vendredi 27 juin 2014

Sucre

Nous voici arrivés à Sucre, notre auberge est située à quelques pas du marché central, que nous ne tardons pas à visiter.
L'entrée la plus proche est celle des fruits et légumes, où se dressent de magnifiques étals hauts en couleurs et avec quelques fruits nouveaux pour nous, tels le tumbo (sorte de fruit de la passion plus petit et de forme allongée) ou encore le chirimoya (un fruit à la peau verte et à la chair blanche au goût assez indescriptible entre la poire, le litchi et la pêche).

Le chirimoya, c'est le gros fruit vert au milieu

Le tumbo, c'est le fruit jaune/vert en bas au milieu
Intérieur du chirimoya

Nous traversons également la quartier de la viande, immédiatement reconnaissable par ses odeurs qui portent au coeur. La viande est exposée à l'air libre et simplement recouverte d'un tissu la nuit. Pour l'anecdote, nous passerons 3 jours de suite devant un museau de vache qui se dessèche de jour en jour et gagne néanmoins en odeur.

Stand de viande
A côté se situent les stands de jus de fruits frais, un vrai poème ! Il faut voir tous les différents jus proposés. Ces stands, tout comme ceux des fruits et légumes, sont uniquement tenus par des femmes qui vous alpaguent "qu'est-ce que je vous sers mamita ?". Nous commencerons la journée par un délicieux jus accompagné d'une salade de fruits frais servie avec du yaourt et quelques flocons d'avoine. Comme il reste du jus dans le blender nous aurons le droit à une deuxième tournée ;-) Nous le dégustons d'autant plus qu'en Argentine, les vrais jus de fruits, ils ne connaissent pas.

Stands de jus et salades de fruits frais
La fameuse salade de fruits ;-)

Sur cette place se situe également les vendeuses de patates, ces dernières (les patates) comptent de nombreuses variétés.



Dans un autre recoin du marché se trouvent les gâteaux, qui ressemblent à de vrais gâteaux de dessins animés recouverts d'une épaisse couche de crème blanche et avec des touches de couleurs éclatantes.
Plus loin, ce sont les bouquets de fleurs avec des compositions qui semblent assez mortuaires, même si les fleurs en elles-mêmes sont jolies.

A l'étage du marché, se trouve le comedor (la cantine) où l'on mange un bon repas chaud et copieux pour 1€.

Le comedor
et un exemple de ce que l'on peut y manger pour 1€
Pour un jus de fruits frais, comme cité plus haut, il faut compter entre 0,40€ et 0,80€.
Le soir nous dînons au restaurant pour une dizaine d'euros généralement. L'auberge nous coûte 4€ la nuit par personne.
Pour nous, européen, la vie n'est vraiment pas chère en Bolivie, mais cela s'explique par le fait qu'il s'agit du pays le plus pauvre d'Amérique Latine. Notre salaire moyen est plus de 10 fois supérieur à celui de Bolivie...

Cela entraîne également son lot de misère, à Sucre, il y a beaucoup de mendicité dont de nombreuses personnes âgées qui ont l'air de n'avoir aucune source de revenus, retraite ou autre.



Nous voyons aussi beaucoup de mamans assisent au coin des rues avec souvent plusieurs enfants et qui proposent des petits chewings-gums pour tenter de subsister. D'ailleurs, ici, les cigarettes et les médicaments peuvent s'acheter à l'unité car le paquet ou la boîte coûte trop cher pour la plupart des gens.
Nous croisons également régulièrement des mineurs qui, malgré leur jeune âge, travaillent déjà.

Autre fait qui nous interpelle, nous entendons en permanence des coups de klaxons. En fait, au croisement des rues les voitures klaxonnent pour indiquer qu'elles vont passer, priorité à droite ou pas.

Malgré tout, nous trouvons la ville très agréable avec sa place principale ornée de jardins très bien entretenus.

