bisous envieux et émerveillés.
Annie
Fabuleux toutes ces nouvelles images . Entre l'étrange regard des grands moais, le vol des raies mantas ou les îles paradisiaques vues d'en haut que choisir ? Rien il faut tout garder et oublier un instant la grisaille de nos contrées .
RépondreSupprimerAlors nana aussi et gros bisous . Philippe
Des journées d'enfer et la tête dans le guidon (pas sous ces merveilleuses eaux turquoises), je prends enfin le temps de savourer avec délice ces vues paradisiaques. Que c'est bon aussi de voir que les valeurs humaines existent encore, et qu'au bout du monde le partage et les gestes généreux valent vraiment la peine de venir jusqu'à ces personnes hors du commun.
RépondreSupprimerMerci à vous 2 pour cette pause qui fait un bien fou.
Gros bisous
Moumoune