vendredi 26 septembre 2014

Santiago & Valpo

Et bien nous voilà arrivés au Chili, dernier pays que traversons pour la partie Amérique du Sud mais de façon assez brève malheureusement (hé oui, il a fallu faire des choix !).

Nous sommes donc à Santiago, la capitale. La réservation que l'on avait faite n'a pas fonctionné, donc nous sommes obligés de trouver un hébergement en dernière minute. Après nous être adressés à plusieurs établissements dont les prix nous font fuir, nous finissons par nous rabattre sur une pension de famille basée dans une vieille maison typique de Santiago et recommandée dans le Lonely Planet, et mal nous en a pris. Le prix de l'hébergement est un peu plus abordable qu'ailleurs, mais alors la chambre est dans un état... peinture qui s'écaille partout, champignons qui poussent au plafond (on croyait que c'était une plante au départ), pomme de douche verte d'érosion... bref un vrai petit palace ! ;-p Les seuls points qui nous font rester sont : que nous nous sommes déjà adressés à 3 ou 4 adresses sans succès, nous avons beaucoup marché pour arriver jusque là avec nos sacs qui pèsent de plus en plus lourd au fil du voyage, il commence à être un peu tard et finalement la literie est propre et pas trop mauvaise. Heureusement, cela ne nous est pas arrivés souvent de tomber sur des taudis comme ça (surtout à ce prix-là). Mais nous décidons tout de même de fuir à Valparaiso dès le lendemain. 

Mais avant ça, nous ne nous laissons pas abattre en nous régalant d'un superbe plateau de sushis pour le dîner.

Et puis le lendemain matin, nous avons pour mission de trouver une tente qui sera notre chambre pour les 2 prochains mois. En effet, au vue des prix des hébergements en Polynésie et Nouvelle-Calédonie (au minimum 80€ la nuit) nous avons fait le choix de camper au soleil pour ces 2 destinations. Et la mission s'avère plutôt efficace car contrairement à l'Equateur, il y a de vrais centres commerciaux ici avec de bons produits, notamment pour la montagne. :-)

Donc nous voilà repartis avec tente et matelas sous le bras et énormes sacs sur le dos direction Valparaiso.

Situé à seulement deux petites heures de bus de Santiago, il s'agit de l'un des principaux ports du Chili et de sa capitale culturelle. Même s'il s'agit d'une grande ville, elle est loin de manquer de caractère et possède au contraire beaucoup de charme. Bâtie à travers 42 cerros (collines escarpées) qui donnent sur la mer, chaque cerro forme comme un village dans la ville avec souvent des escaliers pour les traverser.


De plus, c'est une ville toute en couleurs via les façades des maisons ou encore via les nombreux graffitis que l'on trouve un peu partout dans les rues. Il y a de véritables artistes ici !




De nombreuses maisons sont anciennes et beaucoup sont faites de tôles et tout en hauteur et même si certaines sont dans un état de délabrement avancé, on se croirait plus proches du décor de cinéma plutôt que dans une ville en décrépitude.



Coté hébergement, nous sommes cette fois-ci dans une auberge pleine de charme sur les hauteurs de la ville avec une superbe vue sur la baie et les collines.



Pour notre premier jour, un couple de Chiliens charmants, qui loge au même endroit que nous, nous propose de nous emmener faire un tour en voiture à travers la ville. Nous nous laissons donc guider. Notre chauffeur et sa co-pilote ayant quelques difficultés à se repérer sur la carte, nous nous égarons au hasard des rues, ce qui nous permet de nous imprégner de la ville. En revanche beaucoup de lieux sont fermés aujourd'hui car se sont les "Fiestas Patrias" (Fête nationale) et celles-ci durent 3 jours comme au Pérou. [Cf. article sur Lima]

Le midi nous décidons d'aller déjeuner dans un petit bistrot recommandé par Lucas, le responsable de notre auberge et qui constitue une institution à Valparaiso. Situé dans une ruelle très étroite qui donne sur une artère de la ville. Ici le menu est unique : la chorrillana, un plat très riche composé de frites, d'oignons revenus avec des oeufs et de viande grillée.