La place principale

... et ses jardins
Il y a également un grand parc au milieu duquel se trouve une Tour Eiffel, dont les Boliviens sont fiers de dire qu'elle est plus haute que celle de Paris. Elle ne fait qu'une quinzaine de mètres à peine, mais la ville est à 3 000 m d'altitude donc son sommet culmine plus de 2 000 m au-dessus de la parisienne ! Il ne manque pas d'humour ici en tout cas ;-)
Dans ce parc, nous avons la chance d'assister à une répétition de danse folklorique. Et nous découvrirons le "vrai" défilé les deux soirs suivants. Il s'agit en fait de jeunes étudiants dont chaque groupe représente son école ou sa fac.
Le deuxième soir, nous sommes le 21 juin, jour du solstice d'hiver de ce côté de la planète et qui correspond, en plus, au nouvel an Aymara (peuple indien très présent en Bolivie). Ce 5 522ème anniversaire est célébré au travers d'un défilé avec des costumes de carnaval jusqu'aux plus traditionnels qui va durer de 17h jusqu'à plus d'1h du matin. Et là, c'est une explosion de fanfares, de rythmes endiablés, de couleurs, de tissus brodés, de rubans, de perles, de plumes...

Costume de carnaval
Costume de carnaval

Costume traditionnel
Une partie de fanfarre
Costume traditionnel
[Beaucoup d'autres photos du défilé se trouvent dans l'onglet "Nos photos]






Avec toutes ces festivités, les musées que nous comptions visiter étaient fermés pour cause de jours fériés.
Mais nous pouvons enfin visiter le Musée de Arte Indigena situé tout en haut de la ville avec un joli point de vue surplombant Sucre. L'objectif de ce musée est de préserver la culture indienne en exposant des tissages réalisés à la main par différentes communautés Boliviennes (Aymara, Jalq'a, Tarabuco).
Les styles sont vraiment très différents d'un peuple indien à l'autre, très linéaires pour les uns avec des motifs représentant : des animaux (condor, lama, perroquet...), le soleil, les étoiles... avec 3 couleurs dominantes ; pour les autres, des représentations de scènes de la vie courante : récolte, fête, enterrement avec beaucoup de couleurs et des dégradés de tons pour réaliser des jeux de lumières... Le tissu remplace ici l'écriture. Pour les Jalq'a, ce sont des représentations enchevêtrées les unes dans les autres de bêtes imaginaires gigantesques réalisées en noir et rouge seulement. Ce style très particulier sert à exprimer la proximité de cette communauté avec le centre de la terre et ses créatures inconnues tout droit sorties de leurs croyances.
Plusieurs métiers à tisser sont exposés avec un textile en cours de réalisation. C'est un enchevêtrement de fils, de couleurs, de tiges de bambous ou autres aiguilles plus fines pour serrer les mailles ou encore réaliser les motifs.
Des costumes de fêtes traditionnels sont également exposés. La guide nous explique que les couleurs, les danses et les musiques correspondent à une période bien précise du calendrier de l'ethnie auxquelles les indiens appartiennent : la récolte, les pluies, la fécondité pour le bétail, la lune, le soleil...
Une boutique attenante au musée propose différents articles tissés à la main afin de contribuer à ce projet et continuer à défendre cet art.





Le lendemain, nous nous rendons au marché de Tarabuco, désormais assez touristique avec des allées et la place centrale réservées aux gringos. Néanmoins, on peut y trouver de jolies choses dont de véritables textiles réalisés à la main par les communautés citées ci-dessus (en faisant attention à bien regarder de près pour éviter les faux industriels). On y trouve également les jolis tissus traditionnels de toutes les couleurs et qui servent à tout : porter les bébés, sac ballot sur le dos, transporter de la laine de lama, faire sécher le quinoa... ou encore de multiples ponchos, sacs, bijoux...
Dès que l'on s'écarte de ses rues, on retrouve le vrai marché local avec son lot de vêtements à l'occidental (nous qui cherchons du traditionnel ça nous fait sourire), mais aussi des fruits et légumes, des salteñas (chaussons qui ressemblent un peu aux empanadas mais fermés sur le dessus avec une sauce un peu sucrée et des petits légumes), du bazar, des chapeaux, des sandales de cuir que l'on voit souvent portées par les plus démunis, des écheveaux de fils de toutes les couleurs... tout ça sur fond de rue défoncée avec un trou béant en guise de caniveau central. On monte donc sur des planches pour passer d'un côté des étals à l'autre, parfois vu l'affluence on descend au fond du fossé. Même les petites mamies se faufilent le plus naturellement du monde, ce qui a le don de nous amuser car nous n'avions jamais vu chose pareille.

