Nous voici arrivés à Sucre, notre auberge est située à quelques pas du marché central, que nous ne tardons pas à visiter.
L'entrée la plus proche est celle des fruits et légumes, où se dressent de magnifiques étals hauts en couleurs et avec quelques fruits nouveaux pour nous, tels le tumbo (sorte de fruit de la passion plus petit et de forme allongée) ou encore le chirimoya (un fruit à la peau verte et à la chair blanche au goût assez indescriptible entre la poire, le litchi et la pêche).
Le chirimoya, c'est le gros fruit vert au milieu |
Le tumbo, c'est le fruit jaune/vert en bas au milieu |
Intérieur du chirimoya |
Nous traversons également la quartier de la viande, immédiatement reconnaissable par ses odeurs qui portent au coeur. La viande est exposée à l'air libre et simplement recouverte d'un tissu la nuit. Pour l'anecdote, nous passerons 3 jours de suite devant un museau de vache qui se dessèche de jour en jour et gagne néanmoins en odeur.
Stand de viande |
A côté se situent les stands de jus de fruits frais, un vrai poème ! Il faut voir tous les différents jus proposés. Ces stands, tout comme ceux des fruits et légumes, sont uniquement tenus par des femmes qui vous alpaguent "qu'est-ce que je vous sers mamita ?". Nous commencerons la journée par un délicieux jus accompagné d'une salade de fruits frais servie avec du yaourt et quelques flocons d'avoine. Comme il reste du jus dans le blender nous aurons le droit à une deuxième tournée ;-) Nous le dégustons d'autant plus qu'en Argentine, les vrais jus de fruits, ils ne connaissent pas.
Stands de jus et salades de fruits frais |
La fameuse salade de fruits ;-) |
Sur cette place se situe également les vendeuses de patates, ces dernières (les patates) comptent de nombreuses variétés.
Dans un autre recoin du marché se trouvent les gâteaux, qui ressemblent à de vrais gâteaux de dessins animés recouverts d'une épaisse couche de crème blanche et avec des touches de couleurs éclatantes.
Plus loin, ce sont les bouquets de fleurs avec des compositions qui semblent assez mortuaires, même si les fleurs en elles-mêmes sont jolies.
A l'étage du marché, se trouve le comedor (la cantine) où l'on mange un bon repas chaud et copieux pour 1€.
Pour un jus de fruits frais, comme cité plus haut, il faut compter entre 0,40€ et 0,80€.
Le comedor |
et un exemple de ce que l'on peut y manger pour 1€ |
Le soir nous dînons au restaurant pour une dizaine d'euros généralement. L'auberge nous coûte 4€ la nuit par personne.
Pour nous, européen, la vie n'est vraiment pas chère en Bolivie, mais cela s'explique par le fait qu'il s'agit du pays le plus pauvre d'Amérique Latine. Notre salaire moyen est plus de 10 fois supérieur à celui de Bolivie...
Cela entraîne également son lot de misère, à Sucre, il y a beaucoup de mendicité dont de nombreuses personnes âgées qui ont l'air de n'avoir aucune source de revenus, retraite ou autre.
Nous voyons aussi beaucoup de mamans assisent au coin des rues avec souvent plusieurs enfants et qui proposent des petits chewings-gums pour tenter de subsister. D'ailleurs, ici, les cigarettes et les médicaments peuvent s'acheter à l'unité car le paquet ou la boîte coûte trop cher pour la plupart des gens.
Nous croisons également régulièrement des mineurs qui, malgré leur jeune âge, travaillent déjà.
Autre fait qui nous interpelle, nous entendons en permanence des coups de klaxons. En fait, au croisement des rues les voitures klaxonnent pour indiquer qu'elles vont passer, priorité à droite ou pas.
Malgré tout, nous trouvons la ville très agréable avec sa place principale ornée de jardins très bien entretenus.
La place principale |
... et ses jardins |
Il y a également un grand parc au milieu duquel se trouve une Tour Eiffel, dont les Boliviens sont fiers de dire qu'elle est plus haute que celle de Paris. Elle ne fait qu'une quinzaine de mètres à peine, mais la ville est à 3 000 m d'altitude donc son sommet culmine plus de 2 000 m au-dessus de la parisienne ! Il ne manque pas d'humour ici en tout cas ;-)
Dans ce parc, nous avons la chance d'assister à une répétition de danse folklorique. Et nous découvrirons le "vrai" défilé les deux soirs suivants. Il s'agit en fait de jeunes étudiants dont chaque groupe représente son école ou sa fac.
Le deuxième soir, nous sommes le 21 juin, jour du solstice d'hiver de ce côté de la planète et qui correspond, en plus, au nouvel an Aymara (peuple indien très présent en Bolivie). Ce 5 522ème anniversaire est célébré au travers d'un défilé avec des costumes de carnaval jusqu'aux plus traditionnels qui va durer de 17h jusqu'à plus d'1h du matin. Et là, c'est une explosion de fanfares, de rythmes endiablés, de couleurs, de tissus brodés, de rubans, de perles, de plumes...
Costume de carnaval |
Costume de carnaval |
Costume traditionnel |
Une partie de fanfarre |
Costume traditionnel |
[Beaucoup d'autres photos du défilé se trouvent dans l'onglet "Nos photos]
Avec toutes ces festivités, les musées que nous comptions visiter étaient fermés pour cause de jours fériés.
