lundi 16 juin 2014

Sud Lipez et Salar d'Uyuni

Nous nous réveillons tôt dans notre hôtel "glacière" de Tupiza pour embarquer dans un gros 4x4. Nous serons 7 en tout durant ce périple, le chauffeur Alan, la cuisinière Jessica, les 3 compatriotes rencontrés la veille et nous (plus les marmottes évidemment).


Le premier jour est très long puisqu'il nous faut près de 11h de piste pour rejoindre notre destination du soir. Notre premier arrêt est le point de vue du Sillar. Le paysage est composé de grandes aiguilles rouges et brunes, le circuit commence bien !


La suite est plus uniforme car nous parcourons les paysages désolés de la Puna où de nombreux lamas se promènent en toute liberté. Les pompons qu'ils portent aux oreilles permettent de connaître leur propriétaire, en effet, le lama est un animal domestiqué.

Après un solide déjeuner préparé par Jessica, deuxième arrêt dans l'ancien village déserté de San Antonio de Lipez. Alan nous explique qu'à l'arrivée des colons espagnols, les gisements de minerais surplombants le village ont commencé à être exploités, les mines ont alors pollué la rivière qui alimentait le pueblo. De nombreux morts sont alors survenus du fait de l'eau devenue contaminée et des maladies amenées du vieux continent par les colons. Les habitants, croyant le village maudit ont alors fuit et fondé un autre pueblo, un peu plus loin.


Ce petit village, comme tout ceux traversés durant ces 4 jours, ne compte guère plus d'une cinquantaine d'habitants. Les maisons sont construites en pisé et les toitures en tôles ou en paille, le bois étant quasi-inexistant à cette altitude.


Nous arrivons à la nuit tombée à notre première auberge située à Quetena Chico. Une fois les sacs déchargés et déposés dans la chambre de 5 que nous allons occuper, nous prenons un goûter bien venu avec un thé chaud ! Dès que le soleil disparaît, le froid arrive rapidement et devient entêtant. Nous prendrons tous les repas du soir avec doudoune et bonnet, aucun des hébergements n'ayant le chauffage. Mais les soupes bien chaudes et copieuses de Jessica nous font le plus grand bien !  
Au cours du repas, la lumière se fait plus faible jusqu'à presque disparaître. Nous sortons nos lampes frontales pour continuer le repas. Nous rigolons en disant que le lama avait dû arrêter de pédaler, nous ne sommes pas si loin de la vérité en fait... Alan vient nous dire qu'il est désolé mais que l'électricité est produite par une roue entraînée par le cour d'eau, mais que celui-ci gèle la nuit...

Après une nuit très fraîche, emmitouflés dans nos sacs de couchage et les couvertures, nous remontons dans le 4x4 en direction des deux premiers lacs, les lagunas Hedionda et Kollpa, en grande partie gelées. C'est très étonnant de rencontrer ces points d'eau au milieu de ce paysage si sec et désertique.

Laguna Hedionda
Nous continuons notre route jusqu'à la Laguna Verde située à 4 400 mètres, au pied du volcan Licancabur qui tutoie les 6 000 mètres, le Chili est juste derrière. Le lac est de couleur vert clair, cela est dû au cuivre et à l'arsenic présents dans ses eaux. Les contrastes entre le lac, le volcan et le bleu azur du ciel sont incroyables.

Laguna Verde


Le midi, nous profitons des sources d'eaux chaudes (37°C) pour prendre un bon bain revigorant !



Un peu plus loin, des geysers crachent leurs vapeurs soufrées dans un bruit impressionnant.






Quelques heures de piste plus tard, nouvelle pause à la Laguna Colorada. Le lac est le plus grand du sud Lipez mais également le moins profond, 50 cm au maximum. Il doit sa couleur rouge aux algues qui prolifèrent et font la joie de centaines flamands roses.

Laguna colorada
Malheureusement, ces derniers sont partis se mettre au chaud plus au nord et nous ne verrons que des oeufs abandonnés et des cadavres de jeunes flamands sur les rives du lacs. L'ambiance n'en ait que plus étrange. Le vent est fort, le froid une fois de plus mordant.


Nous passons la nuit dans le village de Villa Mar. Nous nous demandons comment les gens qui nous accueillent peuvent vivre dans ces endroits si isolés et inhospitaliés, loin de tout le confort moderne. 

Départ du troisième jour en direction des formations rocheuses appelées Italia Perdida, en raison de touristes Italiens qui s'y sont égarés. De curieuses formes se découpent comme le camelio (chameau), la copa del mundo et le picaflore (colibri).

Italia Perdida
Un peu plus loin, Alan nous accompagne dans un cadre assez fabuleux. 
Nous sommes entourés de roches rouges bordant une épaisse pelouse parcourue de nombreux petits ruisseaux pour la plupart gelés. Après une vingtaine de minutes de marche, nous arrivons à un nouveau lac, noir cette fois (du fait des algues).



Dans cette laguna Negra, des oiseaux sont emprisonnés par le gel, Alan nous explique que cela ne leur pose pas de problème, que le lac dégèle vers midi et qu'ils en profitent pour aller se nourrir... étrange nature.