Marché de Tarabuco
Marché de Tarabuco
Rue dans le village de Tarabuco

Par la suite, nous visitions le MusEF, Musée d'Ethnographie et Folklore, composé d'une cinquantaine de superbes masques de carnavals et de fêtes traditionnelles. Nous avons la chance de croiser un guide très intéressant qui nous expliquera les collections. A l'étage, ce sont les habitats traditionnels qui sont représentés, de petites huttes circulaires à toits de paille (herbe du Chaco) ou de forme conique en brique de terre jusqu'au toit. Des maquettes représentent les villages et us et coutumes. Par exemple, la pêche ou encore la capture d'oiseaux pour ceux qui vivent près des lacs, ou les costumes traditionnels et coiffure avec un tressage très particulier pour les femmes.
Nous terminons cette visite par une vidéo sur différentes fêtes et danses traditionnelles qui illustrent certains des masques que nous avons vus auparavant. Certaines parures pèsent jusqu'à 50 kg et les danseurs doivent se préparer physiquement longtemps à l'avance (3-4 mois) pour pouvoir danser pendant une dizaine d'heures.

Voilà pour Sucre qui nous laisse encore plein de jolis souvenirs en tête. Nous y avons retrouvé deux des trois français avec qui nous avions fait le tour du Sud Lipez, ou encore un autre dont nous avions fait la connaissance à Tupiza, plus d'autres visages que nous avons simplement déjà croisés.



Et après cela, nous voici en route pour La Paz, la capitale politique.

P.S : la connection internet étant vraiment difficile en Bolivie, en fait, nous sommes déjà à La Paz depuis 2 jours et tout va bien.
Vous avez du vous apercevoir du décalage entre les articles et les photos, mais nous avons déjà des difficultés à poster du texte alors les photos n'en parlons pas...
En tout cas, nous recevons bien vos commentaires sur le blog et ça nous fait vraiment super plaisir de vous lire aussi. :-)

Album photo par ici

lundi 23 juin 2014

Potosi

Après ce rude mais extraordinaire périple, nous sautons dans un bus pour Potosi. Le mouvement de grève qui animait il y a peu Uyuni semble oublié, seule reste quelques routes bloquées par des montagnes de gravas.
Au bout de quelques heures de bus où nous restons cramponnés à nos sièges, le chauffeur conduisant comme un fou et les lamas étant peu affolés par les coups des klaxons répétés du bus, nous apercevons enfin le Cerro Rico culminant à 4 824 m !



Cette montagne qui surplombe Potosi est célèbre pour ses mines d'argent qui fit la richesse de la couronne d'Espagne durant près de deux siècles. Potosi, à l'époque coloniale, fut une des villes les plus peuplée au monde, près de 200 000 personnes vivait ici, à plus de 4 000 mètres d'altitude. Après avoir trouvé un sympathique hôtel avec deux superbes patios, nous faisons un petit tour en ville.



Le centre est très joli, de superbes maisons coloniales (type andalous) bordent des ruelles étroites et l'animation qui y règne rend cette cité fort plaisante. Le nombre d'église est incroyable, du temps de la splendeur de Potosi il y en avait jusqu'à 80...




Nous passons nos deux premiers jours à parcourir le marché central et à se remettre de notre excursion en 4x4, Elise en faisant la sieste et Sylvain regarde la coupe du monde ! Le marché est assez tentaculaire, au dédale des ruelles, les étales se succèdent, tantôt des fruits et légumes, tantôt des paniers en osier, tantôt de la viande (l'odeur est très écoeurante, la viande étant à l'air libre). Sur une petite place, nous apercevons un attroupement. Intrigués, nous nous rapprochons et apercevons un homme bolivien d'une trentaine d'années maniant un nunchaku. En fait, ce n'est pas un karateka mais l'équivalent de notre téléshopping ! Il nous propose tour à tour des vitamines pour devenir musclé comme lui, de la poudre pour les entorses quand on loupe une roulade avec démonstration à l'appui ou encore un fortifiant pour les femmes enceintes avec son bébé en plastique qui, effectivement, semble en pleine forme ! On a un peu l'impression d'être au théâtre, les gens rigolent, discutent mais personne n'achète ses produits miraculeux...

Encore en activité, nous voulons explorer les mines, mais celles-ci sont fermées le dimanche (jour de repos) et le guide nous conseille de ne pas y aller ce lundi car l'activité est très réduite. En effet, samedi a eu lieu une cérémonie où les mineurs sacrifient un lama à la Pachamama (terre-mère) pour s'attirer bonne fortune. Au cours du rituel, les hommes boivent du puro, alcool à 96° à 20 bolivianos le litre (soit 2€), du coup, ils dessaoulent jusqu'au lundi. 