Pour digérer tout ça nous décidons de remonter à pied cette fois au Cerro Panteon, où se trouve le cimetière où sont enterrés des personnages qui ont influencé Valparaiso. Cela nous rappelle beaucoup les parties les plus anciennes du Père-Lachaise à Paris et le panorama est très agréable. 

Nous décidons ensuite de poursuivre jusqu'au cerro voisin, le Cerro Carcel (prison). Oui ça n'a pas l'air très gai comme ça, mais la prison a fermé ses portes en 1999 et depuis ils en ont fait un grand parc ouvert, où les gens profitent ce jour-là que se soit férié pour venir faire du cerf-volant avec leurs enfants. L'endroit a donc revêtis de sérieux airs de liberté. De plus, un centre culturel a été bâti à l'intérieur du parc et deux expositions temporaires sont quand même accessibles en ce jour férié. L'une d'elle nous a particulièrement plu, il s'agit de l'oeuvre d'un photographe qui a réalisé une série de clichés d'objets personnels ayant appartenu à des victimes de la dictature portées disparues (lunettes, lettres à leur famille, une veste en jean...). Puis une autre série où un membre de leur famille (femme, enfant, parent, frère/soeur) tient cet objet dans les mains. Les photos sont à la fois simple et en même temps pleine d'émotions.

Nous poursuivons notre ascension jusqu'au Cerro Bellavista, où nous étions passés rapidement ce matin afin de découvrir le Musée à ciel ouvert. Afin de prendre le chemin le plus court, nous empruntons une petite rue où nous demandons à un monsieur si au bout de cette rue il y a un escalier pour remonter jusqu'où l'on souhaite, mais ce dernier nous conseille de prendre la rue d'à coté. Valparaiso a mauvaise réputation en matière de sécurité et certains quartiers sont plutôt à éviter, particulièrement la nuit. Cependant, pour notre part, à aucun moment nous ne nous sommes sentis en insécurité. Après il est vrai que nous prenons certaines précautions de base, comme éviter de nous balader avec notre appareil photo autour du cou dans les grandes villes et des objets clinquants.

Nous en rediscutons avec Lucas et Nina, les propriétaires de l'auberge, qui nous confirme que la ville n'est absolument pas un coupe-gorge, mais qu'il y a 2-3 quartiers à éviter dans les hauteurs, dont certains sont assez éloignés du centre (donc où nous ne mettons pas les pieds). Il nous dit que ceux-ci ne sont pas extrêmement dangereux, mais que si l'occasion se présente parfois certaines personnes commettent des petits larcins sur les touristes (sac-à-dos laissé sans surveillance, appareil photo bien en évidence...).

Donc nous faisons un grand détour pour redescendre ensuite au cerro visé. Malheureusement, nous ne parvenons pas bien à identifier le Musée à ciel ouvert, mais la balade est quand même chouette et nous permet de découvrir un peu plus la ville. Nous décidons de redescendre jusqu'au quartier d'El Plan situé en bas de la ville près du port, c'est la seule partie de la ville plate, d'où son nom, afin de se prendre un petit rafraîchissement après toutes ces montées et descentes. Puis, nous allons dîner dans un autre restaurant recommandé par Lucas, cette fois pour ses fruits de mer et le poisson. Nous profitons d'être au Chili pour enfin reboire du vin et du vrai ! :-) (car ça ne va pas durer longtemps et nous savons d'avance qu'il sera difficile d'en trouver par la suite, surtout à prix abordables).

Le lendemain, nous décidons de nous rendre au port de pêche et son marché. Des pélicans sont amassés entre les étales, les bateaux de pêcheurs et les camionnettes réfrigérées. Et quand vient l'heure où les mareyeurs jettent les déchets de poissons, ils se ruent dessus et dans la foulée, les énormes lions de mer qui se prélassaient sur la plage débarquent, faisant du coup déguerpir tout ce petit monde à coups de grognements, voir même de dents. Nous sommes tout à coup contents qu'il y ait une barrière qui nous sépare de la plage, vu les monstres que ce sont. Nous sommes bien loin des gentils petits lions de mer qui venaient nager avec nous et frimaient devant la caméra aux Galapagos. Là, nous avons la version mastodonte de près de 500 kg et qui se déplace, y compris à terre, à une vitesse folle.