Laguna Negra

Au-dessus de nos têtes, des chinchillas curieux nous observent.

Chinchillas
Le soir, une surprise nous attend en rentrant dans notre auberge à Chuvica. Tout est construit en sel, le sol, les murs, les tables, les sièges et les lits ! Le grand Salar d'Uyuni n'est plus très loin.

Hotel de sel
Après une nuit toujours aussi froide, nous partons un peu en catastrophe (le réveil n'ayant pas sonné) pour admirer le lever de soleil sur le Salar. Alan met le turbo pour arriver à temps sur l'Ile Incahuasi afin de pouvoir prendre un peu de hauteur. La route dans le Salar est plus facile car le terrain est parfaitement plat et le chemin se fait toutes lumières éteintes, Alan naviguant uniquement en fonction des ombres qui se découpent sur l'horizon. Nous arrivons sur l'île à temps, il ne reste plus qu'à grimper rapidement au sommet.

Lever de soleil sur le Salar d'Uyuni
La nuit ayant été courte, la montée étant raide et le Salar se situant à 3 600 mètres d'altitude, nous arrivons finalement au sommet avant le lever du soleil mais les poumons en feu... Le spectacle est tout simplement fabuleux, pour un peu, on en pleurerait tellement s'est beau. Le Salar étant entièrement plat (c'est un ancien lac), mesurant 1,2 millions de km², le panorama est à 360°, seuls quelques îles et volcans se détachent. Nous retrouvons sur cet îlot de végétation isolé dans le désert de sel, les cactus cardones qui ne poussent que d'un centimètre par an. Ceux qui font 4 mètres ont donc... 400 ans !




Une fois le petit déjeuner pris au pied de l'île, nous parcourons le Salar afin de s'isoler pour prendre des photos "locos" (folles) comme le dit Alan. Le désert étant parfaitement plat et blanc, il est facile de jouer avec les perspectives et de laisser aller son imagination pour prendre des photos étonnantes !



Si le désert est plat, le sol n'est toute fois pas uniforme. D'étranges hexagones de sel d'environ 1 m² jonchent le sol. Ils sont tous à peu près de la même taille mais cependant, aucun n'a la même forme. Nous pouvons les observer jusqu'à l'infini, le désert semble sans fin. Les couches de sels se succèdent sous nos pieds et atteignent environ 120 mètres d'épaisseur.


Avant de quitter le Salar et de terminer cet incroyable circuit à Uyuni, Alan nous montre de nombreux monticules de sel réalisés par les travailleurs du Salar afin de le faire sécher. Celui-ci est ensuite mis dans des fours pour enlever le reste d'humidité, puis enrichi en iode, mis en sac et vendu pour la consommation. Le Salar cache cependant une autre richesse. Sous le sel se trouve les plus importantes réserves de lithium au monde, minéral utilisé notamment dans les batteries (portables, ordinateurs, voitures...). Pour le moment, l'exploitation n'a pas encore commencée et n'est pour le moment qu'au stade des recherches mais pour combien de temps ?


Un immense monument pompeux célèbre le passage du Dakar à Uyuni, les boliviens sont très fiers que la course soit passée par-là. Nous avons un peu de mal à comprendre en quoi le passage en trombe de centaines de véhicules dans cet endroit splendide, désert et où la nature est incroyable constitue un acte formidable mais bon... 

Arrivé à Uyuni autour de midi, nous prenons un dernier déjeuner avec nos 3 compagnons de voyage. 
Le repas terminé et les sacs récupérés, nous avons à peine le temps de faire nos adieux avant de monter dans un bus en direction de la mythique ville de Potosi.


Ces 4 jours seront sans aucun doute pour toujours dans nos mémoires, ce fut une expérience sidérante, d'autant plus qu'Alan à régulièrement réussi à nous éviter les foules en passant sur les sites très courus à des heures plus calmes.

Album photo par ici

8 commentaires:

  1. après quelques jours sans feuilleton du fait de votre excursion, quel plaisir de vous lire ce matin. Vos lignes nous régalent de sensations et d'infos dépaysantes, pleines d'enthousiasme et aussi d'humour. on attend les images avec impatience. gros bisous à tous deux. Paul

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  2. Digne d'un grand reporter.
    Merci de nous faire partager c'est moment riche d'histoire, que je ne connait pas très bien.

    Superbe

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  3. Si les photos égalent le reportage, on devrait se régaler !!!
    Bon, à la fin de l'année nous aurons épuisé tous les "magnifique, splendide, superbe"...
    bisous à vous 2 et merci .

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  4. oui on attend les photos avec impatience maintenant !!

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  5. donc si je comprends bien, il faisait froid, c'est ça ?

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  6. Eh bien dit donc ma Lisou, quelle force pour porter Syvain au creux de ta main !!!!
    Bisous
    Moumoune

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  7. Les photos sont vraiment sublimes.. Elise, ce que je te disais par mail se confirme, je suis jaloux.. Ce que j'aimerai être là pour moi aussi photographier ces superbes paysages... Y'a quelques photos que je trouve absolument sublimes.. Bravo

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  8. magnifique magnifique ! bravo pour la photo
    bisous à vous
    Arlette et Loic

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