Mardi matin, en route donc pour les mines avec une agence qui emploie des mineurs (ou ex-mineurs) comme guide. Nous sommes très (trop ?) nombreux à partir puisque le mini-bus est plein, 25 personnes environ. 
Premier arrêt au marché des mineurs. On y vend tout le matériel nécessaire, à savoir des vêtements, des pioches mais aussi de la coca, des explosifs et de l'alcool. Le guide nous propose d'acheter un petit sac composé d'un jus de fruit, d'un sachet de coca pour offrir aux travailleurs que nous croiserons. La dynamite est en vente libre, 2€ le bâton avec la mèche !


Deuxième arrêt dans un local où nous enfilons l'équipement nécessaire : une paire de bottes, de vieux vêtements qui ne craignent plus rien, un masque pour éviter de trop respirer de poussières et de produits toxiques et un casque équipé d'une lampe frontale. Nous voilà fin prêts. Nous visitons tout d'abord une usine de raffinement de minéraux (argent, zinc et plomb). Le minerai brut est broyé puis il décante dans des piscines avec des produits chimiques avant d'être séché dans de grands bassins.


Si les mines sont aujourd'hui moins riches qu'il y a quelques siècles, il reste cependant plus de 10 000 travailleurs que creusent chaque jour le Cerro Rico. 
Après cette visite, le guide nous donne les dernières indications avant de rentrer : ne rien toucher et bien s'écarter des rails lorsque qu'un wagon passe car chacun pèse plus d'une tonne.


Le parcours est de 3 kilomètres et nous allons traverser la montagne de part en part. Des petites maisons de fortune ont été construites proche de notre entrée, notre guide nous précise que les mineurs ne font que s'y reposer mais n'y vivent pas. 
Les premiers pas sont difficiles car nous pataugeons dans 20 cm de boue et la hauteur du plafond n'excède pas 1m20, le tout à 4 300 mètres d'altitude... Notre guide nous explique que les mines sont organisées en coopératives. Chaque mineur doit adhérer à une coopérative, il lui verse une partie de son salaire et elle lui assure en retour une petite couverture en cas de maladie ou d'accident. Un autre avantage est que si un mineur tombe sur un filon exceptionnellement riche, la majorité des bénéfices lui reviendra. En revanche, tous les travailleurs doivent acheter leurs propres équipements. Les coopératives sont dirigées par des mineurs, des socios qui ont versé un droit plus important que les autres. Tout mineur peut être exclu de la coopérative en cas de mauvais comportement (vol, bagarre, état d'ébriété trop fréquent...). 
Nous croisons plusieurs mineurs poussant des chariots remplis de minerais bruts, les joues déformées par les boules de coca qu'ils mâchent toute la journée et qui aident à supporter la faim, la fatigue et l'altitude. Le guide demande au plus jeune son âge, "j'ai 13 ans" répond-il... "et tu travailles depuis qu'elle heure ?", "J'ai commencé à 2h du matin."... (il est 12h lors de notre visite). Ce n'est pas un spectacle, c'est le quotidien infernal de ces gens, parfois des gamins.


Et puis notre guide nous explique un peu les conditions de travail qui sont dures, très dures. En effet, au-delà des efforts énormes, les mineurs respirent des poussières d'amiante, de sulfate de cuivre et de silice. La mortalité est très forte et 60 % des décès sont provoqués par la silicose, le reste étant dans des accidents (effondrements, explosions de dynamite mal contrôlées...). Il n'y a cependant pas de gaz explosifs dans la mine (car pas de charbon) mais certains mineurs sont retrouvés morts à cause de poches de monoxyde de carbone... "Chaque journée passée en bas, c'est une journée de moins à vivre en haut" raconte notre guide. Le métier de mineur s'exerce durant 15 à 20 ans maximum et rares sont ceux qui parviennent à travailler aussi longtemps dans de telles conditions. On estime que de la période coloniale à nos jours, entre 8 et 9 millions d'hommes sont morts dans les mines ou dans les ateliers de raffinage.