Après avoir observer ce balai, nous dégustons un ceviche (poisson frais mariné au citron avec oignons et coriandre), suivi de délicieux empanadas (après avoir eu quelques mois pour comparer, ceux d'Argentine et du Chili sont sans conteste les meilleurs !).


L'après-midi, nous choisissons d'aller admirer une autre attraction de la ville, les ascenseurs ! Il y a 19 au total dans toute la ville qui permettent de monter au sommet des cerros. Malheureusement, beaucoup d'entre eux ne sont plus en service, là encore la privatisation est passée par là. Nous cherchions notre chemin pour en trouver un, quand nous croisons un jeune de notre âge qui nous explique que la ville les a tous revendus à une entreprise privée qui n'a maintenu en état de fonctionnement que les plus rentables, c'est-à-dire ceux du quartier touristique. Pourtant ceux-ci avaient l'air tellement pratiques et contribuent vraiment au charme de la ville. Ils sont donc réduits pour la plupart à de simples objets décoratifs (alors que pendant ce temps-là à La Paz certains ont fait construire un téléphérique qui relie le quartier le plus populaire au centre-ville avec un ticket à un prix dérisoire afin de délester le trafic et réduire la pollution).





Pour finir l'après-midi, nous retournons jusqu'au Musée à ciel ouvert, cette fois-ci munis d'une carte indiquant où trouver les oeuvres, des peintures situées sur certains murs du Cerro Bellavista. Réalisé en 1991, certaines peintures sont défraîchies et d'autres ont même été recouvertes de tags. Finalement, le Musée à ciel ouvert se trouve dans toute la ville où il y a de très beaux graffitis avec un vrai style valparaisien.





Pour notre dernier jour, nous décidons d'aller enfin explorer le quartier touristique (oui quand même !), car nous tenons absolument à pouvoir enfin emprunter l'un des mythiques ascenseur. Après avoir mis nos sacs en consigne à la gare routière, nous montons visiter la Sebastiana, la maison de Pablo Neruda, le célèbre poète chilien. La maison est très originale et avec le beau temps, beaucoup de gens font la queue pour la visiter. C'est une maison tout en hauteur répartie sur 4 étages avec plein d'objets hétéroclites (un cheval de bois venant d'un carrousel parisien, une cheminée dans un style très moderne réalisée par un architecte, un fauteuil en cuir qui a suivi Neruda à l'ambassade du Chili à Paris et qui est revenu avec lui ensuite à Valparaiso, un bar, un planisphère, l'une de ses premières machines à écrire, la coiffeuse de sa femme...). L'endroit est vraiment agréable et jouis d'une très belle vue sur la mer. En revanche cela manque un peu d'explications sur la vie de l'auteur, en dehors de 4 panneaux assez décousus au rez-de-chaussée.
La Sebastiana
Portrait de Pablo Neruda
Nous déjeunons dans une autre institution de la ville, un bistrot typique de Valparaiso, où nous profitons du bord de mer pour manger du poisson.
Puis, nous suivons un parcours conseillé qui est fort agréable et qui emprunte plusieurs ascenseurs. :-) Là aussi nous avons à nouveau l'occasion de passer devant moultes maisons colorées et jolis graffitis.

Puis vient le temps de rentrer à Santiago, où nous n'avons plus qu'une journée devant nous pour visiter la ville.

Cette fois-ci nous avons décidé d'opter pour une auberge très récente, où nous avons veillé à vérifier les commentaires des internautes sur cet établissement avant de réserver. Et nous ne sommes absolument pas déçus ! Le gérant nous conseille un très bon restaurant pour manger de la viande rouge (oui, ça aussi on en profite car c'est aussi la dernière occasion avant un bon moment). L'endroit propose également un spectacle en fin de repas de chants et danses traditionnels qui font rapidement fuir Sylvain. Mais de retour à l'auberge, nous sommes sommés de nous asseoir prendre un verre avec le gérant, les voyageurs qui sont là et des habitués qui vivent ici. Ils nous font goûter au terremoto (tremblement de terre), un cocktail à base d'alcool de pipeño (raisin), de sorbet à l'ananas et de grenadine. Ça se boit comme du petit lait, mais le lendemain matin on comprend mieux son nom (aie, aie la tête !). Nous passons une très bonne soirée à discuter, à échanger sur le voyage, le Chili...