Mais nous pouvons enfin visiter le Musée de Arte Indigena situé tout en haut de la ville avec un joli point de vue surplombant Sucre. L'objectif de ce musée est de préserver la culture indienne en exposant des tissages réalisés à la main par différentes communautés Boliviennes (Aymara, Jalq'a, Tarabuco).
Les styles sont vraiment très différents d'un peuple indien à l'autre, très linéaires pour les uns avec des motifs représentant : des animaux (condor, lama, perroquet...), le soleil, les étoiles... avec 3 couleurs dominantes ; pour les autres, des représentations de scènes de la vie courante : récolte, fête, enterrement avec beaucoup de couleurs et des dégradés de tons pour réaliser des jeux de lumières... Le tissu remplace ici l'écriture. Pour les Jalq'a, ce sont des représentations enchevêtrées les unes dans les autres de bêtes imaginaires gigantesques réalisées en noir et rouge seulement. Ce style très particulier sert à exprimer la proximité de cette communauté avec le centre de la terre et ses créatures inconnues tout droit sorties de leurs croyances.
Plusieurs métiers à tisser sont exposés avec un textile en cours de réalisation. C'est un enchevêtrement de fils, de couleurs, de tiges de bambous ou autres aiguilles plus fines pour serrer les mailles ou encore réaliser les motifs.
Des costumes de fêtes traditionnels sont également exposés. La guide nous explique que les couleurs, les danses et les musiques correspondent à une période bien précise du calendrier de l'ethnie auxquelles les indiens appartiennent : la récolte, les pluies, la fécondité pour le bétail, la lune, le soleil...
Une boutique attenante au musée propose différents articles tissés à la main afin de contribuer à ce projet et continuer à défendre cet art.
Le lendemain, nous nous rendons au marché de Tarabuco, désormais assez touristique avec des allées et la place centrale réservées aux gringos. Néanmoins, on peut y trouver de jolies choses dont de véritables textiles réalisés à la main par les communautés citées ci-dessus (en faisant attention à bien regarder de près pour éviter les faux industriels). On y trouve également les jolis tissus traditionnels de toutes les couleurs et qui servent à tout : porter les bébés, sac ballot sur le dos, transporter de la laine de lama, faire sécher le quinoa... ou encore de multiples ponchos, sacs, bijoux...
Dès que l'on s'écarte de ses rues, on retrouve le vrai marché local avec son lot de vêtements à l'occidental (nous qui cherchons du traditionnel ça nous fait sourire), mais aussi des fruits et légumes, des salteñas (chaussons qui ressemblent un peu aux empanadas mais fermés sur le dessus avec une sauce un peu sucrée et des petits légumes), du bazar, des chapeaux, des sandales de cuir que l'on voit souvent portées par les plus démunis, des écheveaux de fils de toutes les couleurs... tout ça sur fond de rue défoncée avec un trou béant en guise de caniveau central. On monte donc sur des planches pour passer d'un côté des étals à l'autre, parfois vu l'affluence on descend au fond du fossé. Même les petites mamies se faufilent le plus naturellement du monde, ce qui a le don de nous amuser car nous n'avions jamais vu chose pareille.
Marché de Tarabuco |
Marché de Tarabuco |
Rue dans le village de Tarabuco |
Par la suite, nous visitions le MusEF, Musée d'Ethnographie et Folklore, composé d'une cinquantaine de superbes masques de carnavals et de fêtes traditionnelles. Nous avons la chance de croiser un guide très intéressant qui nous expliquera les collections. A l'étage, ce sont les habitats traditionnels qui sont représentés, de petites huttes circulaires à toits de paille (herbe du Chaco) ou de forme conique en brique de terre jusqu'au toit. Des maquettes représentent les villages et us et coutumes. Par exemple, la pêche ou encore la capture d'oiseaux pour ceux qui vivent près des lacs, ou les costumes traditionnels et coiffure avec un tressage très particulier pour les femmes.
Nous terminons cette visite par une vidéo sur différentes fêtes et danses traditionnelles qui illustrent certains des masques que nous avons vus auparavant. Certaines parures pèsent jusqu'à 50 kg et les danseurs doivent se préparer physiquement longtemps à l'avance (3-4 mois) pour pouvoir danser pendant une dizaine d'heures.
Voilà pour Sucre qui nous laisse encore plein de jolis souvenirs en tête. Nous y avons retrouvé deux des trois français avec qui nous avions fait le tour du Sud Lipez, ou encore un autre dont nous avions fait la connaissance à Tupiza, plus d'autres visages que nous avons simplement déjà croisés.
Et après cela, nous voici en route pour La Paz, la capitale politique.
P.S : la connection internet étant vraiment difficile en Bolivie, en fait, nous sommes déjà à La Paz depuis 2 jours et tout va bien.
Vous avez du vous apercevoir du décalage entre les articles et les photos, mais nous avons déjà des difficultés à poster du texte alors les photos n'en parlons pas...
En tout cas, nous recevons bien vos commentaires sur le blog et ça nous fait vraiment super plaisir de vous lire aussi. :-)
Album photo par ici
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