Nous avons l'impression qu'une sorte de "deal" a été passé avec les mineurs, les touristes peuvent les prendre en photos et en échange, ils reçoivent les quelques cadeaux que ces derniers ont apportés.
On est souvent mineur de père en fils et le guide nous dit que les mineurs gagnent bien leur vie malgré tout, près de 2 000 bolivianos par mois pour les débutants soit 200 €... le salaire moyen étant de 1 400 bolivianos. Et puis, chaque mineur entretient l'espoir de tomber sur un bon filon, "rendez-vous compte, il peut devenir l'homme le plus riche de la mine du jour au lendemain s'il a de la chance" s'enflamme notre guide et on sent qu'il y croit ou plutôt qu'il se persuade de quelque chose. Le revenu est uniquement lié à ce que trouve le mineur, s'il ne trouve rien pendant 1 mois, il ne gagnera rien.

Nous continuons notre "visite" un peu secoués par tout cela et essayons de suivre le rythme de marche tant bien que mal, la respiration est difficile et de nombreuses pauses sont nécessaires. Nous arrivons ensuite à "El Tio", c'est une grande statue du diable au pied de laquelle les mineurs déposent de nombreuses offrandes (coca, cigarettes, alcool).


Notre guide fait des voeux pour chacun d'entre nous, pour les couples, c'est d'avoir de nombreux enfants, pour les hommes seuls, c'est de passer la nuit avec 2 ou 3 filles et pour lui, qu'il y ait de nombreux touristes qui viennent visiter les mines pour lui éviter d'y retourner creuser. On le questionne alors sur le rôle des femmes, elles sont interdites dans les mines car elles portent malheur... en revanche, elles aident les hommes à la sortie de la mine si ils ont du mal à tenir le coup (fatigue ou ébriété). La société bolivienne semble assez machiste et les rôles sont partagés de façon assez hermétique.

Enfin, proches de la sortie, nous retrouvons une famille de mineurs très sympathiques, comme nous la présente notre guide. Malgré ce qui ressemble un peu à une mise en scène, nous discutons avec eux et ils nous expliquent comment ils déterminent où creuser, la façon de faire les explosions... Pour l'un d'entre eux, son salaire a permis à l'un de ses deux fils de partir étudier à Buenos Aires.


Nous sortons enfin de l'autre côté de la montagne, le parcours a été certes éprouvant mais personne ne s'en plaint, cela serait tellement déplacé. La visite est assez bouleversante et il reste difficile de se faire une idée du quotidien de ces mineurs qui, même lorsqu'il trouve un bon filon, se font parfois roulés par les compagnies de raffinage car parmi eux, peu savent lire et écrire. Nous pensons cependant que malgré tout, le tourisme permet à certains de ne plus y travailler et à ceux qui y travaillent encore de recevoir quelques petites présents (coca et boissons). Avant de quitter notre guide, nous lui parlons un peu du gouvernement (les élections sont en octobre). Il nous explique que tout le système politique est corrompu, que les mesures vont dans le bon sens (âge de la retraite abaissé de 55 à 51 ans pour les mineurs, interdiction du travail des moins de 18 ans, salaire minimum passé de 1 000 à 1 200 bolivianos) mais que personne ne fait appliquer ces nouvelles lois qui n'ont donc aucun effet sur leurs conditions de travail.
Nous quittons notre guide, un peu groguis et sous le choc.


Pour se remettre de nos émotions, nous visitons la Casa de la moneda, lieu où l'argent des mines était transformé en lingots et en pièces. Le bâtiment est superbe et les immenses machines en bois qui servaient à aplatira les barres d'argent pour pouvoir en faire des pièces de monnaie, très impressionnantes ! Dans un bâtiment est également exposé une reconstitution des fours où était raffiné l'argent.


Le soir, après un solide repas dans notre restaurant habituel, nous entendons une fanfare près de l'hôtel. Il s'agit de l'anniversaire d'une école de la ville, les élèves dansent, chantent et jouent de la musique. L'atmosphère est très festive et l'ambiance est vraiment bonne. Nous ne pensions pas pouvoir participer à une fête, nous ne savions pas encore que ce n'était que le début !!!


Le lendemain matin, direction Sucre pour notre prochaine étape dans l'ancienne capitale du pays et capitale administrative de nos jours.

Album photo par ici

lundi 16 juin 2014

Sud Lipez et Salar d'Uyuni

Nous nous réveillons tôt dans notre hôtel "glacière" de Tupiza pour embarquer dans un gros 4x4. Nous serons 7 en tout durant ce périple, le chauffeur Alan, la cuisinière Jessica, les 3 compatriotes rencontrés la veille et nous (plus les marmottes évidemment).