Le lendemain, sous les conseils du gérant de la veille, nous décidons de visiter le Musée de la Mémoire, qui retrace la période de la dictature au Chili. Avant d'entrer au musée, sur la place se trouve une exposition temporaire d'affiches de mouvements de soutien étrangers qui dénoncent la dictature.



Le musée est vraiment très bien fait et vraiment très intéressant, avec beaucoup de vidéos d'archives, notamment celle qui retrace la matinée du 11 septembre 1973, jour du coup d'Etat, où l'on voit le palais présidentiel, la Moneda, bombardé et les journalistes qui commentent en direct depuis l'hôtel situé sur le coté de la place. Un autre documentaire diffuse le dernier discours du président Salvador Allende, retransmis depuis la Moneda sur la seule station radio qui n'est pas tombée aux mains de la junte militaire. Il s'agit vraiment d'un très beau discours et prononcé avec beaucoup de sérénité, par un homme qui sait qu'il va mourir et refuse malgré tout d'abandonner son pays. Puis l'on découvre les 17 ans d'horreur pour les civils sous un régime extrêmement répressif : des témoignages de victimes de la torture, les assauts donnés contre les manifestants à coups de matraque et jets d'eau puissants, les gens qui meurent de faim dans les campagnes faute de travail, des dessins d'enfants qui datent de l'époque et qui expriment leurs plus grandes peurs (la 1ère : "la mort", la 2ème : "que mon papa ne rentre pas du travail"...), le mur avec plus d'un millier de portraits de disparus... Tout ce que l'on découvre est extrêmement poignant. La visite s'achève sur des documents sur le référendum qui a mis fin à la dictature, où les gens devaient se prononcer en faveur ou pas de Pinochet à la tête du gouvernement pour encore 8 ans. Parmi ces documents, il y a notamment les campagnes publicitaires qui font la promotion du oui et du non. Cela nous rappelle un super film que nous avions vu avant de partir, "NO" de Pablo Larrain (on vous le recommande si vous n'avez pas eu l'occasion de le voir).

Après cette visite secouante, nous décidons d'aller faire un tour dans le centre, où se situe notamment la Moneda et à coté d'elle, une statue de Salvador Allende où quelques oeillets rouges ont été déposés à l'occasion du 11 septembre.




Le soir nous dînons à l'auberge et finissons la soirée avec quelques uns de nos compagnons de la veille autour d'un verre (ou deux).

Santiago est peut-être finalement la capitale que nous avons préférée en Amérique du Sud, nous en avons seulement eu un bref aperçu, mais la ville parait très agréable à vivre, nous avons trouvé les gens très aimables et accueillants (une dame nous souhaite la bienvenue dans la rue et un jeune depuis sa fenêtre ;-). Il est très facile d'entamer la discussion. Ces qualificatifs peuvent s'appliquer évidemment aux autres habitants des pays que nous avons traversés, mais pour une capitale nous avons trouvé Santiago plus chaleureuse que d'autres (Quito, Lima ou encore La Paz). De plus, il est vraiment très facile de s'y déplacer grâce au métro, qui, contrairement à chez nous, est vraiment très propre en sus.

Le lendemain matin, nous nous levons aux aurores pour prendre notre vol pour l'Ile de Pâques, notre dernière destination en Amérique du sud avec un sentiment mélangé de hâte et un peu de nostalgie à la fois...

A très vite au milieu des Moais !

Album photo par ici

2 commentaires:

  1. Bizarre que les mamans n'aient pas encore laissé de commentaires...

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    Réponses
    1. Les mamans attendent les photos, bien sur !!!
      Elles sont très fières de leurs voyageurs autour du monde. bises à eux et clin d’œil à l'anonyme moqueur !
      Annie

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