Le premier jour est très long puisqu'il nous faut près de 11h de piste pour rejoindre notre destination du soir. Notre premier arrêt est le point de vue du Sillar. Le paysage est composé de grandes aiguilles rouges et brunes, le circuit commence bien !


La suite est plus uniforme car nous parcourons les paysages désolés de la Puna où de nombreux lamas se promènent en toute liberté. Les pompons qu'ils portent aux oreilles permettent de connaître leur propriétaire, en effet, le lama est un animal domestiqué.

Après un solide déjeuner préparé par Jessica, deuxième arrêt dans l'ancien village déserté de San Antonio de Lipez. Alan nous explique qu'à l'arrivée des colons espagnols, les gisements de minerais surplombants le village ont commencé à être exploités, les mines ont alors pollué la rivière qui alimentait le pueblo. De nombreux morts sont alors survenus du fait de l'eau devenue contaminée et des maladies amenées du vieux continent par les colons. Les habitants, croyant le village maudit ont alors fuit et fondé un autre pueblo, un peu plus loin.


Ce petit village, comme tout ceux traversés durant ces 4 jours, ne compte guère plus d'une cinquantaine d'habitants. Les maisons sont construites en pisé et les toitures en tôles ou en paille, le bois étant quasi-inexistant à cette altitude.


Nous arrivons à la nuit tombée à notre première auberge située à Quetena Chico. Une fois les sacs déchargés et déposés dans la chambre de 5 que nous allons occuper, nous prenons un goûter bien venu avec un thé chaud ! Dès que le soleil disparaît, le froid arrive rapidement et devient entêtant. Nous prendrons tous les repas du soir avec doudoune et bonnet, aucun des hébergements n'ayant le chauffage. Mais les soupes bien chaudes et copieuses de Jessica nous font le plus grand bien !  
Au cours du repas, la lumière se fait plus faible jusqu'à presque disparaître. Nous sortons nos lampes frontales pour continuer le repas. Nous rigolons en disant que le lama avait dû arrêter de pédaler, nous ne sommes pas si loin de la vérité en fait... Alan vient nous dire qu'il est désolé mais que l'électricité est produite par une roue entraînée par le cour d'eau, mais que celui-ci gèle la nuit...

Après une nuit très fraîche, emmitouflés dans nos sacs de couchage et les couvertures, nous remontons dans le 4x4 en direction des deux premiers lacs, les lagunas Hedionda et Kollpa, en grande partie gelées. C'est très étonnant de rencontrer ces points d'eau au milieu de ce paysage si sec et désertique.

Laguna Hedionda
Nous continuons notre route jusqu'à la Laguna Verde située à 4 400 mètres, au pied du volcan Licancabur qui tutoie les 6 000 mètres, le Chili est juste derrière. Le lac est de couleur vert clair, cela est dû au cuivre et à l'arsenic présents dans ses eaux. Les contrastes entre le lac, le volcan et le bleu azur du ciel sont incroyables.

Laguna Verde


Le midi, nous profitons des sources d'eaux chaudes (37°C) pour prendre un bon bain revigorant !



Un peu plus loin, des geysers crachent leurs vapeurs soufrées dans un bruit impressionnant.






Quelques heures de piste plus tard, nouvelle pause à la Laguna Colorada. Le lac est le plus grand du sud Lipez mais également le moins profond, 50 cm au maximum. Il doit sa couleur rouge aux algues qui prolifèrent et font la joie de centaines flamands roses.

Laguna colorada
Malheureusement, ces derniers sont partis se mettre au chaud plus au nord et nous ne verrons que des oeufs abandonnés et des cadavres de jeunes flamands sur les rives du lacs. L'ambiance n'en ait que plus étrange. Le vent est fort, le froid une fois de plus mordant.


Nous passons la nuit dans le village de Villa Mar. Nous nous demandons comment les gens qui nous accueillent peuvent vivre dans ces endroits si isolés et inhospitaliés, loin de tout le confort moderne. 

Départ du troisième jour en direction des formations rocheuses appelées Italia Perdida, en raison de touristes Italiens qui s'y sont égarés. De curieuses formes se découpent comme le camelio (chameau), la copa del mundo et le picaflore (colibri).

Italia Perdida
Un peu plus loin, Alan nous accompagne dans un cadre assez fabuleux. 
Nous sommes entourés de roches rouges bordant une épaisse pelouse parcourue de nombreux petits ruisseaux pour la plupart gelés. Après une vingtaine de minutes de marche, nous arrivons à un nouveau lac, noir cette fois (du fait des algues).



Dans cette laguna Negra, des oiseaux sont emprisonnés par le gel, Alan nous explique que cela ne leur pose pas de problème, que le lac dégèle vers midi et qu'ils en profitent pour aller se nourrir... étrange nature.

Laguna Negra

Au-dessus de nos têtes, des chinchillas curieux nous observent.

Chinchillas
Le soir, une surprise nous attend en rentrant dans notre auberge à Chuvica. Tout est construit en sel, le sol, les murs, les tables, les sièges et les lits ! Le grand Salar d'Uyuni n'est plus très loin.

Hotel de sel
Après une nuit toujours aussi froide, nous partons un peu en catastrophe (le réveil n'ayant pas sonné) pour admirer le lever de soleil sur le Salar. Alan met le turbo pour arriver à temps sur l'Ile Incahuasi afin de pouvoir prendre un peu de hauteur. La route dans le Salar est plus facile car le terrain est parfaitement plat et le chemin se fait toutes lumières éteintes, Alan naviguant uniquement en fonction des ombres qui se découpent sur l'horizon. Nous arrivons sur l'île à temps, il ne reste plus qu'à grimper rapidement au sommet.

Lever de soleil sur le Salar d'Uyuni
La nuit ayant été courte, la montée étant raide et le Salar se situant à 3 600 mètres d'altitude, nous arrivons finalement au sommet avant le lever du soleil mais les poumons en feu... Le spectacle est tout simplement fabuleux, pour un peu, on en pleurerait tellement s'est beau. Le Salar étant entièrement plat (c'est un ancien lac), mesurant 1,2 millions de km², le panorama est à 360°, seuls quelques îles et volcans se détachent. Nous retrouvons sur cet îlot de végétation isolé dans le désert de sel, les cactus cardones qui ne poussent que d'un centimètre par an. Ceux qui font 4 mètres ont donc... 400 ans !




Une fois le petit déjeuner pris au pied de l'île, nous parcourons le Salar afin de s'isoler pour prendre des photos "locos" (folles) comme le dit Alan. Le désert étant parfaitement plat et blanc, il est facile de jouer avec les perspectives et de laisser aller son imagination pour prendre des photos étonnantes !



Si le désert est plat, le sol n'est toute fois pas uniforme. D'étranges hexagones de sel d'environ 1 m² jonchent le sol. Ils sont tous à peu près de la même taille mais cependant, aucun n'a la même forme. Nous pouvons les observer jusqu'à l'infini, le désert semble sans fin. Les couches de sels se succèdent sous nos pieds et atteignent environ 120 mètres d'épaisseur.


Avant de quitter le Salar et de terminer cet incroyable circuit à Uyuni, Alan nous montre de nombreux monticules de sel réalisés par les travailleurs du Salar afin de le faire sécher. Celui-ci est ensuite mis dans des fours pour enlever le reste d'humidité, puis enrichi en iode, mis en sac et vendu pour la consommation. Le Salar cache cependant une autre richesse. Sous le sel se trouve les plus importantes réserves de lithium au monde, minéral utilisé notamment dans les batteries (portables, ordinateurs, voitures...). Pour le moment, l'exploitation n'a pas encore commencée et n'est pour le moment qu'au stade des recherches mais pour combien de temps ?


Un immense monument pompeux célèbre le passage du Dakar à Uyuni, les boliviens sont très fiers que la course soit passée par-là. Nous avons un peu de mal à comprendre en quoi le passage en trombe de centaines de véhicules dans cet endroit splendide, désert et où la nature est incroyable constitue un acte formidable mais bon... 

Arrivé à Uyuni autour de midi, nous prenons un dernier déjeuner avec nos 3 compagnons de voyage. 
Le repas terminé et les sacs récupérés, nous avons à peine le temps de faire nos adieux avant de monter dans un bus en direction de la mythique ville de Potosi.


Ces 4 jours seront sans aucun doute pour toujours dans nos mémoires, ce fut une expérience sidérante, d'autant plus qu'Alan à régulièrement réussi à nous éviter les foules en passant sur les sites très courus à des heures plus calmes.

Album photo par ici